Production record de pommes de terre de consommation: les stocks sont à ce jour considérables!
Au début de ce mois, les stocks dans notre pays étaient estimés à 3,87 millions de tonnes, soit + 1 Mt par rapport à l’an dernier. Près de 60 % sont contractés. Les bons à très bons rendements ont amené tardivement un surplus de marchandises : 1,68 Mt est encore libre. Pour consommer ces stocks, le rythme de dégagement devra progresser, ces prochains mois. Pas de souci, donc pour l’approvisionnement des différents marchés, mais un autre équilibre entre offre et demande (et de prix) reste possible si l’essentiel de la capacité de transformation des usines belges est utilisé, et si l’export en frais se développe.

L’évaluation des stocks en cours de commercialisation au plan national demeure un élément primordial pour appréhender au mieux l’évolution des marchés. Pour la 21e année consécutive, une enquête téléphonique a été réalisée à cette fin par la Fiwap, le Carah, le Pca et l’Inagro. Pas moins de 224 producteurs ont été « auscultés ».
Enquête en Wallonie…
Sur la base des estimations d’emblavements 2017 en Wallonie (41.363 ha de pommes de terre de consommation), le taux d’échantillonnage de l’enquête téléphonique s’élève à 20,4 % de la surface totale dans le sud du pays ; 98 agriculteurs ont accepté de répondre à l’enquête sur l’ensemble de la Wallonie, avec une proportion représentative des surfaces pour chaque province (Brabant : 13 ; Liège : 8 ; Namur : 13, Hainaut : 64).
L’enquête (tableaux 1 et 2) estime la proportion de Bintje à 35 % des surfaces de pomme de terre de consommation, à nouveau en nette baisse (41 % en 2016, 48 % en 2015).
Parmi les autres variétés industrielles : Fontane gagne 7 % pour atteindre 24 % ; Innovator (13 %) et Challenger (9 %) sont stables par rapport à l’an passé ; Markies, Lady Claire et Lady Anna couvrent chacune de l’ordre de 3 % des surfaces ; les autres variétés à frites et à chips sont très peu représentées (moins de 1 % des surfaces).
Pour le marché du frais, le panel de variétés s’élargit avec l’entrée (ou le retour) d’Alegria, Artemis, Hansa, Nicola ou Jazzy. Ce marché occupe environ 5 % des surfaces enquêtées.
Selon l’enquête, la part contractée dans la production wallonne de pommes de terre de conservation 2017 est de 64 % (contre 74 % l’an dernier). Les rendements élevés ont clairement amené des tonnes libres supplémentaires. En 2014 la proportion était semblable (63 %).
… et en Flandre
Le Pca/Inagro a contacté au total 132 agriculteurs, pour quelque 4.300 ha, soit environ 8 % de la surface totale des pommes de terre de consommation.
Les hâtives ont connu une hausse des surfaces de 6,4 % qui porte la superficie totale au-delà de 10.000 ha. Cette surface est dominée par Amora (31 %) devant Première (26 %). Suivent ensuite Anosta, Sinora et Frieslander.
En variétés de conservation, Bintje n’occupe plus que 21 % des surfaces enquêtées et est largement dominée par Fontane (41 %). Viennent ensuite Innovator (7 %), Challenger (7 %), Royal (5 %), Markies (3 %), Felsina (3 %) et VR 808 (3 %). La culture des variétés pour le marché du frais reste très marginale.
Selon l’enquête, moins de 1 % des surfaces n’était pas récolté au 1er novembre, dont une petite partie en (région côtière) est considérée comme perdue.
Le cap des 5 millions de tonnes est franchi !
Les stocks, de la récolte… jusqu’au 1er novembre
Bon à retenir
Souvenons-nous que les arrachages de hâtives ont débuté avec quasiment un mois de retard (fin juillet – début août), et que des hâtives belges ont été travaillées en usine jusque début octobre ! Cela n’a visiblement pas empêché les marchés de dégager près de 850.000 t de variétés de conservation, en majorité (semble-t-il d’après l’enquête) des variétés autres que Bintje (qui montre des problèmes de PSE et de flottantes cette année) et de Fontane (défanée (très) tardivement).
Si on considère une période de 100 jours (du 20 juillet au 31 octobre), les marchés belges ont dégagé 12.400 t par jour calendrier ; c’est mieux que les années récentes (10.000 à 11.000 t), signe sans doute que l’on « gaspille » des pommes de terre cette année (bétail, biogaz…).
Pour consommer les stocks actuels, il faut que le rythme de dégagement augmente dans les prochains mois. Des volumes de conservation difficile seront encore perdus, tandis que l’export en frais pourrait venir renforcer la demande industrielle.
Enfin et surtout, l’énorme hausse de capacité de transformation des usines belges devrait consommer plus de marchandises sur la saison 2017-2018 que sur les saisons précédentes, à condition que les ventes de produits finis se passent bien. À ce niveau, les statistiques officielles (exports belges de produits transformés) restent positives mois après mois, du moins jusqu’en juin dernier. Le bas prix de la pomme de terre devrait renforcer encore la compétitivité des produits européens, et belges en particulier. Par contre l’euro fort défavorise l’export hors UE.
Il est donc clair que les stocks belges de pommes de terre sont suffisants pour assurer l’approvisionnement des différents marchés, mais un autre équilibre entre offre et demande (et donc de prix) reste possible à condition que l’essentiel de la capacité de transformation des usines belges soit utilisé, et que l’export de pommes de terre fraîches (vers l’Afrique, le Moyen Orient et/ou l’Europe du Sud et de l’Est) progresse.
, dans le cadre du Centre pilote pomme de terre