Accueil Editos

Pas de mots pour ces maux

Temps de lecture : 2 min

Traîtrise, coup de grâce, ignominie, forfaiture, lassitude, abattement, nausée… les mots, les sentiments manquent pour décrire l’écœurement qui nous a saisis jusqu’aux tripes, au moment où tombait l’annonce de l’affaire Veviba, ce nouveau « scandale alimentaire » dû à l’action frauduleuse menée par un industriel en aval de l’élevage bovin. Cette crise n’aura finalement pas de conséquences sanitaires graves, et heureusement si on ose utiliser cet adverbe en d’aussi funestes circonstances, mais elle jette une nouvelle fois le trouble, la défiance sur un secteur déjà à l’agonie. « Ils ont osé. Une fois encore la réalité dépasse la fiction », se désespèrent les éleveurs. Ceux-ci ne sont-ils déjà pas suffisamment sous pression (voir notre édition du 5 mars dernier) qu’il fallait encore leur porter un coup aussi bas ? Car il ne faut pas se tromper, ce sont bien les éleveurs et la viande bovine qui sont les premières victimes des exactions commises par ces brigands, sans foi ni loi, pourris par l’appât du gain facile et rapide, sans la moindre empathie pour un secteur primaire qui les « engraisse » à bon compte et sans la moindre considération pour la santé de consommateurs « éloignés de nos frontières ». L’écœurement, c’est bien le sentiment qui domine après tant et tant de scandales qui systématiquement naissent de dérives du cynisme de l’aval et éclaboussent bien plus loin que le petit cercle de leurs auteurs. Combien de campagnes promotionnelles faudra-t-il encore imaginer pour « rerere » gagner la confiance des consommateurs ? Ou plutôt, sera-ce enfin la crise de trop, qui, loin du bruit et des indignes querelles de basse politique, permettra de briser l’opacité d’un pan entier de la filière viande ? Cette crise sera-elle le ferment d’une réelle mise à plat, d’une vraie réflexion sur les contrôles, sur notre mode de production et de commercialisation, sur les liens entre producteurs et consommateurs? L’enjeu est de taille, il en va de la responsabilité de toutes et tous.

A lire aussi en Editos

Voir plus d'articles