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Les escourgeons en sortie d’hiver: apportez les bonnes doses aux lignées et hybrides

Les cultures d’escourgeon se sont développées jusqu’ici sans vrai souci, sur des sols présentant à ce jour des richesses en azote dans la moyenne des valeurs observées ces 10 dernières années. Voici les conseils du Livre Blanc 2020 pour les apports en saison.

Temps de lecture : 5 min

Commençons par un coup d’œil sur la situation actuelle des escourgeons aux champs. À titre d’exemple, les semis du 11 octobre dans une plateforme expérimentale située à Lonzée (Gembloux) atteignaient déjà le stade « fin tallage, à la mi-février. «Les plantes sont bien en place et bien développées, soutenues en cela par des conditions favorables depuis leur implantation », indique Rémy Blanchard, du Cepicop.

Des réserves « normales » dans le sol

Dix-huit parcelles d’escourgeon ont été échantillonnées en ce début d’année (tableau 1). Les quantités d’azote disponibles dans les 90 premiers cm du profil se situent dans la moyenne de ces 10 dernières années. Une partie assez importante de l’azote se trouve dans le 3e horizon (de 60 à 90 cm). Les semaines qui ont suivi les échantillonnages ont été marquées par des pluies relativement importantes. Comme les sols étaient déjà saturés en eau, il est probable que l’azote présent dans les sols soit encore descendu, ce qui pourrait éventuellement compliquer sa récupération par la culture.

ESCOURGEON

Voici les fumures de référence…

La fumure de référence pour cette saison est basée sur les résultats de l’analyse pluriannuelle, sur une analyse des résultats des essais « fertilisation » de 2019 et sur les observations de ce début de saison.

Les réponses à l’azote différant entre les variétés lignées et hybrides, les schémas de fumure de référence seront traités séparément pour ces deux catégories et s’établissent comme suit :

–  lignées  : tallage (55 N), redressement (55 N) et dernière feuille (50 N) ;

–  hybrides  : tallage (25 N), redressement (75 N) et dernière feuille (75 N). Les variétés hybrides, fortes d’un système racinaire déjà bien développé avant l’hiver, ne doivent pas être trop stimulées en sortie d’hiver, mais le seront davantage dans les 2 fractions suivantes.

Comme pour le froment, ces conseils de fumure doivent aussi être adaptés en fonction des conditions culturales et de l’état de la culture au moment des apports. Chaque dose à appliquer doit être raisonnée sur la base de la référence et considérant de possibles correctifs tels que proposés dans le Livre blanc de février 2020.

… à adapter en fonction des situations

La fumure de référence est valable dans la majorité des situations culturales. Le meilleur moment pour effectuer l’apport post-hivernal de tallage doit coïncider avec la reprise de la végétation. Intervenir plus tôt ne s’est jamais concrétisé par un bénéfice à la culture, au contraire cela présente des risques pour l’environnement et pour la culture.

D’une manière générale, le conseil est de ne pas renforcer la fraction de tallage de la fumure azotée, qui reste de 25 kg N/ha pour les variétés hybrides et de 55 kg N/ha pour les variétés lignées. Dans une situation normale, augmenter de manière trop importante ces fumures risquerait de provoquer un développement de talles surnuméraires, non productives et génératrices de difficultés de conduite de la culture (densité de végétation trop forte, verse, maladies…).

Au tallage

Toutefois, une majoration de la dose préconisée au tallage peut se concevoir dans des situations particulières, lorsque l’emblavure apparaît claire ou peu développée à la sortie de l’hiver, comme dans les exemples suivants : certains semis tardifs ; à la suite de l’arrêt précoce de la végétation à l’arrière-saison ; à la suite d’un déchaussement de plante.

Dans certaines situations, il est possible de faire l’impasse sur la fraction de tallage  : parcelles à bonne minéralisation; cultures très denses en sortie d’hiver ; parcelles ou la culture est plus précoce et proche du redressement à la sortie de l’hiver ; en conditions climatiques sont particulièrement favorables.

Notons que si l’impasse de ce premier apport est nécessaire ou justifié, il reste important de respecter certaines règles quant au moment de l’application. Faire l’impasse de toute fumure avant le stade 1er nœud est souvent très pénalisant. De ce fait, il conviendra donc d’anticiper et d’appliquer la fraction unique « tallage + redressement » quelques jours avant le stade « épis à 1 cm », en veillant à ne pas dépasser un total de 115 kg N/ha. Toutefois, notre conseil est de se limiter à 100 kg N/ha.

À l’opposé, il convient de ne pas faire l’impasse sur la fumure de tallage dans les situations suivantes : parcelles peu fertiles ou trop froides, même en Hesbaye ; parcelles dont les sols resteraient gorgés en eau au mois de mars (à l’image de 2012).

Au redressement

À partir du redressement, les besoins de l’escourgeon deviennent importants. Les disponibilités à ce stade doivent être suffisantes pour couvrir les besoins afin d’éviter toute faim azotée mais, comme pour le tallage, il faut éviter, quelles que soient les situations, d’appliquer des fumures excessives au risque d’entraîner ultérieurement des problèmes de verse, maladies…

À la dernière feuille

La fraction de dernière feuille est destinée à assurer d’une part, le remplissage maximum des grains en maintenant une activité photosynthétique la plus longue possible et d’autre part, un transfert parfait des matières de réserve vers le grain. Pour autant que la fumure appliquée précédemment ait été correctement ajustée, la dose de référence à épandre à cette période est fixée à 75 kg N/ha pour une variété hybride et 50 kg N/ha pour une lignée.

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