Les maladies du poireau sous l’effet de la météo de ce début d’automne
Ce n’est pas un scoop : la météo a un effet direct sur les maladies de nos cultures. La rouille du poireau est un exemple parmi d’autres. Comme pour les ravageurs, la prévention est la méthode de lutte la plus importante. Elle se décline dans le choix variétal, la sélection de la parcelle, la structure du sol et le drainage. Ces démarches permettent de prévenir pas mal d’ennuis, même si plusieurs problèmes persistent que nous passons en revue sous le regard de l’actualité.

La rouille (Puccinia allii) laisse des pustules de couleur rouille sur le feuillage. Elle peut se développer du printemps à l’automne. Cette maladie altère la présentation du feuillage au point de ne plus rendre la production commercialisable. Les températures idéales sont de l’ordre de 18°C. La résistance variétale est une piste prioritaire chez les sélectionneurs.
Très peu de taches de rouilles étaient visibles jusqu’à juillet et août.
Les conditions météo restent très favorables aux infections presque chaque matinée avec une température proche de 15°C pendant quatre heures et une humidité relative très élevée. La présence est fortement liée à la variété. La progression de la maladie se fait avec des températures optima de 18°C mais peut évoluer de 10 à 24 ºC.
La présence de la rouille se généralise depuis quelques jours.
La prévention par le choix variétal est une priorité. L’assolement et la rotation permettent de limiter ou de retarder les premières infections en évitant la présence continue de plantes sensibles (ail, poireau, etc.) au long d’une année sur des parcelles voisines.
Plusieurs fongicides sont homologués et acceptés dans certains cahiers de charge.
Un mildiou très discret cette année
Avec le mildiou (Phytophtora porri), les grandes taches foliaires prennent l’aspect du papier. Il peut se développer du printemps à l’automne. Bien que la maladie soit différente, les fortes attaques se déroulent lors des périodes humides et avec une température entre 15 et 20°C, comme pour le mildiou de la pomme de terre.
Cette maladie peut provoquer d’importants dégâts et rendre la production invendable à cause des lésions au feuillage. Comme dans les cultures de pommes de terre, le mildiou du poireau a été très discret en 2025, du moins jusqu’à présent. La résistance variétale et une bonne aération de la parcelle sont les deux premières méthodes de lutte. Les traitements fongicides complètent la protection des plantes.
L’alternariose lors des étés et automnes très chauds
Concernant l’alternariose (Alternaria porri), les taches de forme générale en ovale montrent des anneaux concentriques bruns ou violacés, d’où son autre nom, maladie des taches pourpres. D’autres alliacées sont sensibles aux attaques du même champignon : la ciboule, l’oignon rocambole, l’échalote. Cette maladie s’étend beaucoup plus vite lorsque le feuillage commence à devenir sénescent ou lorsqu’il souffre de dégâts d’insectes ou de grêle. Les attaques sont liées à des fins d’étés et des automnes exceptionnellement chauds. La température idéale pour cette alternariose est de 26°C en moyenne, dans la fourchette de 15 à 34°C. Jusqu’à présent, il y a peu de symptômes d’alternariose en poireau en 2025.
La résistance à la rouille et à l’alternariose est incorporée dans les programmes de sélections des maisons semencières. Les variétés récentes apportent des progrès très intéressants, ce sont presque exclusivement des hybrides.
Les ravageurs les plus dangereux
Les ravageurs du poireau sont nombreux, mais ceux qui nous posent le plus de problèmes sont la mouche mineuse, la teigne et le thrips.
L’observation de piqûres blanches alignées sur les feuilles des Alliacées est un repère caractéristique. Les traces de mine dans le feuillage peuvent être dues à d’autres espèces de mineuses et ne sont donc pas suffisantes pour affirmer que c’est bien Phytomyza gymnostoma qui en est la cause.
La présence voisine de ciboulette, qui est attractive pour l’espèce, permet de faciliter les premiers repérages.
La lutte passe par le bâchage des cultures avant les vols par des voiles anti-insectes. La gestion des tas de déchets d’épluchage, l’enfouissement en profondeur des résidus de culture et l’allongement de la rotation sont des mesures préventives efficaces. En outre, la présence de végétation diversifiée et permanente dans le parcellaire (haies, etc.) permet l’implantation d’espèces d’insectes auxiliaires comme des micro-hyménoptères parasitoïdes.
Continuons les observations vigilantes tant que la météo reste aussi douce…
Pour la mouche de l’oignon, la teigne du poireau et le trips…
La mouche de l’oignon (Hylemyia, Phorbia ou Delia antiqua) s’en prend de mars à juin aux jeunes plants. Les larves se concentrent au niveau du plateau racinaire qui pourrit par suite d’infections bactériennes. Les attaques de cette année ont été discrètes.
Au niveau de la teigne du poireau (Acrolepiopsis assectella), elle hiverne dans les débris végétaux. Une à deux semaines après l’envol et la ponte au printemps, les larves se développent complètement en avril et mai. La seconde génération de teigne provoque les dégâts de mi-juin à mi-aout. La troisième, la plus dommageable, se développe de fin août à fin septembre. Les filets anti-insectes pendant les périodes de vol sont efficaces, de même que les traitements insecticides (Bacillus thuringiensis, ou autre insecticide homologué). Les périodes de vol peuvent être détectées en observant chaque semaine la présence de mâles dans les pièges à phéromones placés dans la parcelle quelques centimètres au-dessus du feuillage des poireaux.
Enfin, le thrips pique le feuillage en été et début d’automne. Les piqûres restent visibles sous l’aspect de points gris. L’environnement de la parcelle joue un rôle important dans l’importance de ces attaques. Celles assez fortes de l’été sont fortement affaiblies actuellement.
Quelles méthodes de lutte ?
De manière générale, les auxiliaires sont favorisés par la présence de bandes fleuries à proximité de la parcelle. Les adultes y trouvent le nectar et le pollen utiles à leur survie et leur développement. La surveillance des parcelles et l’apport d’insecticides uniquement quand les seuils de tolérance sont dépassés sont une évidence. En cas d’intervention insecticide, n’employons que les produits ayant le moins d’impact possible sur les auxiliaires et tenons compte des possibilités de limitation de la dérive.
Par ailleurs, plusieurs produits sont agréés dans la lutte préventive et curative contre les maladies foliaires du poireau en production conventionnelle.
Peu de moyens de lutte sont acceptés par les cahiers de charge AB.
En conventionnel, plusieurs produits sont homologués (http://fytoweb.be/fr). Toutefois, restons prudents pour n’intervenir que si nécessaire.





