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2026 s’avance sur scène

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Sur les planches, les comédiens saluent le public et ensuite… Rideau ! Au grand théâtre de la vie, les représentations de la pièce « 2025 », jouée depuis bientôt douze mois, prendront fin dans moins d’une semaine. Pour le metteur en scène, le stress est à son paroxysme : comment sa nouvelle pièce, sobrement intitulée « 2026 », sera-t-elle accueillie par les spectateurs ? Et quels acteurs reprendront leur place sur scène, sous la lumière des projecteurs ?

Les agriculteurs, eux, ont déjà fait leur choix. Si certains comédiens ont interprété leur rôle à merveille en 2025 et sont donc attendus avec impatience l’an prochain, d’autres peuvent allégrement être remplacés par le metteur en scène.

Parmi les acteurs appréciés, citons notamment les rendements des grandes cultures, portés par des conditions printanières idéales au semis de betteraves, chicorées et maïs et à la plantation des pommes de terre. La stabilisation du nombre de fermes actives en Wallonie constitue un autre phénomène que l’on souhaiterait, toutes et tous, voir perdurer. La reprise du marché bio, après plusieurs années difficiles, tant pour les agriculteurs que pour les transformateurs, est également de bon augure.

D’autres comédiens se sont fait huer par la foule. Parmi eux, le quatuor tragique « Fco-Mhe-Dnc-H5N1 » (fièvre catarrhale ovine, maladie hémorragique épizootique, dermatose nodulaire contagieuse, grippe aviaire), loin d’avoir trouvé son public, que du contraire. Malheureusement, il y a fort à parier que certains de ses membres remonteront sur les planches, seul ou en groupe. Autre groupe d’acteurs conspués : les prix. Lait, betteraves, céréales, pommes de terre… Autant d’interprètes dont le niveau a frôlé le plancher. « À remplacer au plus vite, par des comédiens d’une autre trempe, dont le jeu atteint la hauteur de nos espérances », estime l’assistance. Seul acteur de cette catégorie à avoir satisfait la foule : le prix de la viande bovine.

Quant à la simplification tant attendue, elle doit, elle aussi, faire face à une salle froide, de même que ses co-interprètes que sont la facturation électronique et le registre phytosanitaire électronique (finalement reporté)…

L’actrice la plus chahutée en cette fin d’année est, sans conteste, l’Union européenne. Sa prestation dans l’acte « Mercosur », qui lui a été spécifiquement dédié, a laissé un goût amer. Jets massifs de pommes de terre et betteraves, le 18 décembre, en témoignent, de même qu’un théâtre bruxellois laissé dans un désordre rarement vu.

Reste désormais au metteur en scène à écouter les spectateurs, qu’il s’agisse des huées ou des applaudissements. Car si le public est exigeant, il n’en demeure pas moins fidèle, s’installant dans la salle saison après saison, espérant voir les meilleurs acteurs prendre place sur scène. Pour « 2026 », il ne réclame ni effets spéciaux, ni tirades grandiloquentes mais simplement un scénario lisible, sans mauvaise surprise et respectueux de son quotidien.

À l’heure où les acteurs de « 2025 » regagnent les loges, chacun retient son souffle. Pour « 2026 », souhaitons que le public n’ait pas à se lever pour manifester, mais bien pour applaudir.

Jérémy Vandegoor

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