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Aérer sa serre: les bons principes estivaux

La météo de ce printemps fut un peu particulière. Ces dernières semaines ont été globalement plus fraîches que le mois précédent. En plein air, c’était évident. En serres maraîchères, ce fut un peu plus nuancé, selon les orientations et les expositions. À côté de cela, nous devons être prêts à des températures élevées lors des semaines d’été. Le maintien d’une certaine humidité relative est aussi nécessaire pour permettre les floraisons et fécondations des légumes fruits, mais également pour assurer le bon fonctionnement des systèmes vasculaires des plantes.

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La température dans la serre maraîchère varie fortement entre le jour et la nuit. Elle est la résultante de l’effet de serre des parois, de l’obstacle au vent des parois, de l’ombrage dû aux implantations voisines, de l’humidité dans la structure et de l’aération.

En aérant celle-ci, le maraîcher assure une régulation de la température et de l’humidité relative. De plus, il permet le renouvellement du CO2.

Optimiser la ventilation naturelle

Pour les serres maraîchères, nous essayons de travailler avec la ventilation naturelle, en ne recourant à des ventilateurs que dans des situations exceptionnelles.

Cette technique est efficace surtout grâce à deux applications de principes physiques.

Tout d’abord, l’air chaud est plus léger et tend à monter. Il pourra s’évacuer par les ouvertures situées au faîtage de la serre. C’est l’effet de tirage. Ce mouvement provoque un appel d’air. Les ouvertures basses permettront l’entrée d’air, plus frais.

Les débits d’air concernés par le tirage dépendent directement de la dimension des ouvertures et de l’écart de température entre le bas et le haut de la structure. Plus cette différence est importante, plus cette circulation sera grande.

La distance séparant les ouvertures basses et hautes influence négativement le débit.

En pratique, il faut reconnaître que ces ouvertures ne sont pas toujours placées de manière judicieuse. Si nous nous contentons d’ouvrir les pignons ou une ouverture latérale, nous renouvelons l’air et nous emmenons une partie de l’humidité, toutefois ne maîtrisons que partiellement la température. Cela peut suffire pour les journées durant lesquelles la chaleur dans la serre ne dépasse pas 35°C, mais au-delà ce sera moins efficace.

Ensuite, le vent qui souffle autour de la serre influence aussi la ventilation naturelle. C’est l’effet Bernoulli. Ce sont la vitesse et l’orientation du vent qui détermine le débit. Cette application de la physique a une efficacité qui dépend de la météo et de la forme de l’abri au niveau de ses ouvertures. Selon le sens du vent, cet effet peut s’opposer à celui du tirage. L’efficacité globale de la ventilation naturelle sera alors réduite.

À mettre en pratique

Ces deux applications de principes physiques nécessitent donc deux séries d’ouvertures, certaines pour la sortie d’air chaud et d’autres pour l’entrée d’air frais.

Dans les conditions belges, la surface totale des ouvertures d’une des séries devrait être de 15 à 20 % de la surface au sol de la serre.

Enfin, la ventilation forcée, même si elle demande de l’énergie pour le fonctionnement des ventilateurs, est parfois nécessaire lorsque la configuration des lieux protège fortement la serre des vents dominants (l’orientation la plus fréquente). Chez nous, ceux-ci sont généralement du sud-sud-ouest.

Le dégagement entre les plantes

Pour les trois mois estivaux, il convient de raisonner le passage de l’air afin d’assurer l’évacuation rapide de l’eau condensée sur les parois et sur le feuillage des plantes. C’est du travail, mais il est payant. L’effeuillage, l’écimage permettent un tel dégagement.

De plus, à partir de mi-août, l’enlèvement de certaines rangées en fin de production permet de compléter progressivement cette opération. Les plantes évacuées laissent la place aux premières implantations de cultures d’automne-hiver.

Le paillage, l'effeuillage et l'enlèvement d'une rangée  de plantes hautes permet un grand dégagement  des espaces pour la ventilation.  La santé des plantes est nettement améliorée.
Le paillage, l'effeuillage et l'enlèvement d'une rangée de plantes hautes permet un grand dégagement des espaces pour la ventilation. La santé des plantes est nettement améliorée. - F.

Garder une humidité relative idéale

Si l’humidité relative monte au-delà de 90 % plusieurs heures de suite, elle peut favoriser certaines maladies du feuillage. Au contraire, si elle descend sous les 65 à 70 % (selon les espèces cultivées) les plantes mettent en œuvre la fermeture des stomates. La réduction des échanges gazeux au niveau des feuilles amènera alors une réduction de l’activité photosynthétique.

L’objectif est de rester le plus d’heures possibles de la journée dans la fourchette d’humidité relative idéale, soit entre 65 et 85 %. Durant cette période, la plante est en forte évapotranspiration. L’activité d’absorption de l’eau et des sels minéraux dissous par les racines est intense. Les acariens restent en populations limitées. Notons que les sondes de mesures sont assez délicates. Elles devraient être vérifiées deux fois par an, au printemps et en automne.

Par ailleurs, élevée durant la nuit, cette humidité diminue en cours de journée lorsqu’il fait plus chaud. C’est le cas lorsque la température extérieure est peu élevée et que le ciel est très ensoleillé.

Afin d’augmenter ou de diminuer ce facteur, le maraîcher peut intervenir sur plusieurs paramètres.

Quand l'humidité relative est basse plusieurs jours  de suite, les populations d'acariens peuvent devenir  un problème.
Quand l'humidité relative est basse plusieurs jours de suite, les populations d'acariens peuvent devenir un problème. - F.

Pour l’augmenter…

Par temps froid, la condensation de l’humidité de l’air se produit sur les parois. En réchauffant l’air, nous provoquons une diminution de l’humidité relative ce qui est contraire à l’objectif recherché dans ce cas-ci. Les serres à doubles parois condensent beaucoup moins, néanmoins leur coût d’investissement est supérieur. C’est certainement justifié pour les serres d’élevage de plants ou celles consacrées à des cultures à haute valeur par m². Pour les fermes de polyculture maraîchères, ce sera souvent plus difficile à amortir.

Par temps chauds, la vaporisation d’eau par pulvérisation très fine (mist, fog) permet de réduire la température et d’augmenter l’humidité relative. Elle diminue aussi les populations d’acariens. Les appareils sont positionnés à proximité des entrées d’air.

et afin de la réduire

La ventilation suffit pour abaisser l’humidité relative si l’air extérieur est plus frais que l’air intérieur. Lorsque la température extérieure et intérieure est semblable et qu’il fait très humide, celle-ci ne suffit pas. Quand nous disposons d’un appareil de chauffage, en gagnant 1°C de l’air nous diminuons l’humidité relative de quelque 5 %, (c’est un ordre de grandeur) à préciser avec des tables disponibles.

L’effet de la ventilation et du chauffage peut être perturbé par une masse végétale très abondante dans la serre. Nous le constatons par la présence de condensation localement forte sur les plantes ou sur les parois. Avant que cette situation n’amène des soucis de santé des plantes, procédons à ces endroits à un effeuillage supplémentaire.

L’orientation, un choix pas si facile

L’orientation des serres maraîchères n’est pas évidente. La configuration des lieux ne permet pas nécessairement tous les choix. Dans nos conditions belges et pour une structure en forme d’arc de cercle, l’orientation E-O peut permettre une meilleure luminosité en hiver que l’orientation N-S. En été, ce sera le contraire. L’importance relative des cultures d’été par rapport à celles d’hiver aidera donc à se décider.

D’autre part, les haies et les bâtiments voisins amènent une modification locale du sens des vents et une certaine turbulence.

Sur base de l’expérience locale, nous pouvons prévoir des aménagements lors des constructions futures.

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