En Belgique, les mammites ont enfin un visage!
Le 18 avril se tenait le 1er « Mastitis prevention day » à Grimbergen. Experts flamands et wallons s’y sont succédés pour présenter tour à tour les éléments qui ont permis de dresser un premier panaroma de la mammite en Belgique. Retour sur les études menées en Wallonie.
Avec le changement de législation sur l’usage des antibiotiques, le développement d’approches préventives aux maladies est nécessaire. En production laitière, les mammites sont la première cause de leur utilisation. Il est donc important de prendre conscience de son impact, de définir les grandes consommations d’antibiotiques et de voir quelles sont les approches pour le futur. Car Léonard Théron, de l’Université de Liège (ULg), le rappelle très bien : « Si la mammite est la maladie la plus ancienne étudiée en médecine vétérinaire, aucune solution n’a à ce jour été trouvée.»
Epidémiologie en wallonie
Anne-Sophie Rao, de la Faculté de médecine vétérinaire de l’ULg : « En Wallonie, le pourcentage de mammites subcliniques a augmenté pour atteindre une moyenne de 22 % dans les exploitations, d’où la création d’un groupe multi-disciplinaire, l’Observatoire de la Santé mammaire (Osam), pour permettre une approche différenciée. »
Des projets de recherche en ont découlé comme « Laecae » qui avait pour objectif notamment de réaliser un état des lieux de la maladie en étudiant un échantillon de 70 fermes adhérantes au contrôle laitier sur tout le territoire wallon. Ces exploitations comptaient en moyenne 82 laitières ayant chacune une production annuelle moyenne de 8.100 l.
Les premiers résultats ont montré un taux de mammites annuel de 55 % dans les exploitations. Si on regarde l’incidence des mammites cliniques tout au long du cycle de lactation, deux grands pics ont été enregistrés : durant les trois mois qui suivent le vêlage, et lors du tarissement.
En ce qui concerne la sévérité de la maladie, les éleveurs traitaient surtout les mammites de stade 1 et 2. Seuls 10 % des mammites de stade 3 l’étaient pour 0.3 % des subcliniques.
Notons encore que tout au long de la lactation, 51 % des cas encodés étaient neufs, les 49 % restants n’étaient donc que de mammites chroniques.
Et de se pencher sur les subcliniques : « Le taux de nouvelle infection est proche de 17 % avec un taux de guérison au tarissement de 65 %. Le tarissement est donc un moment clé pour soigner la mammite. Et s’il est généralement laissé de côté par les éleveurs, il permet pourtant de limiter les pertes économiques. Notons qu’il est nécessaire de surveiller les primipares puisque le taux de mammites subcliniques est proportionnel aux taux de primipares infectées.
Consommation d’antibiotiques
Léonard Théron s’est quant à lui intéressé à la consommation d’antibiotiques pour les mammites en Wallonie. « Avec l’Osam, nous avons collecté entre 2009 et 2011, des données sur plus de 5.000 mammites. Près de 2.200 cas étaient bien documentés.
Il en ressort que 50 % des mammites ne sont traités que par des intramammaires et que 40 % d’entre elles le sont également par un parentéral. Le risque réel d’acquisition de résistance représente là près d’une mammite sur deux. Fait surprenant, le recours aux anti-inflammatoires est extrêmement faible. « C’est paradoxal! La mammite est d’abord une inflammation avant d’être une infection.»
« L’usage des antibiotiques est une chose mais faut- il encore savoir si on les utilise avec succès ! Quels sont dès lors les paramètres qui in
10 millions d’euros de lait à l’égout par an en Belgique
Quand une vache est touchée par la maladie, son lait est écarté du tank en moyenne durant 8,5 jours. En termes de pertes d’exploitation? Si l’on considère une production journalière moyenne de 17 l de lait à 0,3 euro, cela représente 10 millions de lait versé à l’égout par an en Belgique.
Si la mammite de stade 3 peut faire encourir à l’animal un risque de mortalité, ce sont bien celles des premier et deuxième degré qui vont occasionner le plus de pertes pour l’éleveur (environ 6 fois ).
Une classe chronique?
Vers un plan de prévention national
Une sensibilisation nécessaire
Un plan en 7 points
Dans les années 60, un plan de prévention en 5 points avait été édité. Il consistait à : désinfecter tous les trayons après chaque traite ; traiter tous les cas de mammites dès que les bactéries ont été identifiées ; utiliser un scellant à trayons sur toutes les vaches taries ; réformer toutes les vaches après trois épisodes ou plus, entretenir le système de traite correctement. Mais un chercheur a récemment proposé un plan en 7 points. La partie tarissement voit un ajout: l’utilisation du traitement au tarissement de façon sélective. A cela, il ajoute deux étapes importantes liées à l’avant traite: la traite d’un trayon propre, sec et désinfecté; l’utilisation de la nutrition (et particulièrement au tarissement), des stimulants et des vaccins pour améliorer l’immunité de l’animal.
S’il est appliqué, les animaux devraient être protégés durant le début de lactation et au tarissement, soit les deux périodes clés.