Accueil Volailles

La production de foie gras, en toute transparence à la ferme de la Sauvenière

Accompagnés de représentantes d’Euro Foie gras et du Collège des producteurs, les députés wallons PS, Eddy Fontaine et Sophie Pécriaux, étaient ce 9 octobre en visite de la Ferme de la Sauvenière, à Hemptinne, dans l’entité de Florennes. L’objectif ? Se rendre compte des réalités d’élevage et de gavage des canards à foie gras, qui sont très éloignées des images atroces véhiculées par les associations de défense des animaux.

Temps de lecture : 5 min

M ets d’exception très prisés lors des fêtes de fin d‘année, le foie gras est apprécié du consommateur belge. Ce n’est pas peu de l’écrire puisqu’avec ses 105 g/habitant/an, il en est le 2e consommateur mondial. Pourtant, la production au niveau local reste confidentielle avec 8 producteurs pour tout le territoire (dont 7 en Wallonie), d’où sa méconnaissance auprès du grand public et des décideurs politiques. C’est dans ce cadre que le Collège des producteurs, soutenu par Euro Foie Gras a invité les députés membres des commissions agriculture et bien-être animal chez Valérie Van Wynsberghe, à la « Ferme de la Sauvenière » (Hemptinne-lez-Florennes), rare site de production qui a pu intégrer un abattoir agréé à la ferme.

Pour les deux députés PS, Eddy Fontaine et Sophie Pécriaux, respectivement membres des commissions agriculture et bien-être animal, c’est l’occasion d’aller à la rencontre du secteur, de se rendre compte des réalités de terrain et de mettre en avant au sein de leur commission respective tant l’encadrement que le respect du volet bien-être animal.

Le bien-être animal dans le viseur

La rencontre est d’autant plus importante que depuis des années, les producteurs sont la cible de campagnes de diffamation. Chaque année, durant les fêtes de fin d’année, des budgets énormes sont dépensés en communication par des associations de défense des animaux, et contre lesquels nos sept petits producteurs wallons ont bien du mal à lutter.

À leur échelle, ils peuvent user de pédagogie pour montrer le bien-fondé de leur démarche au consommateur en l’invitant à se faire un avis par lui-même lors des Journées Fermes Ouvertes notamment.

Toutefois l’impact de ces journées est tout relatif par rapport à celui d’un spot vidéo atroce de 20-30 seconde diffusé sur les chaînes télévisuelles aux heures de grande audience.

Valérie van Wynsberghe témoigne : « Depuis nos débuts en 1997, nous avons toujours œuvré pour le bien être de nos animaux et de l’environnement. Les 2 ha de parcours sont largement suffisants pour l’ensemble des animaux présents sur l’exploitation et nos cages pour le gavage respectent les normes les plus strictes. On l’oublie souvent mais un canard maltraité ne donnera jamais un foie gras de qualité! »

Mélanie Lamaison, d’Euro Foie Gras, tient d’ailleurs à rappeler que dans tous les cas, la production de foie gras est extensive. « La phase d’élevage dure 90 jours, celle de gavage au maximum 14 jours. »

Valérie  Van Wynsberghe  a tenu à montrer en toute transparence comment se  déroulait la phase de gavage.
Valérie Van Wynsberghe a tenu à montrer en toute transparence comment se déroulait la phase de gavage. - P-Y L.

Pour une définition européenne du foie gras transformé

Et bien que les éleveurs puissent travailler au mieux, à chaque nouveau gouvernement, les associations de défense des animaux sillonnent les cabinets ministériels et les bureux de partis our avancer vers une interdiction totale du gavage en Belgique.

Si elles ont obtenu gain de cause à Bruxelles et en Flandre (en 2023, l’interdiction de gavage sera totale au nord du pays), ce n’est pas encore le cas en Wallonie.

Catherine Colot, du Collège des producteurs : « Aujourd’hui, leur cheval de bataille au niveau européen est de revoir la réglementation qui porte sur les normes de commercialisation des volailles, et dans lesquelles on définit le foie gras et le poids minimum pour pouvoir appeler un foie « foie gras ». Ces associations veulent en supprimer la notion du poids minimum. Cela reviendrait à pouvoir vendre du « pâté de foie » pour du foie gras. Pourtant, un foie de 100 g – généralement valorisé en pâté – n’a rien à voir avec un foie gras de 350-400g. Le secteur sait pertinemment que la qualité de ce mets est corrélée au poids du foie et donc à son taux d’engraissement. »

Mélanie Lamaison : « D’autant que les produits alternatifs comme la mousse de foie ou le foie fin – un foie maigre auquel on rajoute de la graisse – existent depuis longtemps… Ne trompons donc pas le consommateur qui veut acheter un vrai foie gras en lui vendant un foie dont les cellules n’ont pas été engraissées. »

Autre problème soulevé : la définition européenne qui ne porte que sur le foie gras cru, essentiellement acheté par les restaurateurs. En revanche, il n’y a aucune définition relative au foie gras transformé. Or, 80 % de la production de foie gras transformé est achetée par le consommateur. On peut dès lors trouver sur le marché belge des bocaux avec la mention foie gras sans qu’ils ne contiennent la moindre trace dudit ingrédient ou alors, en quantité minime. Voilà pourquoi Euro foie gras milite pour l’adoption d’une définition européenne afin de mettre tous les consommateurs européens sur le même pied d’égalité.

Une demande locale croissante

Si la demande du consommateur est croissante pour un mode de production local, il n’en est pas moins difficile pour les éleveurs de se projeter vers l’avenir en raison des incertitudes politiques qui règnent autour de leur activité.

Marie Lamaison s’insurge : « C’est d’autant plus injuste de s’attaquer à ces 8 producteurs, tant ils sont les meilleurs élèves au monde en termes de normes pour le bien-être animal ! ». Interdire une production wallonne n’a aucun sens, tant cela contribuerait à détruire davantage un pan de notre tissu agricole au profit d’une importation plus conséquente du foie gras étranger.

P-Y L.

A lire aussi en Volailles

De la boucherie à la friterie, les «Poulets de Saint-André» misent sur l’autonomie!

Volailles Élevage, abattoir, transformation, boucherie, et même friterie : les « Poulets de Saint-André » ont réussi à se développer à vitesse grand V. Cette exploitation 100 % familiale, située dans l’entité de Dalhem en province de Liège, contrôle toute sa chaîne de production. Ici, les milliers de poulets sont valorisés directement au sein de la ferme, pour le plus grand plaisir de leurs clients qui peuvent déguster des volailles issues du circuit court.
Voir plus d'articles