Pomme de terre et variétés robustes: un intérêt aussi pour les producteurs «conventionnels »!
Il existe aujourd’hui une liste de 25 variétés de pommes de terre dites robustes. Un éclairage a été apporté sur celles-ci et la convention qui les promeut, lors d’une journée technique organisée il y a peu par le Centre pilote pommes de terre.

La filière hollandaise signe une convention «pommes de terre robustes bio »…
… et notre pays fait de même en 2018
Un an plus tard, une Convention quasiment identique était signée en juillet en Région flamande à l’initiative de Bioforum. Et en novembre de cette même année 2018, à l’occasion d’Interpom, une convention similaire était actée en Région wallonne, par Biowallonie, la Fiwap et l’Unab.
Une variété robuste, c’est quoi?
Avant d’aller plus loin, il est bon de préciser ce qu’il faut entendre par ce qualificatif. Les variétés dites robustes sont d’abord tolérantes ou résistantes au mildiou, et/ou présentent une précocité permettant d’assurer une production et une qualité suffisantes avant l’installation du pathogène responsable de la maladie (phytophtora infestans). Pour être qualifiées de robustes, ces variétés doivent en outre pouvoir « garantir » un rendement et une qualité suffisants en conditions climatiques plus difficiles (sécheresse, chaleur…), et en conditions plus restreintes en azote et phosphore.
« Il est évident que de telles variétés peuvent aussi présenter un intérêt pour les producteurs qui ne cultivent pas en mode bio », poursuit Daniel Ryckmans. Et cela, à plusieurs égards :
– elles donnent la possibilité d’alléger la protection fongicide et de répondre ainsi à la diminution du nombre de matières actives fongicides autorisées pour la culture ;
– elles assurent une réponse aux préoccupations des citoyens, des consommateurs ;
– elles permettent une diminution des frais phytosanitaires et un gain de temps pour faire autre chose que protéger ses parcelles ;
– elles sont un moyen de contrecarrer l’agent du mildiou, Phytophthora infestans, dont on sait qu’il est un pathogène complexe, évolutif ;
– elles manifestent un comportement spécifique vis-à-vis du mildiou : les variétés n’ont pas toutes le même comportement. L’orateur illustre cela par deux exemples :
1) « l’encapsulation » du mildiou telle qu’on l’observe chez la variété robuste à chair tendre Connect. En toute fin de saison, si la pression est forte, cette variété peut certes être infectée, présenter quelques taches mais rien de plus car le mildiou est bloqué et ne se développe plus. C’est une caractéristique variétale ;
2) un autre type de comportement est celui qu’exprime la variété robuste Gaïane : plus l’attaque du mildiou ou la pression exercée par celui-ci est forte et soudaine, plus la variété engage rapidement et vigoureusement un mécanisme de défense.
« De nombreuses variétés robustes possèdent un gène de résistance (R8 provenant de Solanum demisum, variété sauvage d’Amérique) ; certaines en possèdent déjà 2. Et les futures variétés robustes en posséderont souvent 3, voire davantage ! »
Le principe de base de cette convention transfrontalière ? L’ensemble de la filière est impliqué !
La Convention « variétés robustes » en pratique
Qui s’engage à faire quoi ?
Pommes de terre robustes et producteurs «classiques» : des liens et des exemples pratiques…
Une première liste de 25 variétés reconnues
Il existe aujourd’hui une liste composée de 25 variétés robustes (tableau 1) reconnues sur l’ensemble du territoire belge. On y retrouve 8 « chair ferme », 11 « chair tendre », 5 variétés à frites et 1 variété à chips.
Les obtenteurs de ces variétés robustes proviennent de tous les pays environnants et même du Danemark. On trouve également dans cette liste la variété belge Louisa (chips chez Roger et Roger en culture classique et aussi chez d’autres petits transformateurs en culture bio) créée par Alice Soete dans le cadre du programme d’amélioration mis en œuvre au Centre wallon de recherches agronomiques à Libramont, et multipliée par Comexplant.
Chez les producteurs wallons bio : 1/3 de variétés robustes
Dans le cadre de la Convention, la Fiwap a réalisé, l’été dernier, une enquête pour évaluer la proportion de variétés robustes cultivées par les agriculteurs bio. Sur les 56 producteurs contactés, 34 ont répondu (taux de réponse : 64 %). Les résultats concernent une surface de 248 ha, dont 33 % plantés en variétés robustes, réparties comme suit : 75 % pour le marché du frais (30 ha en chair tendre et 60 ha en chair ferme) et 25 % pour la transformation (surtout frites, un peu chips). La variété Allians (chair ferme) arrive très largement en tête au sein de ces 248 ha, devant Connect, Sévilla, Vitabella et Carolus.
« Sur le marché du frais, il semble que, de la production jusqu’à la grande distribution, l’ensemble de la filière s’y retrouve et qu’il y a déjà une palette de variétés robustes suffisamment intéressantes pour que ce secteur progresse encore. Sur le marché de la transformation, plus particulièrement sur celui de la frite, il n’y a toujours pas de remplaçantes sérieuses pour Agria, Carlus et Sevilla ne convenant pas. Pour le développement de variétés robustes pour la transformation, il faut absolument trouver là ou les variétés capables de rivaliser avec Agria. La saison 2019 sèche et chaude a permis à Agria de se tirer d’affaire et de satisfaire tant les producteurs que les transformateurs. Mais ce ne sera pas toujours le cas », indique Daniel Ryckmans.
Une première plateforme démonstrative à Emines