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Céréales d’hiver et adventices en automne: les conseils et les possibilités!

Orges, froment, épeautre, seigle et triticale : indispensable pour les premières, justifié dans certains cas pour les autres, voici un éclairage sur le désherbage des céréales d’hiver… avant l’hiver.

Temps de lecture : 5 min

Semés fin septembre – début octobre, les escourgeons et les orges d’hiver commencent à taller fin octobre – début novembre. C’est donc durant l’automne qu’il faut intervenir car c’est à ce moment que la majorité des mauvaises herbes va également germer et croître.

Jeunes et peu développées, les adventices sont facilement et économiquement éliminées à cette période. En revanche, au printemps, les mauvaises herbes ayant passé l’hiver sont trop développées et la culture, généralement dense et vigoureuse, perturbe la lutte (effet parapluie). Des rattrapages printaniers sont néanmoins possibles et quelquefois nécessaires.

Le désherbage automnal des orges d’hiver est absolument impératif et judicieux pour des raisons agronomiques et économiques.
Le désherbage automnal des orges d’hiver est absolument impératif et judicieux pour des raisons agronomiques et économiques. - M. de N.

En froment d’hiver

Semés plus tard que les orges, les froments d’hiver, dans la plupart des situations, ne demandent pas d’intervention herbicide avant le printemps, parce que :

– avant l’hiver, le développement des adventices est généralement faible ou modéré ;

– grâce à la gamme d’herbicides agréés aujourd’hui, il est possible d’assurer le désherbage après l’hiver, même dans des situations difficiles ;

– les applications d’herbicides à l’automne ne suffisent presque jamais et doivent de toute façon être suivies d’un rattrapage printanier ;

– les dérivés de l’urée (le chlortoluron) se dégradent assez rapidement. Appliqués avant l’hiver, leur concentration dans le sol est trop faible pour permettre d’éviter les levées de mauvaises herbes qui coïncident avec le retour des beaux jours.

Le désherbage du froment avant l’hiver est justifié en présence d’adventices résistantes ou en cas de développement de mauvaises herbes précoce et important. Cela peut arriver, par exemple :

– lors d’un semis précoce suivi d’un automne doux et prolongé ;

– en cas d’échec ou d’absence de désherbage dans la culture précédente ;

– lorsqu’il n’y a pas eu de labour avant le semis.

Un traitement automnal est presque toujours suivi par un complément au printemps. Le cas échéant, le désherbage est raisonné en programme.

En épeautre, seigle et triticale

Le désherbage de ces céréales peut se raisonner comme dans le cas du froment. Il est cependant possible que certains produits agréés en froment ne le soient pas dans ces cultures. Il faut donc vérifier systématiquement les autorisations.

Les produits disponibles

Les traitements de préémergence doivent être raisonnés sur base de l’historique de la parcelle. Il est en effet difficile de choisir de façon pertinente un traitement sans connaître les adventices en présence. Adapté à la parcelle, ce type de traitement donne souvent satisfaction.

Le chlortoluron est un herbicide racinaire dont le comportement est fortement influencé par la pluviosité (trop de pluie induit un manque de sélectivité) et le type de sol (une teneur en matière organique élevée provoque une baisse d’efficacité). Sa persistance d’action est faible car il disparaît rapidement pendant la période hivernale. Il est très sélectif des céréales (excepté aux stades 1 à 3 feuilles) et efficace contre les graminées annuelles peu développées dont le vulpin et les dicotylées classiques comme le mouron des oiseaux et la camomille. En froment d’hiver, le chlortoluron ne peut cependant être utilisé que sur des variétés tolérantes.

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Largement utilisé par le passé, le prosulfocarbe n’est plus une référence contre les graminées. Il constitue toutefois un produit de complément de choix contre un certain nombre de graminées et de dicotylées annuelles dont les violettes, véroniques et lamiers. Il est très valable contre le gaillet gratteron mais inefficace sur camomille.

La pendimethaline, l’isoxaben, le diflufenican ou le beflubutamide complètent idéalement le chlortoluron ou le prosulfocarbe en élargissant leur spectre antidicotylées aux VVL (mais pas au gaillet gratteron) et en renforçant leur activité sur les graminées. Au contraire de l’isoxaben, la pendimethaline, le diflufenican et le beflubutamide sont peu efficaces contre la camomille. Ces herbicides doivent être appliqués quand les adventices sont encore relativement peu développées (maximum 2 feuilles). L’association du diflufenican avec la flurtamone dans le Bacara élargit le spectre sur les renouées, mais surtout sur le jouet du vent.

Le flufenacet, actif contre les graminées et quelques dicotylées, doit être appliqué très tôt, sur des adventices de petite taille ou non encore germées. Il peut dès lors être pulvérisé en préémergence et juste après la levée de la culture. Disponible seul dans le Fence, le flufenacet est associé au diflufenican (dans plusieurs spécialités commerciales), à la pendimethaline (dans Malibu) ou au picolinafen (dans Pontos et Quirinus) pour obtenir un spectre plus complet. Les camomilles et les gaillets peuvent toutefois échapper à ce type de traitement. Un manque de sélectivité peut être observé en cas de semis grossier et motteux.

En orge, la lutte contre les graminées développées, repose uniquement sur deux antigraminées spécifiques applicables dès le stade 3 feuilles : le pinoxaden (dans l’Axial et l’Axeo) et, dans une moindre mesure, le fenoxaprop (le Foxtrot- le Puma S EW n’est pas agréé en orge) car les possibilités de rattrapage printanier sont plus que limitées (pas de sulfonylurée antigraminées en orge !). En froment, ces traitements ne sont pas recommandés.

Les possibilités agréées

En fonction des stades de développement atteints par les différentes céréales, il existe une série de possibilités pour lutter contre les mauvaises herbes durant l’automne. Celles-ci sont présentées dans le tableau ci-joint.

D’après Francois Henriet

, Cra-w, Livre blanc,

septembre 2018

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