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Plants de pommes de terre: les conseils du Carah pour le bon démarrage de la culture

La réussite de la production commence dès l’arrivée des plants à la ferme. Une matière première précieuse à contrôler, conserver et préparer avec minutie !

Temps de lecture : 8 min

Dès la réception de vos plants, le Carah conseille de contrôler immédiatement la qualité des lots. Il s’agit de prélever et laver un échantillon de plants d’une centaine de tubercules par lot, vérifier le stade de germination du plant et évaluer la présence de maladies sur les tubercules : rhizoctone, gale argentée ou dartrose.

Veillez à conserver les étiquettes des plants pendant 5 ans. Le plant certifié a reçu sa certification, car il correspond aux normes de qualité en vigueur dans le pays de production au moment de sa certification. Les plants wallons doivent répondre aux normes reprises dans l’Arrêté du Gouvernement wallon relatif à la production et à la commercialisation des plants de pommes de terre (M.B. 12 mai 2014), disponibles sur le site http://environnement.wallonie.be/legis/agriculture/qualite/qualite107.htm.

La conservation

Dès réception, les plants doivent être aérés pour éviter les risques de condensation occasionnés par la différence de température entre les frigos de stockage et l’air ambiant. En effet, l’apport d’eau dans les lots engendre un développement rapide de nombreux pathogènes (gale argentée, fusariose, bactérioses…), occasionnant d’importantes pertes de vigueur du plant et le développement des pourritures.

Pour ce faire, plusieurs possibilités s’offrent au producteur selon ses infrastructures :

– étalement en couche mince (environ 30 cm de hauteur) ;

– ventilation par caillebottis ou canaux (déconseillée si utilisation préalable d’anti-germinatifs dans l’infrastructure) ;

– alignement des sacs dépalettisés et espacés ;

– les big-bags doivent être déchargés ou directement ventilés selon la nature de la toile.

Il est également important de veiller à :

– abriter les plants de la pluie et du gel… dans un bâtiment ouvert aux vents ;

– ne pas les stocker dans les hangars ayant contenu du chlorprophame (problèmes de levée en perspective) ;

– éviter les coups.

Des plants de qualité sont indispensables pour espérer une récolte de qualité. Prenons soin déjà de ne rien laisser au hasard depuis la réception de cette précieuse marchandise jusqu’à sa mise en terre.
Des plants de qualité sont indispensables pour espérer une récolte de qualité. Prenons soin déjà de ne rien laisser au hasard depuis la réception de cette précieuse marchandise jusqu’à sa mise en terre. - M. de N.

Réchauffement des plants

Une bonne préparation des plants aide à moduler les dates de plantation en fonction du climat et de l’état du sol. Les plants réveillés (stade points blancs) pour les pommes de terre de consommation offrent une grande souplesse en la matière, autorisant des décalages d’une à deux semaines sans grande perte de précocité ni de rendement.

Insatisfait de la qualité de vos plants ?

Si vous estimez que les plants ne correspondent pas aux normes en vigueur, contactez immédiatement votre fournisseur. Comme de légères détériorations sont toujours possibles entre le moment de la certification et la commercialisation, la Carah vous conseille de vous référer aux normes RUCIP de 2017 pour évaluer l’acceptabilité d’un lot. Ces normes sont consultables dans leur intégralité sur internet à l’adresse www.belgapom.be/fr/rucip.

Les normes RUCIP 2017 (tableau) pour le commerce de pommes de terre de semence sont les suivantes :

1.  sont considérés comme pommes de terre de semence les tubercules entiers (non coupés) qui sont certifiés par un organisme officiel de certification, aptes à être utilisés aux fins de reproduction ;

2.  les pommes de terre de semence doivent être commercialisées en lots suffisamment homogènes :

– soit en emballages neufs, fermés et munis d’un système de fermeture inviolable et d’un étiquetage officiel ;

– soit en vrac, munis d’un système de fermeture inviolable accompagné d’un étiquetage officiel et d’un document de transport ;

3.  un lot doit rester dans sa composition naturelle dans le calibrage stipulé au contrat ;

4.  les pommes de terre de semence doivent être de la variété, de la catégorie, de la classe, de l’origine, du conditionnement, du terrain et du calibrage stipulés au contrat. Elles doivent être exemptes de défauts intérieurs et extérieurs, et exemptes de dégâts de gel ;

5.  Tout traitement chimique à la demande de l’acheteur doit être convenu à la conclusion du contrat et doit être mentionné sur l’étiquetage.

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Traitements contre le rhizoctone brun

Il est possible de traiter les plants contre le rhizoctone brun. Différents produits sont agréés suivant leur mode d’application : poudrage, traitement liquide ou traitement du sol.

Attention : lors d’un traitement liquide, on veillera à humidifier les plants le moins possible (maximum 2 l de bouillie/tonne) et même à les sécher dans le cas de l’utilisation d’une quantité importante de mélange. Il est important de traiter des tubercules qui sont secs à la base ; ne pas les traiter dès la sortie du frigo, car le risque de condensation est important. Il est préférable de traiter les plants à une température supérieure à 8ºC et avec une faible hygrométrie.

Le Carah – et la société Bayer – déconseille toute utilisation de produits à base de pencycuron. En effet, de nouvelles normes plus strictes concernant la limite maximale de résidus (LMR) de cette substance active risquent d’entrer en vigueur.

Les plants peuvent être traités contre le rhizoctone brun. Selon les produits, l’application se fait par poudrage, traitement liquide ou traitement du sol.
Les plants peuvent être traités contre le rhizoctone brun. Selon les produits, l’application se fait par poudrage, traitement liquide ou traitement du sol.

Les plants coupés requièrent une attention toute particulière

L’utilisation de plants coupés reste une pratique à risque à éviter tant que possible. Tout d’abord, il faut savoir qu’un plant coupé perd sa certification. La coupe de plants, lorsqu’elle n’est pas appliquée convenablement, est susceptible de disséminer rapidement et massivement les maladies fongiques, virales (faible développement des plantes) ou bactériennes (mauvaises levées) et, en particulier, les maladies de quarantaine. En effet, en l’absence de désinfection continue des équipements et outils (disques/couteaux) utilisés pour la coupe, les organismes nuisibles sont propagés de proche en proche au sein du même lot puis aux autres lots passant sur les mêmes chaînes de coupe.

La coupe des plants de pommes de terre peut être réalisée :

– par l’utilisateur des plants coupés;

– ou par un entrepreneur enregistré par l’Afsca et à la demande et pour le compte de l’utilisateur des plants coupés.

La coupe peut avoir lieu soit à l’adresse de l’unité d’exploitation de l‘utilisateur des plants coupés, soit à l‘adresse d‘exploitation de l‘entrepreneur enregistré.

Les plants à couper doivent être parfaitement sains au départ. Il est essentiel que les plants soient inspectés visuellement avant d‘être coupés, afin de vérifier l‘absence de tubercules contaminés. La température idéale pour la coupe est de 12°C. Après la coupe, il est nécessaire de laisser la surface coupée s‘indurer à l‘air. Le séchage sera favorisé par l‘application de talc sur les tubercules coupés. Un séchage soigné est également bénéfique à la conservation en caisses ultérieurement.

Ce sont principalement les agents de pourritures fongiques et bactériennes qui risquent d‘être transmis par la machine, c’est pourquoi il faut toujours désinfecter les lames et couteaux selon une méthode efficace. Cette désinfection peut être réalisée au moyen d’un système qui pulvérise en continu un agent désinfectant sur la surface coupante ou en faisant tourner les lames et couteaux en continu dans une solution désinfectante. Il faut tenir compte du fait que le liquide désinfectant va se diluer avec le temps, à cause de l’eau libérée des tubercules par la coupe des plants. Il est évident que la concentration de liquide désinfectant doit être contrôlée afin de pouvoir la réajuster en temps utile. Les lames et les couteaux doivent être insensibles à la rouille (en inox par exemple). Après la coupe d‘un lot, tous les éléments de la ligne de coupe et de la machine qui sont entrés en contact avec les plants, doivent être entièrement et soigneusement nettoyés et désinfectés. Un nettoyage efficace doit également être réalisé en vue d‘enlever la terre adhérente et autres déchets solides dans les interstices, éventuellement via un nettoyage à l‘eau sous pression.

Une solution d‘ammonium quaternaire est conseillée en tant que désinfectant, vu sa faible toxicité, son efficacité et ses particularités non corrosives. L‘ajout d‘un liquéfiant peut renforcer le contact entre le produit désinfectant et la surface de coupe de la lame ou du couteau.

La densité de plantation devra être augmentée par rapport à une densité en plant entier de 35/45mm. Le traitement du plant contre le rhizoctone est possible avant la coupe, sur des plants bien secs. Le traitement liquide juste après la coupe est déconseillé car il augmente le risque de phytotoxicité et ne se justifie pas techniquement (pas présence de spores de gale argentée ni de sclérotes de rhizoctone à l’intérieur des tubercules). De plus, les tubercules coupés ne seraient pas traités de manière homogène sur une table à rouleau, ne tournant pas bien sur cette table.

Déclaration pour les plants fermiers

Rappelons encore qu’il est indispensable de déclarer l’implantation de production de plants fermiers. Vous devez déclarer cette production à votre Unité Provinciale de Contrôle (UPC) avant le 31 mai prochain. Les informations et les documents nécessaires peuvent être téléchargés sur le site : www.afsca.be/productionvegetale/commerceintracommunautaire/#pdt.

Dans le cadre d’une utilisation de variétés protégées obtenues par des obtenteurs en 2019, une déclaration doit être effectuée sur le site www.hoevepootgoed.be/fr/.

Toutefois, la production de ces plants a un coût non négligeable, d’autant plus s’il s’agit de variétés sous monopole. L’épuration virale est un travail qui demande un œil expert et n’est pas à la portée de tous. La conservation doit également se faire dans de bonnes conditions. Ainsi, selon la réussite de la culture, le plant fermier peut être de qualité médiocre. « L’achat de plants certifiés est donc un gage de qualité, aussi bien au niveau de la pureté variétale que de la qualité sanitaire », conclut le Carah.

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