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Sur la route de l’agroforesterie: moutons et poulets entre les têtards, chez Benoît Frison à Gibecq

Il y a 25 ans, Benoît décide de planter des arbres en bordure des parcelles de son exploitation à des fins écologique et paysagère. Aujourd’hui, l’entretien des arbres génère du bois pour chauffer deux ménages dans ce village de l’entité d’Ath en Hainaut.

Temps de lecture : 5 min

Les haies et arbres agroforestiers suscitent un intérêt croissant. L’ambition du Gouvernement par rapport aux haies et arbres hors forêts, les projets de développement des GAL, Parcs naturels et communes, les initiatives citoyennes et évidemment les projets d’agriculteurs convaincus sont autant d’exemples qui rejoignent la même dynamique.

Les intérêts économiques, écologiques, agronomiques, paysagers des éléments agroforestiers que sont les haies, les alignements d’arbres, les vergers, les taillis linéaires ne sont plus à prouver. Pour rappel, associer volontairement des productions agricoles et des arbres/ arbustes, sur une parcelle agricole, dans une perspective de production d’effets bénéfiques réciproques, voilà ce que désigne l’agroforesterie.

Les partages de pratiques, les témoignages et parcelles de démonstration sont les bienvenus. C’est le principe de la « Route de l’Agroforesterie », mise en place par les partenaires du projet Interreg « Forêt Pro Bos » l’Association française d’agroforesterie et Agroforestry Vlaanderen.

La démarche agroforestière à Gibecq

En 1995, Benoît a décidé de planter des arbres en bordure des parcelles dans un but principalement écologique et paysager. D’une part, pour intégrer les bâtiments de l’exploitation qui se trouvent dans un noyau d’habitations. D’autre part, la présence de ces arbres améliore également le cadre au sein de l’exploitation et donc le bien-être des personnes qui y travaillent et y vivent. « L’idée était aussi de produire du bois « bûches », ajoute-t-il.

Benoît Frison, agriculteur à Gibecq, a initié ses projets d’agroforesterie dès 1995.
Benoît Frison, agriculteur à Gibecq, a initié ses projets d’agroforesterie dès 1995.

Aujourd’hui, les arbres se sont développés et l’entretien des arbres génère du bois valorisé en combustible sous le bois de chauffage pour deux ménages.

Des volailles et brebis bio

À la ferme Frison, Benoît élève 30.000 volailles de chair par an et 90 brebis bio reproductrices en prairies arborées. L’exploitation s’étend sur 12 ha constitués de nombreuses parcelles, bordées d’arbres. En plus des parcours extérieurs pour les volailles et des prairies pâturées par les moutons, notre hôte consacre une partie des terres à la production de fourrages et de céréales bio pour l’alimentation des moutons.

Les linéaires arborés sont très présents au sein de l’exploitation, ils représentent une longueur totale de 1,3 km.

La volaille bénéficie de parcours arborés…

Les parcelles accueillent de la volaille de chair : poulets, canards, pintades ; label fermier, par lots de 500 unités. Notons que les moutons sont présents occasionnellement pour pâturer le parcours si nécessaire.

Les parcours arborés accueillent de la volaille de chair
 poulets, canards, pintades, par lots de 500 unités.
Les parcours arborés accueillent de la volaille de chair poulets, canards, pintades, par lots de 500 unités. - B. Frison

Les plantations composées de saules, érables, peupliers et chênes sont valorisées en bois de chauffage (15-20 stères/an). Couvrant 60 ares, les parcours comportent 150 m de linaires arborés en périphérie.

Les saules sont taillés en têtards tous les 7-8 ans et les autres essences sont taillées régulièrement pour faciliter le passage des tracteurs et du matériel agricole.

… et des brebis s’épanouissent sous les têtards

Par ailleurs, bordées d’alignements d’arbres (saules, érables, peupliers, chênes), 3,5 ha de prairies sont pâturées par des brebis bio reproductrices de races Rouge de l’Ouest, Ile-de-France et Vendéenne. Les moutons pâturent différentes parcelles en fonction de la rotation. Le bois fourni est également valorisé pour le chauffage (15-20 stères/an). La longueur des linéaires varie selon la parcelle de 80 à 220 m, avec environ 1 arbre tous les 5 m.

Des treillis assurent la protection des arbres contre les dommages que pourraient causer les moutons.
Des treillis assurent la protection des arbres contre les dommages que pourraient causer les moutons. - B. Frison

À noter que des protections individuelles en treillis assurent la protection des arbres contre les dommages que pourraient causer les moutons. L’entretien des arbres est identique à celui décrit pour les parcours aménagés pour la volaille.

Des soucis, des solutions et une satisfaction globale

Parmi les difficultés et solutions apportées, notre hôte pointe la nécessaire protection des arbres – treillis individuels – envers les moutons qui apprécient notamment leur écorce.

Par ailleurs, les alignements d’arbres des parcelles de la ferme présentent des houppiers denses et peu de végétation sous 1,5 m. Cela induit une accélération du vent sous le houppier et fait verser les céréales ou les fourrages. Pour limiter ce problème, des arbustes pourraient être plantés entre les arbres, créant ainsi une barrière semi-perméable limitant la vitesse du vent à faible hauteur.

D’où la recommandation de diversifier les essences apporte une richesse écologique en allongeant les périodes de floraison et de fructification et renforce les paysages.

Au rang des grandes satisfactions, Benoît Frison se réjouit de l’essor de la biodiversité au fil des années depuis les plantations. « De nombreux oiseaux et insectes y trouvent refuge. Les arbres intègrent bien les bâtiments agricoles dans le village. Ils forment en outre un abri naturel incomparable : les animaux profitent de l’ombrage et de la fraîcheur des arbres en été et sont protégés lors des intempéries. »

La route de l’agroforesterie

Benoît Frison fait partie de cette vingtaine d’agriculteurs et propriétaires en Wallonie, Flandre et dans le nord de la France qui forment un réseau de sites agroforestiers.

Ces agriculteurs et propriétaires font visiter leurs parcelles pour vous faire découvrir leurs pratiques agroforestières. Ils montrent ainsi la diversité des systèmes et partagent leur expérience avec d’autres agriculteurs et ou propriétaires porteurs et futurs porteurs de projets.

Plus d’infos: toutes les fermes de la route de l’agroforesterie sont présentées sur le site www.agroforestry-trip.eu.

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