Le Livre Blanc des céréales: fertilisation azotée en froment en sortie d’hiver (+ VIDEO)

Avant de faire état de la situation des cultures de froment et de livrer les premiers conseils de fertilisation azotée, il convient d’évoquer la situation climatique de ces derniers mois.

Un hiver humide

Entre les mois d’août et de décembre, la température est restée dans les normales saisonnières ( tableau 1 ). À l’opposé, lors du mois de janvier, la température moyenne a été supérieure auxdites normales. Le nombre de jours de gel comptabilisés au début février était très faible, les premières vraies périodes de gel n’arrivant qu’au début de ce mois.

La pluviosité enregistrée depuis le mois d’août varie fortement d’un mois à l’autre ; sensiblement basse en août, dans les normales en septembre, largement inférieure en octobre, légèrement supérieure en novembre et très largement supérieure en décembre. Le mois de décembre a en effet été anormalement pluvieux et se caractérise par un ensoleillement très faible (à peine 10h sur l’ensemble du territoire). Le mois de janvier a été plus chaud qu’à l’habitude (5,6 ºC en moyenne) mais pas nécessairement plus pluvieux. Tout comme décembre, janvier a souffert d’un ensoleillement inférieur à la moyenne. La saison hivernale peut être considérée comme une saison humide.

Les semis précoces au tallage

Dans les semis de la plateforme de Lonzée (Gembloux), les parcelles de froment observées dans les essais consacrés à l’impact de la date de semis sur les rendements sont actuellement au stade tallage, pour les semis de mi-octobre, et au stade 2 à 3 feuilles, pour les semis de mi-novembre. Les cultures étaient généralement en bon état.

Azote: situation plus classique

Un échantillonnage des profils en froment d’hiver a été réalisé sur 90 cm ( tableau 2) dans 138 situations culturales. Ces profils ont été réalisés par l’Unité Fertilité des sols et Protection des eaux du Cra-w, par Grenera de Gx-Abt ainsi que par le laboratoire provincial de Liège (Tinlot).

Contrairement à ce qui a pu être constaté l’année dernière, les profils de teneur du sol en azote minéral sont revenus cette année à des niveaux observés entre 2013 et 2016 (tableau 3 ).

La situation observée au 5 février sur les différents précédents ( tableau 2 ) se rapproche de ce qui a été observé lors de la campagne 2015-2016. La betterave et la chicorée laissent des reliquats relativement faibles, aux profils assez uniformes sur la profondeur. Les colza, maïs, lin et froment laissent des reliquats faibles, similaires entre eux, et à tendance croissante avec la profondeur. La pomme de terre et les légumineuses laissent en moyenne les plus gros profils de reliquats azotés. Pomme de terre, légumineuse et maïs sont des situations où les plus gros extrêmes sont observés.

Fumure de référence

La fumure de référence 2018 est basée sur les résultats de l’analyse pluriannuelle, ainsi que sur base des observations de ce début de saison décrites ci-avant.

Les deux fumures de référence proposées cette année sont :

– 3 fractions : tallage : 60 N ; redressement : 60 N ; dernière feuille : 65 N.

– 2 fractions : intermédiaire « tallage – redressement » : 90 N ; dernière feuille : 95 N.

Opter pour les trois…

Le choix du schéma de fractionnement sera réfléchi selon la parcelle et le précédent. Dans tous les cas, il est recommandé de calquer le schéma d’apport sur la base des prévisions de précipitations et d’apporter votre fertilisation avant une pluie afin de maximiser l’efficacité du prélèvement d’engrais par la plante.

Une fertilisation en trois apports est à privilégier dans la majorité des situations. Elle est indispensable dans les circonstances suivantes : structure de sol abîmée par des récoltes tardives ou en mauvaises conditions ; terre à mauvais drainage naturel ; sol complètement glacé ou refermé, dégâts d’hiver, de traitements herbicides, de parasites, déchaussements… ; sol avec de faibles disponibilités en azote en sortie hiver ; besoin en paille élevé sur l’exploitation ; semis après le 15 novembre ; précédent froment; végétation trop claire ou densité de végétation faible ;

L’apport en 3 fractions est forcément indiqué dans toutes les situations culturales où l’on soupçonne que le système racinaire du froment se développera difficilement et ne permettra pas à la culture de trouver dans le sol les quantités minimales d’azote dont elle a besoin pour assurer le développement d’un nombre suffisant de tiges.

… ou deux fractions

Une fertilisation en deux fractions sera encouragée dans les situations suivantes :

– précédent cultural laissant des reliquats élevés, tels que le colza, une légumineuse, des légumes ou la pomme de terre ;

– précédent betterave arraché avant le 15 octobre, dont le profil n’aurait pas été épuisé ;

– semis précoces et/ou une végétation est fortement avancée ;

– parcelles où les restitutions de matières organiques sont importantes et/ou fréquentes ;

– culture destinée à une valorisation en meunerie.

D’après Le Livre Blanc

, février 2018