Accueil Céréales

Bulletin provisoire de la moisson 2018 en escourgeon: peut mieux faire!

Alors que la récolte des escourgeons s’est emballée, sous la poussée de fièvre météorologique, la moisson des froments et des colzas frappe déjà à la porte. Du côté des rendements, les orges d’hiver subissent un net revers par rapport à 2017.

Temps de lecture : 3 min

N ouvelle preuve, confirmation du changement climatique ? Toujours est-il que les coups de chaleur survenus dès le mois d’avril, avec des pics de température craints d’ordinaire en plein été, ont accéléré le développement des céréales, et particulièrement des escourgeons dont les premiers jours de moisson sont survenus avant la fin juin.

Les premiers échos d’une récolte qui n’était pas complètement terminée, ce mardi matin, recueillis auprès d’Olivier Henroz, responsable céréales chez WalAgri, font état de rendements moyens en retrait d’environ 10 à 15 %, soit 1.000 à 1.500 kg/ha par rapport aux résultats de la campagne précédente.

Ajoutons à cela, qu’en termes de superficie, les orges d’hiver s’affichaient déjà en retrait par rapport à l’an dernier, avec des semis en baisse dans certaines régions, hormis le Condroz, au profit des pommes de terre et des légumes. Une illustration d’une certaine tendance à privilégier, dans le contexte économique actuel, des assolements davantage économiques qu’agronomiques.

En combinant ces deux éléments, on pourrait bien récolter 20 à 25 % d’escourgeon en moins que l’an dernier.

Variabilité des poids spécifiques

Sur le plan qualitatif, les valeurs de poids spécifique montrent une grande variabilité, dans une échelle allant de quelque 56 à 70 kg/hl, contre 62-65 généralement en 2017. Les coups de chaleur évoqués ci-avant expliquent certainement en partie cette grande hétérogénéité. La moyenne sera toutefois dans les normes de qualité requise. À noter la bonne tenue des variétés hybrides, avec une moyenne plutôt stable autour des 67-70 kg/hl.

Un recul des rendements à l’échelle européenne et dans les autres gros pays exportateurs comme la Russie pourrait entraîner une tension sur les prix des céréales à paille.
Un recul des rendements à l’échelle européenne et dans les autres gros pays exportateurs comme la Russie pourrait entraîner une tension sur les prix des céréales à paille. - M. de N.

Et les froments ?

Si nombre de cultures de froment étaient encore loin d’être mûres, en début de semaine, la situation évolue rapidement au point que les premières parcelles seront battues cette semaine ! Pour celles-ci, il ne faut normalement pas attendre des résultats mirobolants. Et d’une manière plus générale, « on peut craindre pour les rendements ». Les envolées précoces à plus de 30º et la distribution inégale des pluies sur le territoire ne sont pas des indicateurs très positifs.

Tension sur les prix ?

Pour la première fois depuis de nombreuses années, l’offre de céréales au plan mondial pourrait ne plus excéder la demande, voire s’avérer légèrement inférieure à la consommation. Les fortes chaleurs observées au moment du remplissage des grains pourraient bien peser sur les rendements. L’Europe est affectée, mais aussi partiellement la Russie, habituée depuis deux ans à propulser les stocks vers le haut. D’autres pays exportateurs sont aux prises avec cette problématique de sécheresse. Ces perspectives pourraient inciter les fonds spéculateurs à revenir sur le marché et entraîner un certain renchérissement des prix, de nature à compenser quelque peu les pertes de rendement.

Le maïs va orienter les marchés

Selon M. Henroz, il convient aussi dès maintenant de suivre de très près l’évolution du maïs aux États-Unis. Faute de précipitations suffisantes en ce mois de juillet, celui-ci pourrait connaître des problèmes de floraison et de fécondation, avec une dépréciation possible des rendements. Les acheteurs pourraient alors fondre sur cette matière première dont les prix sont actuellement très bas, d’où une possible envolée des prix, qui pourrait rejaillir sur le blé.

M . de N.

A lire aussi en Céréales

Voir plus d'articles