Les prairies visées
Il y a tout d’abord les prairies riches en espèces, souvent très fleuries, parfois humides, voire marécageuses. La plupart du temps, elles sont déjà exploitées de manière peu intensive, sinon ces espèces ne s’y trouveraient plus.
Les prés qui abritent des espèces animales peu communes comme le triton crêté, la pie-grièche écorcheur ou encore le damier de la succise (un petit papillon) sont également ciblées.
Enfin, il y a les prairies qui appartiennent à notre patrimoine agricole paysager, comme les prés-vergers, peuplés d’au moins trente arbres fruitiers haute tige par hectare.
Notons que la méthode n’a pas pour vocation de mettre en exploitation extensive l’ensemble des prairies de Wallonie. Des études internationales montrent qu’il faut atteindre un objectif de 12 % des prairies permanentes exploitées dans des conditions peu intensives pour sauvegarder la nature.
La MAEC prairie de haute valeur biologique est un bon moyen d’assurer cette gestion peu intensive, tout en étant rémunéré pour ce service. Ce n’est pas la seule : la méthode « prairie naturelle » (MB2, une méthode de base), un peu moins extensive, y contribue également.
L’engagement des agriculteurs pour ces deux méthodes est en augmentation continue, ce qui est à souligner !
Quelle prairie est éligible ?
Nous répondons aux 3 questions qui nous parviennent.
Comment interpréter la notion d’interdiction d’affouragement ?
Le principe : le bétail ne peut pas recevoir de concentrés ou de fourrages, que ce soit de manière directe (dans la prairie), ou indirecte (s’il a accès à une zone d’affouragement située en dehors de la prairie, ou à des concentrés mis à disposition en étable).
Le picotin tenu au seau par l’éleveur, destiné à garder le contact avec les animaux et permettre leur recapture, n’est pas concerné par cette interdiction. À noter que l’affouragement peut être autorisé s’il est dûment motivé dans l’avis d’expert. Cette autorisation d’affouragement se jugera au cas par cas, y compris en cas de sécheresse. La bonne pratique pour la gestion d’une prairie à haute valeur biologique reste de retirer le bétail de la prairie une fois que celle-ci ne présente plus assez de nourriture.
Peut-on chauler une prairie engagée en MC4 ?
Le chaulage est soumis à l’autorisation du conseiller, ce qui n’est, en pratique, jamais accordé. Le chaulage permet d’uniformiser les sols, et donc d’uniformiser le type de végétation qui s’y retrouve ; ce n’est pas le but des MAEC, ayant pour objectif de favoriser la biodiversité locale, donc en adéquation avec le type de sol. Le programme agroenvironnemental soutient les modes de production extensifs.
Peut-on réparer les dégâts de sanglier en MC4 ?
La première action à mener en cas de dégâts importants de sanglier est de contacter son conseiller. En effet, une intervention peut être faite en MC4, quelle que soit la date, à condition que l’intervention soit notifiée dans un rapport rédigé par le conseiller, validant le travail de réparation. Ce rapport reprendra également les indications techniques afin de remettre correctement la prairie en état, dans le respect des objectifs biologiques. Sans ce contact préalable, toute intervention dans la prairie sera sanctionnée en cas de contrôle.
«Je m’engage avant tout pour la nature»
Située à Mürringen, dans les cantons de l’Est, la ferme de Lothar Vilz culmine à 650 mètres, là où les terres sont pauvres et le climat rustique, des conditions semblables, pour certains aspects, à la Suisse et à l’Autriche.
Un événement tragique survenu au sein de sa famille le conduit à revoir son modèle agricole et la manière dont il traite la terre. Aujourd’hui, il élève un cheptel de 120 à 130 bêtes, des limousines, dont 60 mères, dans le respect de la biodiversité. Il produit une viande de qualité très appréciée des chefs de renom qui partagent et soutiennent sa philosophie. Ce changement d’approche, plus à l’écoute de la nature, l’amène à s’engager en 2015 dans le programme agroenvironnemental.
Qu’est-ce qui vous a motivé à vous engager dans le programme agroenvironnemental ?
Avant tout, je m’engage pour la nature. C’est ma manière de travailler sur la biodiversité qui a permis l’engagement en MC4. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons des prairies de haute valeur biologique.
Ma vision globale de l’agriculture est la culture extensive avec plus de biodiversité, qui protège et soutient l’écosystème, à la place de le détruire. Je suis convaincu de la possibilité de l’existence d’une agriculture saine et autonome qui induit moins de problèmes économiques, écologiques, sociaux et de dépendance aux lobbyistes agro-industriels et pharmaceutiques. La crise que nous vivons nous montre qu’il est temps de changer pour un modèle plus éthique et généralisé qui pourrait faire vivre tout le monde.
Que diriez-vous à vos confrères pour les inciter à s’engager en MAEC ?