Un paillis permanent ou temporaire: quelles différences pour le potager?
Le jardinier peut être amené à choisir entre un potager sous paillis permanent ou temporaire. La première option protège le sol et limite son dessèchement en période sèche. Elle permet aussi à l’eau de pluie de pénétrer en douceur, limitant ainsi l’érosion et les coulées de boue. Un paillis épais empêche également la germination de nombreuses plantes sauvages. Les revers de la technique est qu’il faut disposer d’assez de matières. De plus, l’absence de paillis facilite les opérations d’entretien, les préparations de sol, les semis, et les binages.

Le paillis est surtout utile en période chaude et sèche, tandis que son absence est intéressante lors de l’implantation des cultures. C’est difficile de combiner ces deux états sur de grandes surfaces. Cependant, pour un potager de quelques dizaines de mètres carrés, c’est faisable. Cela peut même être recommandé dans un certain nombre de cas. Il faut raisonner la mise en place des cultures potagères.
Notons que grâce à lui, les limaces et campagnols sont protégés de certains de leurs prédateurs.
Comment s’y prendre ?
Les matières organiques végétales sont épandues en surface, en couche de 5 à 10 cm d’épaisseur. Les organismes du sol vont les dégrader progressivement et laisser au sol une partie minéralisée utilisable par les plantes et une partie humifiée. Parmi ces organismes, nous avons des animaux comme les vers de terre, des bactéries et des champignons décomposeurs.
Le sol n’est pas retourné mécaniquement, nous n’y effectuons pas de bêchage. La matière organique fraîche et en cours de décomposition reste en surface. Pourtant, un certain mélange est réalisé par les organismes anéciques du sol.
Les vers de terre, notamment, vont jouer un rôle essentiel dans la création d’une perméabilité verticale grâce aux traces laissées par leur passage. Ils sont aussi des agents actifs dans la formation du complexe argile-humus et pour la stabilité de la structure du sol.
Une des difficultés rencontrées dans nos conditions climatiques belges est la tendance au tassement et à la compaction. Le jardinier se gardera d’aggraver cela en ne marchant jamais sur les espaces cultivés. Il aménage donc son jardin en zones cultivées et de passages. Cela peut être des bandes cultivées séparées par des sentiers d’accès. Mais la créativité est de mise pour les formes et agencements les plus variés.
Pour réaliser les plantations ou les semis, le jardinier écarte localement le mulch de surface pour disposer les plants ou les graines. Le seul travail du sol est un éventuel griffage très léger de surface pour disposer d’un peu de terre fine.
Comme la matière organique de surface est dégradée par les organismes du sol, nous devons prévoir de nouveaux apports complémentaires chaque année.
Lorsqu’une culture occupe toute la surface utile, nous amassons le paillis de surface et libérons l’espace. À la fin de celle-ci, nous le remettons en place. C’est le cas, par exemple, des engrais verts. Lorsque c’est possible nous décompactons à nouveau le sol, par exemple avant de, planter et butter des pommes de terre. Nous enlevons le paillis avant ces opérations. Nous pouvons le remettre en place sur les buttes de plantation.
Travailler correctement le sol
Le paillage temporaire est installé vers mai. Sa mise en place est assez semblable à celle du paillage permanent. Néanmoins, lors des mois de début de printemps, le paillage est enlevé et mis en réserve, en tas. Le travail du sol peut être organisé avec les outils classiques. L’objectif est de le décompacter efficacement sur une profondeur d’au moins 17 ou 18 cm.
Ce décompactage est particulièrement important dans nos conditions climatiques et pour de nombreux types de terrains belges. Cette opération se réalise avec ou sans retournement, selon les souhaits du jardinier. Le but est de permettre l’obtention d’une structure bien aérée à la terre.
Cela se fait lorsque le sol est ressuyé. N’oublions jamais que travailler une terre humide risque de produire un lissage et une compaction comme nous le ferions pour la poterie ou la briqueterie. C’est tout le contraire de ce que nous souhaitons.
Ce travail du sol permet d’extirper les racines et rhizomes de plantes comme le chiendent, la prêle ou le liseron. Ces organes seront écartés et mis à sécher sur un espace comme une surface empierrée ou une pelouse. Ce n’est qu’après dessèchement complet que nous pourrons les incorporer à nouveau dans le circuit de recyclage des matières organiques de notre jardin.
Que nous choisissions le paillage permanent, temporaire ou même l’absence de paillage, les meilleurs résultats seront obtenus… sur les meilleurs sols !
Quand le système sera mis en place depuis plusieurs mois, les apports complémentaires de matières en surface pourront se faire à tout moment de l’année.
Notons qu’un sol dépaillé est plus foncé et se réchauffe plus vite que s’il est paillé.
Épandre le compost mûr ou le fumier composté
Le fumier ou le compost sont la base de la fertilisation. La couche dépend d’abord des quantités disponibles. Ensuite, les sols de qualité moyenne ont besoin de plus de compost ou de fumier que ceux qui sont fertiles et de bonne qualité.
Selon l’état du sol, la complémentation fertilisante peut être organique ou minérale.
Choisir une couverture adaptée au jardin
Pour recouvrir d’un paillage plus grossier, du compost peu décomposé fera bien l’affaire, de la paille hachée ou des feuilles mortes également. Des aiguilles de pin, des écorces broyées peuvent aussi être utilisées. Par contre, le BRF (bois raméal fragmenté) ne convient que s’il provient du broyat des rameaux jeunes de feuillus. Le bois broyé apporte beaucoup de carbone qui mobilisera l’azote présent pour sa décomposition au point de léser provisoirement la croissance végétale. Cela peut être un défaut en sols moyens ou pauvres, c’est un atout en sols riches en évitant les excès d’azote. Les fumiers de fermes ou de manèges sont des apports de choix.
Chaque année, nous pouvons apporter un complément à ce paillage pour compenser ce qui a été décomposé lors des derniers mois.
La décomposition progressive de la couverture végétale de surface par les organismes du sol libère des éléments minéraux.
Notons l’importance de disposer des matières de surface variées pour éviter des excès ou des manques en certains éléments. Un fumier riche en déjections animales peut apporter de grandes quantités d’azote et de potassium. Un BRF apporte de grandes quantités de carbone.
Enfin, si nous relisons des anciens manuels de maraîchage ou de jardinage, nous trouvons déjà les recommandations de techniques. Et c’est le paillage qui est le plus souvent recommandé.