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Courrier des lecteurs : enrubannons en rose

Pourquoi le rose me demanderez-vous ? Non pas parce que je suis une fille voyons, ce n’est pas fini ce temps où on genre encore cette couleur ? Le rose parce que c’est la couleur choisie par l’association de Think Pink, elle-même qui organise entre autres des campagnes d’information et de sensibilisation qui luttent contre le cancer du sein. Hep, hep, hep ! Restez bien attentifs, y compris vous messieurs, car vous pourriez apprendre des choses à ressortir au repas de famille dominical.

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C’est dernières années et j’ai presque envie de dire que même ces derniers mois, le cancer de manière générale se rapproche de tout le monde. Le cercle qui était autrefois si loin de nous (« T’es pas au courant  ? L’oncle du beau-frère du cousin de ma belle-sœur… il a un cancer  !  ») se resserre à tel point qu’on finit par craindre de nous retrouver nous-même sous les pinces de ce crabe. Pourquoi y a-t-il autant de cancers aujourd’hui ? Ce n’est pas compliqué de faire un CQFD : on se fait dépister plus régulièrement et de plus en plus tôt. Conséquence : le nombre de cas augmente. Dans ce malheur, une certaine chance car grâce aux prises en charge de plus en plus précoces, les statistiques d’une guérison sont vraiment bonnes, la médecine ayant fait des très grands progrès.

La deuxième raison à ce tsunami, c’est sans doute parce qu’il y a quelques décennies, notre santé s’est heurtée à des expositions dangereuses, formant des vagues de plus en plus hautes. Je vous explique. Selon l’hygiéniste Christophe Mercier, on estime que les gens nés dans les années 1920 avaient moins de cinq substances chimiques dans le corps. Fin des années soixante, les enfants naissaient avec en moyenne une vingtaine. Une étude européenne réalisée il y a une dizaine d’années sur tous les enfants de l’Union européenne a démontré que les enfants naissaient aujourd’hui avec plus de 200 substances chimiques dangereuses dans le corps. Toutes ces substances représentent d’importants facteurs de risques qui peuvent causer des décennies plus tard, le cancer. Alors comme tient à le préciser Jean-Emmanuel Bibault, médecin, chercheur et spécialiste en oncologie, il faut relativiser car notre espérance de vie n’a jamais été aussi longue que celle d’aujourd’hui. Ce n’était donc pas mieux avant, zéro nostalgie à ce niveau-là car je suis bien reconnaissante en l’univers de vivre une vie où les anesthésies sont efficaces, qu’on parle d’une dent ou de l’accouchement ! La médecine est fabuleuse en matière de progrès !

Là où cependant le job n’a pas été bien fait, c’est dans la diffusion d’information. Jusqu’à la fin des années nonantes, voir début du 21e siècle, rappelez-vous, on parlait du cancer comme d’une fatalité. Évidemment, les femmes ne se faisaient soigner qu’une fois la maladie très avancée. Dans une grande majorité des cas, il attaquait le sein, resté encore longtemps tabou car comme nous l’a assez répété Tartuffe, il ne savait le voir.

Puis, coup de gueule. On ne parle pas du sein ? On va alors en dessiner partout, en parler partout et on va même faire de la couleur rose son emblème. Le mouvement prend. Des pâtissiers revisitent la boule de Berlin (je vous laisse imaginer), d’autres courent des marathons, certains s’habillent en rose… Et dans le milieu agricole ? On peut sacrément créer de belles paires de sein vous savez, grâce aux boules de silos !

En France, l’initiative est très répandue, en revanche en Belgique un peu moins mais « Applaus » aux quelques-uns(e) qui ont le mérite de l’avoir déjà fait. Et que c’est beau ! On dirait des marshmallows géants dans les prairies ! Avouez que c’est une couleur bien plus jolie que ce vert qui a mauvaise mine et qui tire sur un pastel grisonnant. Puis il y a ces silos enrubannés dans des plastiques noirs ou blancs. C’est d’un ennui ! Alors j’invite tous les entrepreneurs ou les agriculteurs qui ont l’enrubanneuse à choisir cette couleur rose et qui de surplus, vient apporter sa boule à l’édifice, celui de sensibiliser tout un chacun, que le cancer, c’est une maladie qui touche tout le monde et de plus en plus jeune. Alors oui, le plastique coûte plus cher, évidemment j’ai envie de vous dire… C’est un peu comme quand vous jouez au Lotto. Pour se donner bonne conscience, vous vous dites que vous participez à votre manière aux financements de projets associatifs pour des enfants et adultes dans le besoin. Ici, il en va de même, la différence de prix représente votre don à l’association qui finance toute une série de projets, qui vont de l’achat d’une perruque pour celles qui n’en ont pas les moyens, à aider la science dans ses recherches.

Prendre soin de sa santé, se faire dépister, qu’on soit un homme, une femme, que ce soit pour n’importe quel cancer d’ailleurs, c’est vital. Plus il est pris à temps, meilleures sont les statistiques de guérison. Il faut juste ne pas oublier. C’est pourquoi, en octobre, on martèle le message en rose.

Valérie Neysen

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