Les petits fruits des genres Ribes et Rubus: une délicieuse diversité au sein du verger
Présents dans bon nombre de jardins, les groseilliers, framboisiers et ronces produisent des fruits d’une incroyable diversité de couleurs, goûts et usages. Et s’il n’est pas toujours facile de faire ses choix dans un tel panel, ce petit guide devrait vous y aider.

Trop souvent, ils sont relégués dans une partie du jardin où ils ne peuvent donner pleine satisfaction, par exemple en raison d’un manque de lumière dû à la présence d’arbres surplombants ou d’un manque de soins (plantation trop dense, taille inappropriée, fumure insuffisante, concurrence de plantes adventices).
À côté des petits fruits traditionnels, les
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Les groseilliers appartiennent au genre Ribes, le seul qui compose la famille des Grossulariacées. À l’état naturel, il compte 140 à 150 espèces qui sont classées en 7 sous-genres, ainsi que des hybrides interspécifiques. On les rencontre dans les régions tempérées de l’Hémisphère nord et dans des zones montagneuses d’Amérique centrale et d’Amérique du sud, jusqu’en Patagonie.
Trois sous-genres comportent des espèces qui produisent des fruits comestibles, et plusieurs espèces américaines ont été introduites comme plantes ornementales. En recourant à des hybridations interspécifiques, la création de variétés fruitières a permis l’obtention de fruits de goûts et d’aspects différents, se prêtant à d’autres usages.
Des usages multiples et divers
Les groseilliers sont cultivés depuis le 14è siècle dans les abbayes. L’espèce originale Ribes rubrum a été améliorée par croisements entre Ribes sativum, Ribes petraeum et Ribes multiflorum.
Les baies rouges, roses ou blanches sont riches en acides malique, citrique et tartrique, ainsi qu’en vitamine C. Elles se prêtent à diverses utilisations culinaires, en salades de fruits, jus, gelées et confitures. Après séchage modéré, elles peuvent être utilisées en tisanes ou pour produire un colorant noir. Les feuilles produisent un colorant jaune ; après séchage, elles fournissent une tisane utilisée en prévention des rhumatismes. Tous les Ribes sont mellifères.
Les cassissiers appartiennent à l’espèce Ribes nigrum. Ils sont également cultivés depuis le 14è siècle, mais leur culture s’est développée en Europe et au Proche-Orient après la Seconde Guerre mondiale, suite à la mise au point de machines de récolte.
Les baies noires sont appréciées pour leur richesse en vitamine C et en composés aromatiques. Ces derniers sont également présents dans le feuillage. Les fruits sont utilisés en jus, gelées, liqueurs, dans des desserts lactés, en sorbets, en confiseries ; ils ont des propriétés bactériostatiques. Les feuilles sont utilisées en tisanes ou comme colorant jaune, les fruits comme colorant bleu-violet.
Les groseilliers épineux sont indigènes ; eux aussi sont cultivés en Europe depuis le 14è siècle, et leur culture a pris une forte extension sous l’influence de l’Angleterre au 16è et au 17è siècle.
Les baies riches en acides et en minéraux ont des propriétés apéritives. Elles sont consommées en marmelades, confitures, pâtisseries ou à l’état frais.
Trois sous-genres
Le premier sous-genre, Grossularia, intègre les groseilliers épineux (ou « à maquereaux »).
Comme cette espèce est très sensible à l’oïdium américain Sphaerotheca mors-uvae, il est déconseillé de planter les variétés classiques qui demanderont un nombre élevé de traitements fongicides en mai et juin, et de préférer quelques variétés nouvelles actuellement résistantes. Par exemple :
– à fruits pourpres : ‘Captivator’ ou ‘Germania’ ; ‘Hinnomacki rod’ ; ‘Freedonia’ ou ‘Pax’ ;
– à fruits jaunes : ‘Hinnomacki gül’ ; ‘Pixwell’ ou ‘Spinefree’ ;
– à fruits verdâtres : ‘Invicta’ ou ‘Robustenda’.
Le deuxième sous-genre, Ribesia, regroupe des espèces originaires d’Europe et d’Asie dont quatre espèces cultivées et nombreux hybrides.
Baies blanches, roses, rouge vif ou rouge foncé. Pour les variétés rouges, par association de plusieurs variétés, la récolte peut être échelonnée sur 5 à 6 semaines ; pour les variétés blanches ou roses, l’assortiment est plus restreint.
Variétés rouges :
– précoces : ‘Jonkheer van Tets’, ‘Junifer’, ‘Heros’ = ‘Laxton perfection’ ;
– de moyenne saison : ‘Stanza’, ‘Wilder’, ‘Versaillaise rouge’, ‘Rovada’ ;
– tardives : ‘Rondom’,’Heinemann’s rote spätlese’, ‘Rotet’, ‘Rosetta’, ‘Mulka’.
Variétés roses : ‘Versaillaise rose’, ‘Gloire des Sablons’, ‘Rose de Champagne’.
Variétés blanches : ‘Versaillaise blanche’, ‘Cerise blanche’, ‘Witte parel’, ‘Blanka’, ‘Albatros’.
Enfin, le troisième sous-genre, Copreosma, regroupe des espèces d’Europe et d’Amérique du Nord.
Variétés de moyenne saison : ‘Noir de Bourgogne’ (fécondation croisée avec ‘Géant de Boskoop’), ‘Wellington XXX’, ‘Silvergieters Schwarze’.
Variétés mi-tardives : ‘Géant de Boskoop’, ‘Tenah’, ‘Black reward’, ‘Roodknop’, ‘Black down’autoféc.
Variétés à fruits blancs : ‘Cassis blanc’,’Ojeblanc’.
Variétés : ‘Anita’, ‘Josta’, ‘Rita’.
Côté multiplication, croissance et taille
Groseilliers à grappes, cassis et hybrides : boutures ligneuses de bois sec, simples, à talon, à crossette.
Groseilliers épineux : marcottes.
Croissance basitone : croissance limitée des rameaux en hauteur, formation de nouveaux rameaux sur la souche. Buissons à 10-12 branches à 2 x 1,50 m – Fuseaux à 2 x 0,5 m – Palmettes à 2-3 branches à 2 x 0,7-1 m.
Taille des groseilliers à grappes en conservant du bois âgé court.
Taille des cassissiers, groseilliers épineux et hybrides en conservant intact du bois de l’année précédente de vigueur moyenne.
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Le genre Rubus appartient à la très vaste famille des Rosacées ; il est lui-même un genre très vaste qui, selon les critères de classement, compterait de 400 à 500 espèces ! Leur identification exacte est souvent difficile : il faut disposer à la fois de portions médianes de tiges feuillées de l’année, d’inflorescences et de fruits ! Notre flore en compterait une soixantaine, classées en une dizaine de sous-genres.
Les Rubus sont présents dans tout l’Hémisphère Nord, particulièrement dans les régions boisées, ainsi que dans des hautes montagnes de l’Hémisphère Sud.
Ils portent des fruits composés de plusieurs drupéoles contenant chacune une graine, réunies autour d’un réceptacle cylindrique. Celui-ci reste attaché aux drupéoles chez les ronces, il s’en détache chez les framboises. Les drupéoles des mûres sont glabres et brillantes, celles des framboises sont pubescentes. La teinte des fruits varie du blanc au jaune-orange, au rouge vif, au rouge pourpre et au violet foncé.
Ce sont des plantes sarmenteuses à tiges épineuses, bisannuelles ou plus ou moins vivaces (= pérennantes). Les feuilles sont caduques ou semi-persistantes : elles subsistent pendant la période hivernale et tombent lors de la pousse printanière.
D’abord les framboises, ensuite les mûres
Dans le passé, les mûres et les framboises ont fait l’objet de récolte dans la nature, puis ont été cultivées à partir du 16è siècle pour les framboises et, après introduction de variétés américaines très productives, au 19è siècle pour les mûres.
Les deux fruits sont consommés à l’état frais ou utilisés de nombreuses manières en cuisine : jus, vins, liqueurs, marmelades, gelées, confitures ou autres. Ainsi, une compote de pommes dans laquelle on incorpore en fin de cuisson quelques mûres fraîches aura une couleur bien différente et un goût plus prononcé.
Les feuilles des deux espèces, seules ou en mélange, sont utilisées en tisanes remédiant à différentes affections.
Les principales espèces cultivées
Tiges bisannuelles non ramifiées, de 1,5 à 2 m, légèrement épineuses, ou turions appelés « cannes », émis par les rhizomes ou la base de rameaux précédents. Chez les variétés dites « de juin », croissance végétative la première année, floraison-fructification puis dépérissement la seconde année. Chez les framboisiers dits d’automne, ou « remontants » ou « bifères », une inflorescence se forme en été à l’extrémité des pousses de l’année même ; après fructification en automne, cette partie se dessèche et la partie sous-jacente fructifie en juin-juillet de l’année suivante.
Très nombreuses variétés à fruits blancs, jaune-orange, rouge vif… La production d’une variété non remontante s’échelonne sur environ deux semaines, avec cueillette tous les deux jours, en fonction de la température. En associant plusieurs variétés, elle peut durer un mois. La durée de la production d’automne dépend des conditions climatiques : température et surtout pluviométrie.
0,5 à 1 m de haut ; plante très drageonnante, à rameaux très velus. Grandes fleurs blanches (4 cm) en mai-juin ; fruits rouge écarlate en été et en automne, à saveur douce. Convient comme couvre-sol.
Rubus occidentalis : le framboisier à fruits noirs. Originaire des États-Unis.
Rameaux érigés 2-3 m de haut, épineux. Fleurs blanches en mai-juin, petits fruits noirs acidulés et parfumés comme des framboises en juillet.
Tiges atteignant 3 m de long, arquées, à épines rouges souples très décoratives. Petites fleurs blanches ou rose clair en grappes denses en juin-juillet, fruits nombreux, rouge vif, très fragiles, très parfumés, en juillet-août. Protéger des vents d’Est et du Nord.
Tiges pérennes de 1 à 2 m. Gros fruits jaunes-orange-rouges.
Plante à tiges annuelles de 15-25 cm se développant à partir de la souche ; se terminent par une grande fleur rose vif de 2 cm de diamètre. Fruits petits (8-14 mm), rouge foncé, parfumés-acidulés. En hiver, la végétation est détruite par le gel. Plusieurs variétés : ‘Anna’, ‘Beata’, ‘Linda’, ‘Sofia’, ‘Valentina’.
Plusieurs mutations périclines exemptes d’épines, dont la culture est beaucoup plus facile : taille-palissage-récolte… Les rejets de souche et les semis sont épineux.
Sans épines : ‘Smoothstem’, ‘Thornfree’, ‘Loch Ness’…
(Très) épineuses :’Himalaya’= ‘Theodore Reimers’, ‘Darrow’…
La mutation ‘Thornless evergreen’ porte des sarments non épineux.
Aussi de nombreux hybrides
Il existe de très nombreux hybrides interspécifiques de Rubus, spontanés et sélectionnés, ou créés, pour la plupart au Royaume-Uni ou aux États-Unis. Ils sont utilisés comme fruits frais ou pour la transformation en vins, gelées, marmelades… Nous nous limiterons à citer ceux qui sont actuellement diffusés par nos pépinières.
Le ‘Loganberry’ est une sélection datant de 1881, réalisée en Californie par le juge Logan, dont l’origine exacte n’est pas connue. Diffusion au Royaume-Uni à partir de 1897. La souche est vivace, émettant des rameaux de 3-4 m qui fleurissent et fructifient l’année suivante. Deux sous-types : l’un à rameaux épineux, l’autre à rameaux inermes. Fruits allongés (3 cm) rouge foncé, à saveur acidulée, en été. Protéger la souche du froid hivernal.
Le ‘Tayberry’ provient d’Écosse. Plante très vigoureuse à tiges légèrement épineuses, très productives ; fruits allongés, rouge foncé en fin juin-juillet, goût acidulé-sucré-aromatique. Il existe une mutation non épineuse.
Le ‘Veitchberry’ provient d’Angleterre. Il a été diffusé à la fin du 19è siècle. Plante très vigoureuse, très productive. Gros fruits pourpre foncé ou noirs, sucré et parfumés.
Le ‘Boysenberry’ et le ‘Youngberry’ proviennent des États-Unis. Ils ressemblent au ‘Loganberry’, mais la teinte des fruits est plus foncée. Plus sensibles au froid que le ‘Loganberry’ et le ‘Tayberry’. Il existe pour chacun d’eux un mutant non épineux.
Côté entretien
La culture des Rubus a souvent été évoquée dans les pages fruitières du Sillon Belge, et notamment la taille dans l’article paru le 23 janvier dernier. Les ronces fruitières sont peu exigeantes en ce qui concerne la qualité du sol. Toutefois l’élimination des plantes adventices au niveau de la souche est indispensable, sans travailler profondément le sol car en sectionnant des racines sur des variétés non épineuses, on favorise l’émission de tiges très épineuses. Par contre, les framboisiers se révèlent très sensibles à une forte humidité, même temporaire, du sol.
La plantation se fait généralement en haie, avec un palissage sur 2 ou 3 fils horizontaux à 0,80 – 1,30 – (1,90) m du sol.
Dans les jardins, les framboisiers se multiplient par prélèvement de drageons qui se sont éloignés de l’axe de la haie. Pour les ronces et les hybrides dont l’extrémité des tiges annuelles se marcotte spontanément en automne, on prélèvera en fin d’hiver les portions de tiges enracinées.
Wépion