La pénurie de fumier met en péril la fertilité des sols
La rentrée parlementaire en Wallonie a été marquée par un débat relatif à la pénurie croissante de fumier pour les cultures. Nicolas Janssen, député libéral, a interpellé la ministre de l’Agriculture, Anne-Catherine Dalcq, sur ce phénomène qui inquiète de plus en plus les agriculteurs.

Chaque année, septembre et le début de l’automne coïncident avec une période d’épandage du fumier sur les terres. Mais dans certaines régions, comme la Hesbaye, les témoignages se multiplient : « Le fumier devient rare », alerte un exploitant.
Une chute du cheptel bovin
En cause : l’érosion continue du cheptel bovin. En dix ans, il a reculé de 20 %, et de 34 % depuis 1990, tombant sous la barre symbolique du million de têtes. Une contraction qui s’ajoute à l’effondrement du nombre d’exploitations, réduites de deux tiers en trois décennies.
Les conséquences sont multiples. D’abord, un déficit d’engrais organiques, qui fragilise la fertilité des sols. Ensuite, une dépendance accrue aux engrais chimiques et minéraux, plus onéreux et énergivores. Enfin, la réaffectation de prairies, précieuses pour le stockage du carbone et la biodiversité, vers des cultures plus émettrices de gaz à effet de serre.
Entre écologie et rentabilité
Pour Mme Dalcq, « la diminution du cheptel est une réalité et une préoccupation majeure pour maintenir notre système agricole et toutes ses vertus ». La ministre dénonce une « attaque en règle contre l’élevage », portée par des campagnes de communication incitant à réduire la consommation de viande. Selon elle, cette évolution fragilise non seulement la fertilité des sols, mais aussi les paysages et la biodiversité wallonne.
Face à cette tendance, le gouvernement wallon envisage deux leviers. D’une part, le prix de la viande, en hausse depuis plusieurs mois, qui redonne une bouffée d’oxygène aux éleveurs après des années de rentabilité en berne. D’autre part, la Pac, dont les mécanismes de primes et de subventions pourraient être orientés vers le maintien du cheptel et la valorisation des apports organiques.
Un enjeu de durabilité