Taille des fruitiers: pour les actinidias et vignes, préférez la fin de l’hiver
Nous terminons ici ce tour hivernal du jardin fruitier en abordant la taille des myrtilles arbustives, des espèces à fruits secs, des kiwis et des vignes. Pour ces deux dernières espèces fruitières, la taille se fera de préférence à la fin de l’hiver, lorsque les risques de grand froid sont écartés.
On le rappelle, chaque espèce doit être taillée en fonction de son mode de fructification. Mais la taille hivernale dépend aussi de la façon dont les plants ont été formés, ainsi que de leur âge.
La taille des myrtilles arbustives
Ces arbustes très branchus atteignent une hauteur de 1 à 1,25 m s’ils trouvent un sol qui leur convient : acide, frais et bien drainé. Ils sont conduits en buissons. Les groupes de fleurs se situent à l’extrémité de rameaux de l’année précédente.
La taille hivernale est une taille de renouvellement :
– les rameaux d’un an issus de la souche sont maintenus intacts ;
– sur les rameaux de deux ans, on enlève l’extrémité qui a fructifié ;
– si les rameaux d’un et deux ans sont en nombre suffisant, les rameaux de trois ans sont enlevés, sinon ils sont maintenus ;
– tout le bois plus âgé est enlevé.
La taille des espèces a fruits secs
Sur des plants de plusieurs années, une fois la formation achevée, on parlera ici davantage d’élagage que de taille proprement dite. Chez les noisetiers, on conserve 5 à 8 branches fortes issues de la souche. L’une d’elles sera éventuellement remplacée par une des nouvelles pousses ; les concurrentes sont enlevées.
Chez des châtaigniers et les noyers, après la formation d’une couronne équilibrée, la taille hivernale se limite à enlever des branches trop proches l’une de l’autre et qui font double emploi.
La taille des actinidias
Chez la plupart des kiwis (= à fruits velus) et des kiwaïs (= à fruits lisses), les plantes sont dioïques, ce qui signifie qu’il existe des plantes à fleurs mâles et des plantes à fleurs femelles ; quelques variétés sont hermaphrodites. La taille d’hiver sera fortement facilitée si on a effectué une taille d’été qui a éliminé un grand nombre de rameaux inutiles.
Les plantes femelles et hermaphrodites sont conduites en palmettes à deux étages de branches charpentières horizontales. Les pousses fructifères sont les rameaux d’un an de vigueur moyenne (figure 1). La taille hivernale est présentée à la figure 2 :
– tous les rameaux très longs (= les gourmands) et les pousses très courtes sont enlevés ;
– les pousses de vigueur moyenne (= 50-80 cm) sont conservées intactes ; selon le cas, elles peuvent être implantées directement sur une charpentière ou sur un rameau de deux ans qui a fructifié ;
– le bois de deux ans et plus est enlevé.
Le plant mâle est formé en T au-dessus du ou des plants femelles. Il est également taillé en été.
La taille des vignes
Les vignes fleurissent et fructifient sur les rameaux de l’année même (= les sarments) en face de la 4è ou 5è feuille, puis un ou deux nœuds plus haut. (figure 1). On pourrait en déduire que quelle que soit la variété et la forme de la charpente (espalier, U, pergola, Royat ou Guyot…), la taille hivernale consiste à conserver un seul bourgeon à chaque endroit où l’on souhaite voir se développer un sarment, et à éliminer tout le reste de la végétation de l’année précédente. Comme chez les actinidias, des tailles d’été sont indispensables pour mettre un peu d’ordre dans la ramure des vignes.
Dans une serre, elles sont généralement formées en cordon (= à axe unique) ou en U (= à deux axes distants de 80-100 cm). En plein air, elles sont soit formées en cordon vertical, adossées à un mur ou un contre-espalier, soit formées en haie de Royat ou en haie Guyot, soit en garniture d’une pergola (figure 3). Il existe encore pour les vignes de cuve beaucoup d’autres systèmes de conduite, anciens ou régionaux.
Dans la haie Guyot, les plants sont distants de 1 m (Guyot simple) à 1,5 m (Guyot double). Le cep est la seule pièce de charpente permanente ; il aura une hauteur de 70-80 cm. On conserve un ou deux « longs bois », sarments d’un an vigoureux implantés au sommet du cep, que l’on conduit à l’horizontale (ou arqués) sur le premier fil. On taille un autre sarment vigoureux sur deux yeux, afin d’obtenir de bons remplaçants et on enlève tout le reste (figure 4). Ce système convient bien pour des vignes vigoureuses (qualité du sol + sujet porte-greffe + variété). Les sarments issus des longs bois sont palissés à la verticale sur 3 fils.
Les cordons verticaux et les pergolas ont un cep unique ; les cordons de Royat (simple ou double) ont un cep vertical de 70-80 cm, et un ou deux bras horizontaux palissés au premier fil. Dans tous ces systèmes de conduite, on applique la même taille annuelle (figure 5) : les sarments de l’année précédente distants de 15 à 25 cm sont taillés soit sur un œil, soit le plus souvent sur deux yeux, soit sur quatre yeux, selon les variétés. Toutes les autres pousses sont éliminées.
La taille sur un œil donne un seul sarment fructifère, qui l’année suivante est taillé sur son premier bon œil.
La taille sur deux yeux donne deux sarments ; l’année suivante, le sarment basal est à son tour taillé sur deux yeux et le sarment distal est éliminé. Après quelques années, on simplifiera la couronne en repartant d’un reperçement.
Dans la taille sur 4 yeux, on conserve le premier et le quatrième œil. Le premier œil donne un sarment de remplacement non fructifère, le deuxième et le troisième sont enlevés ; le quatrième donne un sarment fructifère. L’année suivante, on taille le sarment de remplacement sur quatre yeux et on élimine tout le reste.
Wépion
