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Un coach pour aider les éleveurs à diminuer l’emploi d’antibiotiques

Une nouvelle législation concernant la prévention et la lutte contre la résistance antimicrobienne chez les animaux est entrée en vigueur. D’application pour les porcs, les poulets de chair, les poules pondeuses et les veaux de boucherie, elle implique plusieurs changements. C’est notamment le cas de la désignation d’un coach pour certains élevages ayant un « statut antibiotique d’exploitation » problématique.

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L’utilisation d’antibiotiques au sein de chaque élevage fait depuis longtemps l’objet d’un rapportage individuel pour les porcs, les poulets de chair, les poules pondeuses et les veaux de boucherie par le biais des rapports de benchmarking. Mais les ceux réalisés depuis mars 2025 mentionnent une nouvelle information. Il s’agit du « statut antibiotique d’exploitation » (ou statut AB d’exploitation en abrégé), attribué pour la première fois aux élevages. Ce statut peut être vert, jaune ou rouge en fonction des résultats de la ferme en 2024 et peut entraîner l’obligation de prendre des mesures correctrices.

Ainsi, lorsque toutes les catégories animales ont un résultat vert, cela signifie que tout est en ordre, rien de particulier ne doit être effectué.

Quant au statut AB jaune, il est octroyé si le résultat de benchmarking d’une des catégories d’une espèce animale concernée est de cette couleur. Enfin, le statut AB est rouge si le résultat de benchmarking d’une des catégories d’une espèce animale concernée est rouge. Dans ces cas, la nouvelle législation exige que le vétérinaire d’exploitation élabore, en concertation avec l’éleveur, un plan sanitaire pour l’élevage dans les six mois suivant l’octroi de ces statuts, et ce afin de corriger la situation de la ferme. Son premier volet, un rapport écrit et daté intitulé « Évaluation de la santé de l’exploitation », évalue, par exemple, la qualité des aliments et de l’eau, le logement, la biosécurité, la politique d’achat, l’hygiène et la désinfection, la vaccination… et sert de base à l’ajustement nécessaire. Outre l’état des lieux de la situation existante en matière de prévention des maladies dans l’exploitation, de nouvelles actions doivent être planifiées et inscrites dans un second volet : le « Plan d’action ».

Un accompagnement de 24 mois minimum

À présent, le statut AB rouge pendant trois années consécutives pour la même catégorie animale implique que l’éleveur ait besoin d’un coach. Par exemple, cela peut être le cas d’une ferme de porcs ayant plusieurs catégories animales, dont des porcelets sevrés qui ont un résultat rouge depuis ce laps de temps.

Un coach AR (« Antibiotic Reduction-coach ») agréé devra, dès lors, être désigné en concertation avec le vétérinaire d’exploitation dans les deux mois de mise à disposition du rapport.

L’objectif de cette mesure est de soutenir l’éleveur dans son effort de diminution d’utilisation des antibiotiques, au cours d’un accompagnement qui durera 24 mois minimum.

Un statut attribué une fois par an, avec des rapports intermédiaires

Rappelons que le statut AB est attribué une fois par an sur la base des résultats de toute l’année calendrier écoulée. Il l’a été pour la première fois dans le rapport Sanitel-Med envoyé au cours du premier semestre de 2025. Notons que si un statut AB d’exploitation rouge est mentionné dans le rapport de 2025 et que le rapport de 2024 (portant sur l’année 2023) et celui de 2023 (portant sur l’année 2022) montrent un ce même type de résultat pour la même catégorie animale, il est obligatoire d’engager un coach AR.

Enfin, les rapports intermédiaires reçus au cours d’une année ne mentionnent pas de statut AB d’exploitation. Néanmoins, ils aident les éleveurs et leur vétérinaire à suivre l’utilisation d’antibiotiques sur des périodes plus courtes.

Faire preuve d’impartialité

Le coach AR est un vétérinaire dont l’impartialité doit être garantie : il ne doit avoir aucun lien professionnel ou commercial avec l’éleveur ou le vétérinaire de la ferme au moment de sa nomination, et ce jusqu’à six mois après la fin du contrat. Un exemple de lien professionnel est un contrat de surveillance épidémiologique. Dans le même esprit, un vétérinaire, même s’il a un agrément de coach AR, ne peut pas être coach de l’exploitation dont il est le vétérinaire. Il ne peut également pas conclure de contrat de surveillance épidémiologique avec le site qu’il a suivi pendant les 12 mois suivant la fin du coaching.

Un contrat de 24 mois est conclu entre le coach et l’éleveur, et ses services sont facturés à l’éleveur. Pour obtenir la liste de ces professionnels agréés, rendez-vous sur le site du Service public fédéral santé publique, sécurité de la chaîne alimentaire et environnement.

Et pour les éleveurs de porcs BePork ?

Les éleveurs de porcs, affiliés au système de qualité BePork, répondent déjà à la nouvelle obligation légale d’élaboration d’un plan sanitaire de l’élevage. Ces exploitations établissent, en effet, chaque année depuis 2021 ce plan qui suit les exigences légales.

Par ailleurs, les élevages BePork qui possèdent une utilisation élevée et de longue durée d’antibiotiques (les utilisateurs dits « en zone d’alarme ») doivent prendre des mesures complémentaires cumulatives. Dès qu’une ferme est dans cette situation, elle reçoit un code d’action qui s’échelonne de A1 à A7. À chaque code sont associées des mesures, et celles qui reçoivent le A3 sont obligées, en raison du système de qualité auquel elles adhèrent, de recourir à un coach. Belpork en a ainsi établi une liste, à consulter sur son site web, parmi lesquels les agriculteurs peuvent choisir.

Les éleveurs qui ont déjà un coach peuvent continuer à travailler avec lui s’il répond aux exigences, et si la date de début du trajet peut être reprise, même si elle antérieure à l’entrée en vigueur de la législation.

Retrouvez le dossier complet dans Le Sillon Belge de ce 21 août, à lire en papier ou en version numérique.

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