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Courrier des lecteurs: «Le toubib, le véto et l’agronome…»

L’autre jour, nous étions trois amis autour de la table. Le ministre de la santé, Frank Vandenbroucke venait d’annoncer sa décision de réduire de 80 millions le budget « médicaments » qui se situe à 6,8 milliards  € par an pour la Belgique, soit 1,1 %. Cris d’orfraie du secteur pharma, évidemment, alors que le marché belge serait, selon la presse, le plus couteux d’Europe.

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Du coup, on refait le monde puisque nous défendons tous les trois des organismes vivants, face à une biodiversité parfois mal intentionnée.

J’en profite pour glisser un chiffre que je venais de vérifier : le secteur « phytopharmacie » pour la protection de nos cultures, c’est 250 à 300 millions de chiffre d’affaires selon les années.

Et la médecine vétérinaire ? Intermédiaire : 1,5 milliard avec de moins en moins d’élevage agricole, de plus en plus d’animaux de compagnie qui représentent aujourd’hui plus de 50 % du marché.

Dans tous les cas, un même fil conducteur : « Les médicaments, aussi peu que possible, autant que nécessaire » mais le ressenti « grand public » est tellement différent selon les secteurs.

Quand Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir, son programme prévoyait une séparation des fonctions « ventes ou conseils » en agriculture. Les coopératives et négoces auraient dû choisir : faire soit du conseil, soit de la distribution de produits phytos mais plus les deux en même temps. Par comparaison : faire le médecin ou le pharmacien.

L’idée était de faire baisser la consommation de « pesticides », puisque la distribution est naturellement intéressée à maximaliser son chiffre d’affaires. Finalement, le projet n’a pas abouti.

Il est vrai qu’en médecine humaine, la séparation des fonctions ne tend pas vers une faible consommation de médicaments. Ce n’est donc pas là le nœud du problème.

Côté vétérinaire, la situation est là aussi intermédiaire. 10 % des médicaments seraient vendus par les officines, le reste directement par le praticien prescripteur.

Mais que deviennent ces médicaments ou leurs métabolites, une fois qu’ils ont rempli leur office et que l’organisme les rejette avec les matières fécales ?

Le gros des médicaments doit passer par les stations d’épuration avant d’être renvoyé à la mer. Il apparaît que la matière active la plus présente dans les eaux fluviales serait le paracétamol (Dafalgan). Je comprends mieux pourquoi les poissons ne se plaignent jamais d’avoir mal au dos. Soit ! J’imagine bien que les bactéries des stations ne peuvent pas tout digérer, transformer, neutraliser.

Les produits phytos terminent leur course dans les champs. Contrairement aux idées toutes faites du style « les sols seraient morts, la faute aux agriculteurs », l’activité microbienne est bien réelle. De l’ordre de 6 à 10 tonnes de bactéries, champignons et autres macro et micro-organismes. Sans eux, aucune fertilité naturelle et le carbone s’accumulerait alors qu’on se bat pour qu’il ne se minéralise pas trop vite. Nos champs font de l’épuration sans le savoir.

Pour les produits vétérinaires, c’est de nouveau intermédiaire : les matières fécales d’élevage sont recyclées via l’agriculture. Très Bien ! Par contre, celles des animaux de compagnie sortent du circuit de la traçabilité. On leur demande juste de ne pas salir les trottoirs urbains.

Bref, trois mondes, trois marchés et trois perceptions très différentes d’une réalité plutôt identique : comment soigner les organismes vivants quand ils sont agressés : végétaux, animaux, humains. Et comment s’éliminent les indésirables au terme de leur cycle. On serait bien étonné des ratios à charge de chaque catégorie.

Rien que les chiffres d’affaires laissent songeurs : au royaume de Belgique, les phytos pour les cultures, c’est 1/3 des médicaments pour les animaux de compagnie, 1/25 des médicaments pour les humains. Curieusement, ce sont ceux qui en consomment le plus qui critiquent trop facilement ceux qui en utilisent le moins.

Cela me rappelle une parabole de ma jeunesse. Il était question d’hypocrisie avec la paille que l’on voit dans l’œil du voisin alors que l’on a une poutre dans le sien. Mais que ceci reste entre nous. De toute façon, il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Sauf un miracle !

JMP

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