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Les chevaux de trait ardennais brillent sur les routes de Normandie

Les chevaux de trait ardennais ont plus d’un tour dans leur sac. Imposants, mais avec un cœur en or, attelés ou montés, ces équidés possèdent une véritable palette de talents. En ville, dans les vignobles, lors des foires et spectacles, ils réussissent toujours à séduire les connaisseurs comme les non-initiés grâce à leur véritable capital sympathie. Preuve de sa polyvalence, cette année, cette race est montée sur la première marche du podium lors de la Route en Suisse Normande, un événement international qui fait la part belle à ce patrimoine vivant.

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Afin de montrer toutes les qualités de l’Ardennais, quoi de mieux que de le voir en pleine action ? Pour ce faire, nous avons rendez-vous avec Akira, une jument de 6 ans, et Jaco, un hongre de 9 ans. Dans un trot cadencé, ils tirent l’attelage sans aucune once de faiblesse. Flaques, dénivelés, rien ne les arrête. Malgré leur gabarit, ils sillonnent les routes étroites, tournent dans un sens puis dans l’autre avec une souplesse déconcertante. Nous découvrons grâce à eux les campagnes de Hemroulle, une entité de Bastogne, sous un autre jour.

Aux commandes ? Laurent Georges, meneur et propriétaire de ces nobles animaux. Cet endroit, il le connaît comme sa poche… tout comme ses équidés. Guides en main, autrement dit les rênes en attelage, il mène avec précision ses chevaux. Un bel exemple de la complicité qui règne entre eux. Sur le chemin, il se souvient des événements auxquels ce trio a déjà participé. Comme à la Foire de Libramont, où il assurait la navette entre le champ de foire et les parkings.

Toutefois, leur dernier grand rendez-vous reste, sans conteste, la Route en Suisse Normande, un événement international lors duquel de nombreux attelages ont arpenté les chemins de Normandie.

Le routier : une arrivée prévue à la seconde près

Chaque année, depuis 1993, une route est organisée dans différents endroits, en Belgique, en France ou en Suisse. Cette compétition est un moment phare pour les passionnés des chevaux de trait. « C’est le fil rouge de l’année, et il s’agit d’un objectif pour l’équipe. On sait qu’on va pouvoir voir les chevaux travailler, qu’on va s’y amuser, puis il y a une ambiance festive. Ces éléments créent une certaine émulation », confie Laurent, membre de l’Asbl Les Ardennais belges.

Du 18 au 25 août, les 44 équipiers et les 14 chevaux ardennais étaient donc à pied d’œuvre en Normandie. Le concours débute par une visite vétérinaire. Outre la vérification de la bonne santé des animaux, celle-ci a pour but de les placer dans diverses catégories selon la grille taille-poids. Un facteur clé ! Lors de cette compétition, ces passionnés doivent ainsi réussir différentes épreuves, dont le routier, se déroulant sur deux jours et comptant pour la moitié des points. Il s’agit d’une course de relais et de régularité. Tour à tour, les participants ont dû parcourir 13 km et, selon la catégorie des équidés, justement, ils devaient respecter un certain chrono. Un travail de haute précision durant lequel le meneur, qui guide les chevaux et le groom possèdent un rôle crucial. En effet, ils ne peuvent pas reconnaître le parcours à l’avance et reçoivent la carte de l’étape seulement quelques minutes avant le top départ. Le groom doit dès lors l’étudier, faire des repérages, gérer le temps et la distance.

« C’est à la seconde près. Sans compter que les animaux doivent arriver dans un bon état physique puisqu’un contrôle véto après l’étape vérifie leur respiration, leurs pulsations cardiaques ou encore leur état d’hydratation », explique Claudy Lepère, président de l’Asbl, chef et vétérinaire de l’équipe.

Par ailleurs, à la fin de chaque étape, l’équipage doit changer. Comme en Formule 1, il n’y a pas de temps à perdre : cette opération doit se dérouler à vitesse grand V.

Une polyvalence testée lors de différentes épreuves

Si le routier est primordial, pas question de se reposer sur ses lauriers par après. Et oui, d’autres épreuves attendent les participants. Par exemple, Laurent Georges, accompagné d’Akira et de Jaco, a participé à la maniabilité urbaine. L’objectif ? Voir si les bêtes sont aptes à travailler dans une ville avec beaucoup d’agitation. Pendant celle-ci, les chevaux doivent notamment savoir reculer, marquer l’arrêt… « Parfois, à ce moment-là, une personne démarre exprès une tronçonneuse. Si les équidés bougent, ils écopent de points de pénalité », indique Claudy Lepère.

Autres épreuves : le débardage, le labour, la traction, les jeunes meneurs avec des concurrents âgés de 14 à 22 ans, des épreuves montées, ou encore un marathon où ils doivent passer dans des obstacles le plus rapidement possible. Au total, ce sont ainsi huit autres challenges à tenter de réussir haut la main.

Cependant, chaque cheval possède ses qualités et ses défauts. En fonction de ceux-ci, il sera choisi pour participer à telle ou telle manche. « Dans une équipe, il faut les bons meneurs et les bons chevaux à la bonne place. C’est l’art de trouver celui qui sera le plus apte. Il faut également réussir à composer un groupe assez polyvalent », embraye le vétérinaire.

Finalement, au terme de cet événement, cocorico pour notre pays : Les Ardennais belges terminent sur la plus haute marche du podium, ex æquo avec les Bretons. Une belle médaille puisqu’il y avait neuf équipes participantes, mais pas une première pour eux. En effet, l’association avait déjà remporté une victoire normande en 2015. De plus, il s’agissait de leur 27e route. Des événements dont la renommée a contribué à leur mission, à savoir la sauvegarde et la promotion du cheval ardennais.

Le marathon est l’une des épreuves de cet événement. Sensations garanties !
Le marathon est l’une des épreuves de cet événement. Sensations garanties ! - L.D.

Spectacles, foires, balades… la race se décline sous toutes ses formes

Réalisons un petit bond dans le passé… C’est en 1993 que l’équipe se forme. Bruno Pourchet, directeur à l’époque du Haras de Compiègne, constate que les races boulonnaise et trait du nord sont en perte de vitesse, suite notamment à l’avènement du tracteur et à la diminution de la consommation de viande équine. Il souhaite les remettre sur le devant de la scène. Pour ce faire, il lance le défi de participer à la Route du poisson, route historique reliant le port de Boulogne-sur-Mer à Paris. C’était le début d’une longue série… Les routes s’enchaînent pour cette équipe devenue une Asbl. Cependant, afin de mettre cette race à l’honneur, fallait-il encore trouver d’autres manifestations nationales auxquelles participer. C’est pourquoi, à présent, elle montre ses différentes facettes lors de spectacles équestres, de foires, de balades ou encore d’activités caritatives.

« Il est aussi important d’inclure les jeunes générations. C’est pourquoi, dans nos spectacles, il y a de jeunes cavaliers qui montrent qu’ils n’ont pas peur de monter sur des Ardennais », souligne Claudy Lepère, un véritable passionné qui, comme les autres membres de son équipe, contribue plus que jamais à montrer que l’histoire de l’Ardennais n’est pas prête d’écrire son épilogue.

Le meneur et le groom ont chacun un rôle bien défini.
Le meneur et le groom ont chacun un rôle bien défini. - D.T.

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