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Plan «vision 2024» de l’Amcra: vers une utilisation responsable des antibiotiques chez tous les animaux

La lutte contre l’utilisation excessive des antibiotiques – qui conduit à l’antibiorésistance – se poursuit sans relâche. Le Centre de connaissances concernant l’utilisation des antibiotiques et l’antibiorésistance chez les animaux (Amcra) nous présente pour la première fois sa « vision 2024 ». Penchons-nous sur ce plan ambitieux.

Temps de lecture : 7 min

Depuis sa création en 2011, le Centre de connaissances concernant l’utilisation des antibiotiques et l’antibiorésistance chez les animaux (Amcra) travaille sur l’utilisation durable des antibiotiques en élevage. car l’utilisation des antibiotiques en médecine animale et le développement de la résistance qui en résulte chez les animaux et les humains constituaient un problème majeur. Depuis lors, un long chemin a été parcouru

Vision 2024

Dans le prolongement de sa « Vision 2020 » rédigé en 2014, l’Amcra a récemment développé un nouveau plan sur la politique en matière d’antibiotiques pour animaux en Belgique pour les années 2021 à 2024. Celui-ci la réduction maximale de l’usage d’antibiotiques, chez toutes les espèces animales et par tous les vétérinaires.

Toutes les mesures proposées s’inscrivent dans la volonté d’asseoir un élevage animal durable, qui recherche la santé et le bien-être optimaux des animaux tout en tenant compte des attentes de la société, de l’impact sur l’environnement et qui préserve la rentabilité économique. La stratégie se base sur la prévention.

La réalisation des objectifs proposés exigera à nouveau des efforts de la part de tous les secteurs concernés ainsi que des autorités. Ce plan repose principalement sur l’autocontrôle mais nous comptons également sur le soutien des autorités pour progresser grâce à la corégulation.

Le plan a été élaboré en collaboration entre l’Amcra, l’Université de Gand et l’Université de Liège, VDV (organisation vétérinaire), pharma.be, BFA (industrie des aliments composés) et Agrofront (Boerenbond, ABS et Fwa). La vision 2024 fera partie du plan d’action national One Health contre la résistance aux antimicrobiens développé par les autorités.

Trois objectifs de réduction

En définissant les objectifs décrits ci-dessous, nous sommes partis du principe que les objectifs du plan seraient atteints. Le monitoring constant de ces objectifs (utilisation totale, utilisation d’aliments médicamenteux avec antibiotiques et utilisation d’antibiotiques ayant le code couleur rouge) doit assurer qu’ils ne seront plus jamais dépassés.

Objectifs de réduction spécifiques à chaque espèce animale au niveau des exploitations et 1 % maximum de gros utilisateurs d’ici 2024. Des valeurs de benchmarking sont fixées pour chaque catégorie animale (parmi les animaux producteurs de denrées alimentaires). Les valeurs limite de 2024 pour les faibles utilisateurs (zone verte), les utilisateurs à surveiller (zone jaune) et les gros utilisateurs (zone rouge) seront déterminées sur la base des données disponibles à ce moment. Des valeurs intermédiaires seront cependant déterminées pour 2022 afin de parvenir à l’objectif final de manière progressive.

Sectorspecifieke doelstelling_FR

L’utilisation totale d’antibiotiques rejoindra l’utilisation médiane européenne d’ici 2024. Le dernier rapport ESVAC (European Surveillance of Veterinary Antimicrobial Consumption) montre que la valeur médiane de l’utilisation d’antibiotiques dans 30 pays européens correspond à 57 mg/PCU (ceci correspond approximativement à 50 mg/kg de biomasse). La médiane est restée assez stable ces dernières années. Les pays qui ont des systèmes de production intensive, comparables à ceux de la Belgique, ont une utilisation d’antibiotiques aux alentours de 50 mg/kg de biomasse. Une diminution graduelle de l’usage d’antibiotiques chez les animaux en Belgique devra permettre de rejoindre en 2024 l’usage médian d’antibiotiques en Europe, c’est-à-dire 50 mg/kg de biomasse. Cela signifie que nous devrions utiliser 65 % d’antibiotiques en moins en médecine vétérinaire par rapport à 2011 à cette échéance, soit encore un effort de 15 % si la réduction de 50 % visée d’ici fin 2020 est atteinte.

Totale doelstelling_FR

Utilisation maximale d’1 mg de colistine/kg de biomasse d’ici 2024. L’Agence européenne des médicaments (Ema) a fixé l’objectif de consommation maximale de colistine en médecine vétérinaire à 1 mg/PCU pour les pays européens ayant une faible consommation. En 2018, la consommation de colistine en Belgique s’élevait à 1,69 mg/kg. Elle a déjà baissé de 64,4 % par rapport à 2011, mais elle devra encore diminuer pour atteindre au plus tard fin 2024 l’objectif de l’Ema. À cet effet, la colistine ne sera plus utilisée dans les aliments médicamenteux au plus tard en 2021.

Colistine doelstelling_FR (2)

Neuf actions concrètes

Pour atteindre ces objectifs, on prévoit les actions concrètes suivantes :

– collecte de données et benchmarking de l’utilisation d’antibiotiques pour tous les animaux ;

Actuellement, la collecte de données d’utilisation d’antibiotiques chez toutes les exploitations de porcs, de volaille, de veaux de boucherie et de la majorité des exploitations de bétail laitier est déjà réalisée. Nous avons l’ambition d’élargir ce système afin que d’ici fin 2022 au plus tard tous les animaux producteurs de denrées alimentaires soient inclus dans un système d’enregistrement obligatoire. Par ailleurs, il faudra également monitorer via les vétérinaires l’utilisation d’antibiotiques chez les animaux de compagnie.

– collecte des données et benchmarking de tous les vétérinaires ;

Il faut effectuer un benchmarking de tous les vétérinaires actifs dans le secteur des animaux producteurs de denrées alimentaires via les données collectées au niveau des exploitations. Les vétérinaires qui travaillent avec des animaux qui ne sont pas producteurs de denrées alimentaires (animaux de compagnie, chevaux, autres animaux…) doivent communiquer les données relatives aux antibiotiques qu’ils prescrivent ou administrent au niveau de leur cabinet.

– coaching individuel des utilisateurs à surveiller et des gros utilisateurs ;

Les utilisateurs à surveiller (en zone jaune) et les gros utilisateurs (zone rouge) doivent être activement aidés, grâce au plan sanitaire de l’élevage, pour parvenir à améliorer la santé des animaux tout en diminuant leur usage d’antibiotiques. Le plan doit préciser explicitement la façon dont ils prévoient de faire baisser leur consommation à un niveau plus acceptable et dans quel délai. L’établissement du plan sanitaire de l’élevage et son application doivent être facilités par le vétérinaire d’exploitation et, pour les gros utilisateurs, également par un coach externe.

– élargissement de la réglementation relative aux antibiotiques « rouges » à toutes les espèces animales ;

La réglementation relative à l’usage conditionnel des « antibiotiques rouges » doit être élargie à toutes les espèces animales. Il faut favoriser simultanément la disponibilité des « antibiotiques jaunes », également pour les espèces mineures. Les antibiotiques qui ne sont pas d’importance critique doivent toujours être utilisés en priorité par rapport aux « antibiotiques rouges ».

– contrôles ciblés sur la base des rapports d’utilisation des antibiotiques ;

Les rapports d’utilisation et de fourniture d’antibiotiques permettent de détecter les irrégularités relatives à la quantité ou au type d’antibiotiques utilisés. Les pouvoirs publics effectueront des contrôles ciblés auprès des éleveurs et des vétérinaires pour détecter les anomalies.

– formation continuée des éleveurs pour l’utilisation de médicaments vétérinaires ;

Tous les éleveurs qui disposent d’un contrat de guidance et peuvent de ce fait constituer une réserve d’antibiotiques dans leur exploitation devront obligatoirement suivre une formation relative à l’usage adéquat et prudent de ces médicaments. Cette formation devra aussi aborder les mesures possibles de prévention des maladies afin de réduire l’usage des AB (cf. phytolicence).

– sensibilisation et éducation ;

L’Amcra continuera à s’investir dans le conseil, la communication et la sensibilisation par tous les canaux possibles, aussi bien écrits qu’oraux et par sa présence lors de salons professionnels et lors d’événements. La collaboration entre l’industrie agroalimentaire et les distributeurs sera intensifiée.

– accent sur la prévention des maladies animales ;

Le niveau de biosécurité et de prévention des maladies animales dans les exploitations doit être amélioré. La biosécurité et la stratégie de vaccination seront évaluées dans chaque exploitation à l’aide de programmes pour pouvoir les ajuster lorsque c’est possible. L’évaluation de la biosécurité fera donc partie intégrante du plan sanitaire de l’exploitation. Les autorités compétentes contrôleront activement les facteurs critiques tels que la densité d’occupation, l’âge du sevrage, l’âge minimal lors du transport…

– monitoring et rapportage de la résistance aux antibiotiques renforcés ;

Le monitoring de la résistance aux antibiotiques de bactéries indicatrices sera élargi à des espèces animales non productrices de denrées alimentaires. Le monitoring de l’antibiorésistance de bactéries pathogènes, provenant d’animaux producteurs et non producteurs de denrées alimentaires, bénéficiera d’une plus grande attention et d’une meilleure structure. Un programme national de monitoring sera établi et ses résultats seront largement diffusés chaque année.

D’après l’Amcra

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