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Agriculteurs, nos super-héros sans cape

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À Battice, ce n’est ni un défilé de masques ni un championnat de super-pouvoirs qui nous attend, mais une célébration humble et collective : celle de l’homme et de la femme qui nourrissent nos tables, façonnent nos paysages et tissent le lien ténu entre tradition et avenir. La 35ᵉ édition de la Foire, les 6 et 7 septembre, invite le public à poser une question simple mais essentielle aux agriculteurs : « En quoi êtes-vous des super-héros ? » Une occasion de lever le voile sur une réalité discrète, faite de gestes précis, traire une chèvre, parer une brebis, guider un troupeau, et d’engagement quotidien, invisible mais vital.

Les métiers de la terre ne s’affichent pas. Ils ne s’exhibent pas. Pourtant, ils portent une part du monde. Ils modèlent et irriguent un territoire qui respire. À Battice, cette édition nous rappelle qu’un super-héros ne porte pas forcément une cape : il se lève à l’aube, traverse les saisons, défend les filières locales et transmet un savoir souvent vieux comme le Plateau. Et il le réalise avec une détermination tranquille, faite de passion et de soin. La foire est cette merveilleuse vitrine où l’agriculture ouvre ses portes au grand public : enfants curieux, yeux grands ouverts ; adultes attentifs, désireux de comprendre, dans un dialogue vivant. Les élèves de sixième primaire s’immergent dès le vendredi, fébriles déjà à l’idée de rencontrer « ceux qui nourrissent le monde ». À l’heure où l’information circule surtout à travers les réseaux sociaux et les débats en ligne, souvent caricaturaux ou polarisés, la Foire de Battice rappelle une vérité simple : l’agriculteur est d’abord quelqu’un que l’on rencontre.

À travers l’École des jeunes éleveurs, les concours ovins, les animations ludiques et les dégustations du terroir, la foire donne à voir le métier dans ce qu’il a de plus humain : ses interrogations, ses gestes, ses espoirs. Alors oui, rendons hommage à ces « super-héros sans cape » qui, au-delà du quotidien, incarnent une ruralité vivante, tournée vers demain. Qu’ils cultivent leurs terres, soignent leurs bêtes, défendent la biodiversité, collectent du lait ou s’organisent en circuits courts, ils sont nos gardiens du lien, de l’ancrage, du vivant.

Que Battice nous le dise franchement : le vrai pouvoir, ce n’est ni la force ni la vitesse, c’est la constance, le soin et la capacité à faire sens. Et c’est peut-être ça, finalement, le super-pouvoir le plus puissant des champs. Mais au-delà des stands, des concours et des vitrines, la Foire de Battice est aussi un miroir : elle reflète nos attentes vis-à-vis du monde agricole et la reconnaissance que nous lui devons. Dans un contexte de transitions climatiques, alimentaires et énergétiques, elle rappelle que l’avenir ne se construira pas sans celles et ceux qui travaillent la terre. Leur rôle dépasse le seul champ ou l’étable : ils sont au cœur d’un projet de société, celui d’une alimentation plus juste, plus durable et plus humaine.

Marie-France Vienne

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