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Les stocks de pommes de terre au 1er février: à quelque 2,4 millions de tonnes, les volumes sont particulièrement élevés!

Du 10 novembre au 1er  février, les marchés ont dégagé 22 % de la production initiale, soit près de 900.000 tonnes. Avec 2,4 millions de tonnes, les stocks belges sont les plus élevés jamais enregistrés, à ce stade, hormis février 2018. Au contraire d’Innovator, Challenger ou Bintje, Fontane semble être clairement réservée pour la fin de saison.

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L’évaluation des stocks en cours de commercialisation essentielle pour appréhender l’évolution des marchés. Pour ce faire, une enquête est menée par la Fiwap, le Carah et Inagro/Pca auprès des producteurs de pommes de terre de consommation. Au total, 216 agriculteurs ont accepté de répondre : 86 en Wallonie 130 en Flandre. Il en ressort de nombreux enseignements.

Évolution des stocks depuis la récolte jusqu’au 1er février

Au 1er février dernier, il restait chez les producteurs belges environ 59 % de la récolte initiale de pommes de terre de conservation (hors hâtives) en stock. C’est davantage que l’an dernier (55 %), et comparable à la moyenne des 3 dernières saisons (58 %). La part libre (volumes non concernés par un quelconque contrat) est estimée à 20 % de la production initiale, soit un tiers des stocks. C’est un peu plus que la moyenne des 3 dernières années : il reste donc du commerce libre à faire.

Quelque 70 % de la production initiale de Fontane sont encore en stock, et moins de la moitié de la récolte initiale en autres variétés. Ces proportions confirment les tendances depuis plusieurs années : Fontane est « réservée » pour la fin de saison, Innovator est essentiellement dégagée avant mars, Challenger et Bintje sont intermédiaires.

En Bintje, la commercialisation s’est accélérée entre novembre et février, avec 28 % de la production initiale dégagés sur cette période. C’est moins que l’an passé (de nombreux lots avaient dû être sortis avant l’heure, à la suite des problèmes de vitreuses), mais plus que lors des 3 années précédentes (20 à 24 %). Les échos des marchés confirment que la variété est plutôt rare (en raison du rendement assez faible) et recherchée. Un peu moins de la moitié du stock est encore libre.

Pour Fontane, le dégagement a concerné seulement 16 % de la récolte initiale entre le 10 novembre et février (80 jours), soit beaucoup moins que les 5 saisons précédentes (21 à 27 % sur 3 mois). Volonté délibérée des acheteurs de concentrer Fontane sur la fin de saison, ou conséquence plus « conjoncturelle » liée à une dégradation plus rapide de la qualité dans les autres variétés ? Plus de 75 % des stocks actuels sont déjà vendus !

Du côté de Challenger, par rapport à la récolte initiale, les stocks actuels (44 %) sont un peu plus bas que ces 3 dernières années (46 à 48 %), vu le dégagement accéléré en tout début de saison (28 % avant novembre).

Innovator  : les stocks actuels sont plutôt bas (41 % de la production initiale), en partie à cause de son rendement assez faible (44,6 t/ha de moyenne). Ce stock est déjà vendu à près de 80 %.

Autres variétés de conservation  : il s’agit essentiellement de Markies, Lady Anna, Royal et Felsina pour les frites, et Lady Claire et VR808 pour les chips. Ces variétés couvraient 18.300 ha pour un rendement moyen de 46,0 t/ha. Cette production a été moins bien dégagée que les 2 dernières années, de sorte qu’il restait début février 60 % de la production en stock, dont les ¾ déjà vendus.

Tonnages en stock et comparaison pluriannuelle

Selon l’enquête, il restait de l’ordre de 2,4 millions de tonnes de variétés de conservation dans les hangars belges début février, dont plus de la moitié en Fontane et environ 10 % en Challenger. Les stocks totaux sont supérieurs à toutes les années récentes sauf février 2018 (récolte excessive), mais les surfaces ont aussi progressé de 10 % en 3 ans ! Ils sont de 600.000 t supérieurs à l’an dernier, et 300.000 t supérieurs à février 2018.

Les volumes libres sont estimés à 820.000 tonnes, soit 1/3 des stocks totaux (cette proportion varie selon les variétés). C’est beaucoup plus que l’an dernier (340.000 tonnes) et qu’en février 2017 (600.000 tonnes), mais beaucoup moins qu’il y a 2 ans (1.250.000 tonnes – récolte excessive). Une situation intermédiaire donc.

Challenger  : avec 240.000 tonnes estimées, jamais les stocks n’auront été aussi élevés, en ligne avec la progression récente des surfaces. L’enquête montre aussi une proportion assez élevée de volumes libres : environ 100.000 tonnes, pour 140.000 tonnes déjà vendues. L’essentiel de la valorisation de Challenger est déjà réalisé puisque la période du 10 novembre au 1er février (80 jours) a dégagé 150.000 t, soit bien plus que les 3 années précédentes (70.000 à 100.000 t sur 90 jours).

Fontane  : avec 1.270.000 t estimées début février, elle occupe plus de la moitié des stocks belges. Un volume assez comparable à février 2018, et largement supérieur à l’an dernier (910.000 tonnes). Environ 470.000 tonnes sont encore à vendre, alors que 800.000 tonnes sont déjà vendues. En comparaison avec la saison 2017/2018, la proportion encore libre est moindre puisque moins de 40 % des volumes encore en stocks cette année n’ont pas encore d’acheteur contre plus de 45 % en février 2018. La période de novembre à février n’a dégagé que 280.000 t, soit le plus bas volume depuis 3 saisons.

Autres variétés de conservation  : les stocks de Bintje n’ont jamais été aussi faibles, conséquence de la perte progressive de surfaces plantées. Il resterait de l’ordre de 190.000 tonnes dans les hangars belges, dont une (petite) moitié encore à vendre. Seulement 110.000 tonnes ont été dégagées depuis le 10 novembre, principalement sous contrat. L’enquête estime les stocks d’ Innovator à 190.000 tonnes également, dont 80 % sont déjà vendus. Cette variété a été bien valorisée durant ces 3 derniers mois (200.000 tonnes).

Et pour la fin de saison ?

Jusqu’à présent, les marchés se sont avérés équilibrés, avec des cours libres naviguant autour des prix des contrats. Sur papier, les stocks belges sont suffisants. Il faut souhaiter que l’activité industrielle reste soutenue (rien ne laisse prévoir qu’elle faiblisse, que du contraire), et que l’export continue de dégager de bons volumes. Comme chaque année, la période de plantation (précoce ou tardive ?) viendra jouer son rôle d’influence au printemps.

Bon à retenir

Avec 2,4 millions de tonnes, les stocks sont les plus élevés jamais enregistrés, hormis février 2018 (récolte excessive). Fontane occupe plus de la moitié des stocks, tandis que Bintje y est presque marginale. Challenger y représente environ 10 %. Les évolutions variétales se poursuivent clairement. Il reste du commerce libre à faire puisqu’environ 1/3 des stocks est libre. Cette proportion est plus élevée pour Bintje (50 %) que pour Fontane et Challenger (40 %) ou Innovator (20 %).

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