Accueil Filière bois

«Notre belle forêt wallonne est malade, il faut agir», alertent les Propriétaire ruraux de Wallonie

« L’urgence de la forêt wallonne est de replanter 15 millions d’arbres », dit NTF. Les Propriétaire ruraux de Wallonie organisent le 15 octobre à La Bruyère une conférence du secteur sur le thème « Wallonie-Europe : quelles politiques forestières ? », en présence des ministres Céline Tellier et Willy Borsus.

Temps de lecture : 4 min

En deux ans, les producteurs de bois wallons, tant publics que privés, ont perdu près de 150 millions € rien qu’avec la crise des scolytes. « Pour restaurer les peuplements forestiers qui ont été perdus ces trois dernières années, il sera nécessaire de replanter au minimum 15 millions d’arbres. Cela représente un budget qui dépasse 30 millions € si on tient compte des préparations de terrain et de l’entretien des plantations », estime NTF.

L’enjeu aujourd’hui est double : sauver notre forêt wallonne et assurer un avenir à la filière forêt-bois qui offre des emplois locaux à près de 19.000 personnes. C’est pourquoi, lors de la conférence organisée le 15 octobre prochain, les Propriétaires ruraux soutiendront, devant les ministres concernés l’urgence de mobiliser les financements nécessaires à la restauration de la forêt et la nécessité d’initier un projet ambitieux de reconstitution d’une forêt tournée vers le futur.

Une forêt wallonne défigurée

La forêt compte certainement parmi les premières victimes du changement climatique : sécheresses, canicules, tempêtes, et pluviosité excessive en hiver engendrent maladies, parasites et stress pour les arbres.

Après la chalarose du frêne depuis plus de 5 ans, ce sont les attaques de scolytes qui déciment les épicéas pour la 3e année consécutive, et d’autres symptômes inquiétants qui font leur apparition sur d’autres essences d’arbres de tous âges : depuis quelques mois maintenant, les chênes, arbres emblématiques de nos forêts, déjà affaiblis par les sécheresses répétées, subissent aussi des attaques de chenilles processionnaires qui pourraient leur être fatales.

Les Propriétaires ruraux sonnent l’urgence de sauver la forêt wallonne et d’assurer un avenir à la filière forêt-bois «qui offre des emplois locaux à près de 19.000 personnes».
Les Propriétaires ruraux sonnent l’urgence de sauver la forêt wallonne et d’assurer un avenir à la filière forêt-bois «qui offre des emplois locaux à près de 19.000 personnes». - M. de N.

Des arbres, parfois plantés depuis plus de 50 ans, ont ainsi péri. L’évacuation sanitaire de millions de m3 de bois scolytés se fait à un tel rythme en Wallonie que le marché est aujourd’hui saturé et que les bois abattus restent en bordure de route dans l’attente d’un débouché.

Depuis 2017, tout le secteur de la forêt et du bois a réclamé une intervention significative aux autorités publiques pour gérer ces premières crises, poursuit NTF. « Mais les réponses ont été maigres, tardives et insuffisantes, de telle sorte qu’aujourd’hui, le temps n’est plus aux discussions mais bien aux décisions et à l’action. »

Un besoin vital de refinancement

En deux ans, la crise des scolytes a généré une perte de près de 150 millions € dans le chef des producteurs de bois, tant publics que privés. Vu cette perte de rentrées financières lors de la récolte, il ne sera souvent pas possible de reboiser les forêts sinistrées sans un soutien conséquent.

En effet, la coupe anticipée des épicéas malades et dépréciés ne couvre pas le seul coût d’une replantation qui avoisine les 4 à 5.000 €/ha. Devant ces constatations, il est facile de comprendre que beaucoup de propriétaires auront bien du mal, sans une aide financière, à pouvoir supporter le coût d’un reboisement.

D’après leurs premières estimations, les Propriétaires ruraux de Wallonie jugent qu’il sera nécessaire de replanter au minimum 15 millions d’arbres pour restaurer ce qui a été perdu ces trois dernières années., pour un coût estimé qui dépasse 30 millions €.

Pour restaurer les peuplements forestiers perdus aucours de ces trois dernières années, il sera nécessaire de replanter au minimum 15 millions d’arbres, évalue NFT.
Pour restaurer les peuplements forestiers perdus aucours de ces trois dernières années, il sera nécessaire de replanter au minimum 15 millions d’arbres, évalue NFT. - M. de N.

Par comparaison au projet-phare du Gouvernement wallon « 4.000 km de haies et/ou 1 million d’arbres », l’enjeu forestier est tout aussi important, notamment en matière de biodiversité, avance NTF.

Politique de relance économique du secteur : ce que d’autres prévoient déjà

Alors qu’en Wallonie, seul le secteur forestier semble inquiet pour la production de bois qui, pourtant, se fera sentir dès demain, l’Europe et d’autres Etats-membres de l’UE travaillent d’arrache-pied pour intégrer la forêt et le bois dans leur politique de relance économique :

– la France a annoncé dans son Plan de relance post-Covid son objectif de planter 45.000 ha de forêts, grâce notamment à une enveloppe de près de 200 millions d’euros pour aider les propriétaires à replanter ;

– l’Union européenne vient également de lancer son Next Generation UE project, sur la lancée du Green Deal, dans le but d’inscrire les pays européens dans une nouvelle économie circulaire bas carbone. La filière forêt-bois est considérée comme un des piliers de la croissance verte et ce, grâce à 2 atouts majeurs : la forêt joue un rôle essentiel dans la capture du carbone et le bois constitue une ressource alternative, durable et locale.

Il est donc nécessaire d’aller de l’avant et de (re)penser la forêt pour notre économie de demain.

Lors de leur conférence du 15 octobre à la Ferme de Méhaignoul, les Propriétaires ruraux disent attendre, des ministres wallons concernés – Céline Tellier pour la forêt et Willy Borsus en tant que Vice-Président et ministre de l’Agriculture – « un geste fort et des actions concrètes pour soutenir la forêt et initier un projet ambitieux autour de sa reconstruction ».

A lire aussi en Filière bois

Barwal: «C’est le mariage du travail du tonnelier et du vigneron qui donne son caractère au vin»

Un savoir-faire à perpétuer La Belgique compte de plus en plus de vignerons faisant vieillir leurs vins en fûts de chêne… belge. En effet, depuis 2020, Barwal leur propose une alternative aux contenants traditionnellement français, produite en circuit court et « à la carte ». Cette particularité permet d’ailleurs à la jeune société d’accompagner et de conseiller les professionnels de la vigne dans leurs choix pour que chaque vin élaboré soit unique.
Voir plus d'articles