Le coin du maraîcher: la noctuelle terricole et ses chenilles redoutables
Nombreuses et variées sont les cultures susceptibles d’être les proies de ce papillon migrateur.

Il est encore un peu tôt en saison pour se figurer objectivement l’importance de la présence de ce lépidoptère, cette année. Mais plusieurs maraîchers nous ont signalé des disparitions de plantes repiquées ou semées, coupées au collet. En creusant le sol à faible profondeur, nous y repérons des chenilles grises qui s’enroulent sur elles-mêmes dès que nous les dérangeons.
Deux espèces courantes
Agrotis segetum et Agrostis ipsilon sont des espèces migratrices sur de très grandes distances. Elles viennent du bassin méditerranéen et remonte vers le nord au printemps. Elles sont présentes chaque printemps sur le territoire belge. L’arrivage est d’autant plus important que le printemps est chaud plusieurs semaines chez nous. En automne, à l’issue d’un second cycle de reproduction, les adultes repartent vers le sud. Nous pouvons considérer que la population disparaît l’hiver chez nous.
Les premiers dégâts sont constatés au milieu et à la fin du printemps. À son complet développement, la chenille mesure 4,5 cm.
Nombreuses cultures concernées
Les cultures convoitées sont nombreuses et variées. Il semble que les adultes migrants soient attirés par des plantes sauvages pour pondre à leur pied. Les liserons, les plantains, les rumex sont considérés comme très attractifs pour les femelles à la recherche d’un lieu de ponte.
Par la suite, les larves migrent vers les plantes cultivées les plus proches.
Nous pouvons trouver des lésions ou des pertes en maïs, betteraves, céréales, pommes de terre, asperge, oignon, chicorées, laitues, tomates, choux, carottes, céleris, etc.
Protection des plantes
Il est peu rentable d’investir dans des filets anti-insectes pour se prévenir des pontes des adultes au printemps. Mais les filets placés contre les autres papillons sont efficaces aussi contre les noctuelles terricoles.
En maintenant les cultures très propres (désherbage efficient), nous diminuons leur attractivité.
Une autre méthode de lutte, très performante, est basée sur l’action des auxiliaires. Les carabes sont très utiles en ce sens. Toutes les mesures pour les favoriser sont payantes. Nous avons abordé ces aspects notamment dans nos éditions des 12 février 2016, 19 août 2016, 13 février 2020.
Les haies mélangées, les bandes herbées peu fauchées et surtout non tassées par des passages d’engins sont des formidables viviers pour auxiliaires actifs au sol et via les airs. L’effet positif de ces aménagements s’étend loin dans les parcelles, probablement au-delà de 100 m.
Les oiseaux sont très friands des chenilles, en particulier les merles et les corneilles.
Certains insecticides ont une homologation autorisant une application sur jeunes chenilles; c’est le cas notamment des produits à base de Bacillus thuringiensis. Mais l’application est difficile à mettre en œuvre, les individus étant cachés sous la plante ou dans le sol. Notons que les chenilles âgées sont nettement moins sensibles.