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Les activités du maraîcher: un point d’actualité sur les chicons

Réussir son semis de racines de chicon, c’est la moitié de l’accomplissement optimal de la culture dans son ensemble. Les excellentes conditions de semis de mai et début juin ont permis de belles implantations de beaucoup de parcelles, avec comme pour d’autres cultures, quelques déceptions suite à des conditions météo extrêmes localement, des orages notamment.

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Le chicon peut développer un enracinement profond et performant, le rendant peu sensible aux déficits hydriques. Mais si une semelle de labour ou de pseudo-labour bloque ce développement en profondeur dans une parcelle, la sensibilité à la sécheresse a été un frein dans l’une ou l’autre parcelle.

La forte luminosité et la chaleur des mois d’été ont été favorables à un bon avancement de la maturité physiologique des racines, même si leur poids et diamètre laissent quelque peu à désirer dans les parcelles à fort drainage naturel ou moins bonne rétention d’eau.

À l’examen de début et mi-septembre, la maturité était plutôt à l’avance.

Les conditions sèches n’ont que peu permis le développement de plusieurs maladies du feuillage, à l’exception de l’oïdium.

Il ne sert à rien de récolter des racines immatures, les résultats au forçage ne peuvent être que décevants.
Il ne sert à rien de récolter des racines immatures, les résultats au forçage ne peuvent être que décevants. - F.

Au moment où nous écrivions ces lignes, le sol était encore complètement sec et les récoltes n’étaient possibles que sur les sites à structure excellente. Depuis, des pluies sont heureusement survenues.

Dans un premier temps, celles-ci sont salutaires, facilitant les arrachages et donc réduisant les risques de blessures et les bris de racines. Elles permettront aussi aux racines de reprendre un peu de poids avec la reprise de la photosynthèse.

D’un autre côté, l’absence d’humidité dans la partie supérieure du sol depuis de nombreuses semaines a bloqué la minéralisation des matières organiques et donc la libération d’azote. Si les précipitations redeviennent normales lors des prochaines semaines, la libération tardive d’azote amènera une reprise de l’activité végétative et donc un certain recul de la maturité technique au forçage et surtout les risques de développement de maladies bactériennes et des collets gras (Pectobacterium carotovora entre autres).

Par ailleurs, la sécheresse a amené une remontée capillaire importante emmenant des bases (potasse, chaux, etc.) en surface avec une remontée temporaire du pH. La conséquence est un blocage de l’assimilation d’éléments minéraux dont le bore. Cela pouvait être visible au champ avec les nécroses des feuilles centrales du cœur.

Comme lors des trois dernières années, le puceron des racines a encore été une préoccupation estivale. Les populations ont commencé leur migration vers les peupliers pour leur hivernage (voir le point sur la question dans l’édition du Sillon Belge du 16 décembre 2016).

La section des racines permet de se figurer l'état du bourgeon central et aussi de répérer certains défaux physiologiques.
La section des racines permet de se figurer l'état du bourgeon central et aussi de répérer certains défaux physiologiques. - F.

En pratique

Pour les premières parcelles semées sous voile, sous plastique perforé, et même en plein air, nous avons récolté ou nous récoltons les chicons pour la forcerie. Le poids des racines n’est pas élevé mais approchait de la fourchette de 130 à 170 g à l’arrachage au champ.

La teneur en nitrates de la racine est une deuxième indication et est inférieure aux 100 mg d’azote nitrique par kg de matière sèche (MS) et la teneur en azote total entre 8 et 12 g /kg de MS.

Les autres critères sont faibles après la sécheresse, comme le rapport pondéral feuilles/racines inférieur à 0,8 et même à 0,6. Le calibre des racines est un peu faible avec 3 à 3,5 cm au galbe de la racine. Mais les racines sont assez mûres avec le fort ensoleillement estival.

Le sommet de la racine se prolonge de la base de la courte tige et se déforme sous l'effet du décollement du bourgeon central. C'est un signe des signes de maturité de la racine.
Le sommet de la racine se prolonge de la base de la courte tige et se déforme sous l'effet du décollement du bourgeon central. C'est un signe des signes de maturité de la racine. - F.

Les récoltes devraient pouvoir continuer après vérification de ces paramètres. N’oublions pas d’apporter du bore en fond de couche ou dans la solution nutritive.

Pour les forçages en couches, n’oublions pas d’incliner les racines pour ne pas dépasser une densité de plantation en couche de 550 racines par m² afin d’éviter d’avoir des chicons trop serrés en fin de forçage avec la conséquence d’un éclatement lors du dessouchage.

Une particularité de l’année est de voir les chicons rester assez ouverts lors des deux premières semaines de forçage pour ne refermer que vers la fin. Il semble que cela soit dû à une certaine lenteur dans la croissance de l’axe. Serait-ce lié à une teneur limite en bore ou plutôt à un état de maturité imparfait ?

Si pour la maturité nous ne savons plus faire de miracle, par contre nous pouvons être vigilants et contrôler la teneur en éléments minéraux de la racine et agir en conséquence. Nous avons connu des situations assez semblables en 2018 et en 2017.

Le cas de petites unités de forçage

Dans les petites fermes maraîchères en polyculture, nous installons parfois les couches de chicons dans les serres maraîchères. Il est bien difficile, cette année, d’y produire des chicons dans les conditions de températures très élevées comme nous les avons connues jusqu’à tardivement.

Il faut essayer de jouer avec les apports d’eau fraîche en irrigation souterraine et sur l’épaisseur des couches isolantes en dessus de couche. Mais si la température est élevée au niveau du chicon proprement dit, la qualité et la forme du légume ne sont pas idéales. C’est souvent le cas, mais cette année est particulièrement compliquée pour cet aspect.

Les chicons se forment parfaitement sur ces racines bien mûres.
Les chicons se forment parfaitement sur ces racines bien mûres. - F.

De toute façon, nous sommes encore trop tôt dans la saison pour espérer de bonnes conditions de forçage en couches sous serres.

La solution est bien d’aménager des espaces de forçage spécifiques pour cette culture.

Et pour la suite de la saison ?

Nous pourrons revenir sur certains aspects du forçage lors des prochaines semaines.

F.

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