Complexe simplification

Moins de tâches administratives, moins d’encodages, moins de paperasse… Plus de temps au champ ou à l’étable, là où se vit réellement le métier d’agriculteur ou d’éleveur. Cette revendication n’a rien de nouveau ; elle est défendue avec conviction par l’ensemble de la communauté agricole depuis de nombreuses années déjà. Et pourtant…
Aux multiples plateformes en ligne et autres formulaires qu’il convient tantôt de consulter, tantôt de compléter, viennent s’ajouter deux nouvelles couches, une fois encore saupoudrées d’informatique. Toutes deux avec la même échéance : le 1er janvier 2026.
À cette date, tous les utilisateurs professionnels de produits phytopharmaceutiques devront obligatoirement enregistrer leurs traitements phytosanitaires au format électronique, à défaut du papier. L’utilisateur conserve toutefois la possibilité de choisir le logiciel utilisé, et peut même opter pour un format Word ou Excel, plus facile à maîtriser.
Le passage à l’an neuf sera également marqué par l’obligation d’adopter la facturation électronique. Et là, c’est une autre histoire… Vous recevez ou envoyez des factures par mail, au format pdf ? Cela ne sera plus suffisant ! Il sera, en effet, nécessaire de passer par un logiciel comptable en mesure, d’une part, de lire et, d’autre part, de générer des factures électroniques dites structurées.
Est-ce réellement cela qu’attendait le secteur agricole ? Alors que la saison automnale est déjà dense en travaux – arrachage des pommes de terre et des betteraves, semis des céréales, mises à l’étable des troupeaux, vêlages… –, voilà qu’il faudra s’investir dans un nouveau projet. Et ce, tant financièrement que temporellement. Financièrement, car tout logiciel comptable requiert un achat ou le payement d’un abonnement, qu’il soit mensuel ou annuel. Temporellement, car il faudra consulter son comptable pour faire le choix le plus pertinent possible, mais aussi prendre le temps nécessaire pour maîtriser ledit logiciel.
En cas de difficultés numériques, que faire ? Il sera possible de déléguer à un membre de la famille ou à un comptable. Là aussi, cela ne se fera pas sans perte de temps. Et requiert une confiance sans faille…
D’une simplification demandée et promise, on entre finalement dans une ère digitale complexe pour les uns, chronophage pour les autres, voire non désirée pour certains. C’est donc une nouvelle charge qui s’annonce, éloignant encore un peu plus les agriculteurs de leur métier.
Ne nous trompons pas : éleveurs et cultivateurs ne sont pas contre les évolutions, mais attendent que celles-ci facilitent leur quotidien au lieu de l’alourdir. À bon entendeur…