Courrier de lecteur: le meilleur pour bébé
À seize ou quarante-cinq ans, attendre un bébé représente toute une aventure pour les futures mamans ! Le petit être innocent qui grandit en elles mérite tous les égards, et surtout le meilleur, pour lui donner un maximum de chances pour la vie qui l’attend au-dehors.

À seize ou quarante-cinq ans, attendre un bébé représente toute une aventure pour les futures mamans ! Le petit être innocent qui grandit en elles mérite tous les égards, et surtout le meilleur, pour lui donner un maximum de chances pour la vie qui l’attend au-dehors. Les dames enceintes sont aujourd’hui suivies par des gynécologues, des sages-femmes, des psychologues, des employées de l’administration, sans oublier des nutritionnistes ! Une future maman nous a raconté son parcours du cœur battant : ses rencontres, ses entretiens, ses questionnements. Ces gens qui l’entourent ont en commun une obsession, et elle est de taille ! Tous autant qu’ils sont, ils posent cette question : « Mangez-vous bio ? », et psalmodient cet acte de foi : « C’est mieux, pour le bébé ! Un fœtus est très sensible aux substances biocides employées en agriculture conventionnelle, et risque de développer des malformations. ».
Voilà, c’est dit ! Je vous répète mot pour mot ce que cette jeune maman nous a raconté. Ses parents sont agriculteurs, et depuis toute petite, elle consomme des produits de la ferme : du lait de leurs vaches, de la viande et des œufs du petit poulailler, des pommes de terre d’un bout de terrain appelé le « courtil d’â tchamp », des légumes de leur potager. Dans sa tête, elle ne mange que des aliments très sains, non certifiés bio mais issus d’une agriculture raisonnée. Cependant, elle gamberge…
« Dis Papa, tu as pulvérisé quoi au printemps, sur la parcelle de cet escourgeon donné à la volaille ? Et sur les patates ? Tu crois qu’il ne rentre pas dans les tubercules, ce fongicide contre le mildiou ? T’y vas pas un peu fort ? Montre un peu voir, s’il te plaît, la composition du concentré de commerce, celui que vous donnez dans la salle de traite aux vaches ? Et celui que vous ajoutez pour les poules, « pour qu’elles pondent bien », dit Maman ? Je lis sur l’étiquette, écrit en tout petit : « soja génétiquement modifié ». Il ne vient pas d’Argentine ou du Brésil, tout de même ? Ce serait l’horreur ! Oh mon dieu, je parie que oui ! »
Sa nutritionniste, dont le mari est docteur en biologie (une source fiable), lui a raconté des choses horribles à propos du soja ogm sud-américain. Les immenses champs argentins et brésiliens sont littéralement arrosés de glyphosate, et de pesticides interdits en Europe, vendus sans complexe par des firmes européennes. Ils pulvérisent jusqu’à six fois les doses utiles ! Les éleveurs de porcs allemands évitent de soigner leurs truies gestantes avec ce soja, car certains lots sont tératogènes. Ce risque a été objectivé, selon ce biologiste, par une prévalence significativement élevée des cas de spina bifida parmi les porcelets. Le problème ne se présente pas avec du soja européen. Ces mêmes éleveurs, imités par ceux de chez nous, utilisent ces ogm imprégnés de glyphosate pour nourrir les porcs à l’engraissement, car ceux-ci ne participent pas à la reproduction. Ce soja rentre également dans la composition de beaucoup d’aliments pour la volaille et le bétail.
La jeune maman deviendrait folle, si son bébé venait à souffrir de malformations causées par ce qu’elle a mangé ! « Madame Poule donne de la luzerne et des pois à ses chèvres ; jamais de soja. Elle m’a expliqué, un jour, que sa ferme est trop petite pour demander la certification bio, laquelle coûte un pont, et n’est rentable qu’à partir d’un certain nombre d’hectares. Impossible de s’agrandir : on lui rit au nez quand elle se présente à la banque pour demander un emprunt… ».
Depuis qu’elle est enceinte, la jeune dame bat la campagne pour trouver du bio accessible financièrement, car ses revenus sont limités. Elle cherche également des aliments issus de fermes « safe » qui utilisent un minimum de chimie, et surtout pas de pesticides. « Elle est devenue vraiment ch(…)te ! », déplore sa famille. Sa grand-mère de 82 ans l’a tancée d’importance : « De notre temps, on faisait moins de simagrées. Les femmes qui attendaient famille se cachaient et ne le claironnaient pas partout comme tu le fais. On n’exhibait pas notre gros ventre sous le nez des gens pour faire son intéressante. On mangeait de tout comme tout le monde, sans faire sa maligne, sans râler devant les hommes qui fumaient devant nous. On n’aurait pas osé ! On buvait un petit verre comme tout le monde lors des fêtes, et on se taisait. »
Ambiance…
Notre jeune future maman nous a montré une application sur son smartphone. Chaque semaine, elle reçoit une nouvelle notification ; c’est magique ! « Bébé a la taille d’un grain de blé », puis : « Bébé a la taille d’un petit pois », puis d’une cerise, d’un kiwi, d’un citron, d’une mangue… Divers conseils sont notifiés, au sujet par exemple des médicaments les plus courants, jamais inoffensifs. Puis cette défiance absolue envers les produits phytosanitaires revient à l’assaut de nos certitudes : ces molécules potentiellement délétères susceptibles d’être présentes dans les aliments.
Sont inscrites également noir sur blanc des mises en garde contre ces milliers de molécules qui se baladent incognito dans notre environnement. Ainsi, il faut éviter absolument les habits de la fast-fashion, ces « made in India, China… » issus de ces pays asiatiques où rien n’est contrôlé. Il faut laver minimum deux fois un vêtement neuf avant de le porter. De même, les meubles neufs polluent l’atmosphère d’une chambre de vie pendant six semaines au moins après montage et installation. Les cosmétiques (déodorants, savons, lotions…), les émanations de la circulation routière, les milliards de microbes véhiculés par les uns et les autres… doivent susciter la plus grande prudence. Bien lire les notices avant utilisation !!
Déterminée et sage future petite maman ! Zéro alcool, zéro tabac. Elle s’abstient également de manger des aliments crus : légumes, produits laitiers, œufs, viande…, aussi bio ou sains soient-ils. On comprend pourquoi les dames enceintes d’aujourd’hui ont grand besoin d’un ou d’une psychologue pour gérer la charge mentale de toutes ces mises en garde… Mais que ne feraient-elles pas pour offrir le meilleur à leur bébé !