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Les Cocottes en ribote à Bousval: «Nos poulaillers mobiles sont aussi confortables pour nos animaux que pour nous»

Difficile de ne pas les apercevoir quand on se rend à Bousval. Les Cocottes en ribote de Marie Duran et Nicolas Manneback vivent tranquillement leur vie dans une prairie en contrebas de l’avenue des combattants et régalent les gens du coin de leurs bons œufs depuis un peu plus d’un an. Marie et Nicolas nous expliquent l’histoire de leur diversification.

Temps de lecture : 6 min

Elle est diététicienne, il est diplômé en sciences politiques et instructeur de plongée. Après quelques années passées à voyager, ils se posent en Belgique : « Je travaillais en tant qu’assistante qualité en agroalimentaire et Nicolas comme instructeur. Un jour, Nicolas est tombé sur une info de la FJA concernant les cours A et B en agriculture. Étant fille d’agriculteur et ayant des perspectives en agriculture, la formation m’intéressait, nous avons donc décidé de la suivre dès la rentrée 2016 et d’apprendre progressivement le métier aux côtés de mon papa ».

Quand tout se précipite !

Malheureusement, la vie en décide autrement : « Fin 2016, Un cancer est diagnostiqué à mon papa et il nous quitte en quelques semaines. Nous n’étions pas préparés à nous retrouver seuls aux rennes d’une ferme avec pour seul bagage une moitié de formation et très peu d’expérience. Il y a alors eu beaucoup de mouvement autour de nous avec pas mal de demandes de reprises mais, malgré notre manque d’expérience, nous avons décidé de continuer notre formation et de nous lancer ».

Marie et Nicolas vont alors trouver un ancien professeur et lui expose leur situation : « On lui a expliqué que nous avions hérité d’une ferme et que nous avions besoin de conseils et de contacts. Il nous a répondu : ok, je viens chez vous demain pour vous aider. Et, il était là. Il nous a aidés à trouver de nouveaux partenaires et est toujours présent aujourd’hui ».

Le couple se forme sur le tas, apprend à gérer et suivre les cultures et manier les machines grâce à leur agronome, les conseils de leur entrepreneur et d’un ami voisin coutumier de la ferme : « C’était une période intense, tout s’est enchaîné, j’ai également appris que j’étais enceinte, j’ai même passé mon permis tracteur à 8 mois de grossesse. C’était fou ce qui nous arrivait et nous sommes heureux d’avoir pu compter sur ces quelques personnes dans cette aventure mais, par contre, j’ai réellement été déçue de constater le peu d’entraide et soutien du secteur en général. Dans notre milieu, l’amertume prend trop souvent le dessus, c’est triste et inutile. Heureusement, la nouvelle génération semble en progrès sur ce point, c’est une bonne chose ! ».

« Nous avons été séduits par les techniques d’élevage »

La belle découverte : les poulaillers mobiles

Les cultures, c’est bien mais les agriculteurs ressentent le besoin d’aller plus loin : « L’hiver, c’est plus calme et nous avons des bâtiments à valoriser. Nous avons donc cherché une diversification ». Les idées fusent, Nicolas pense notamment à la viande d’alpaga mais l’animal est cher et considéré comme domestique, il ne peut donc pas être élevé pour sa viande. Une lecture agricole leur fait découvrir les poulaillers mobiles Coquettes Aux Prés : « L’idée nous a plu de suite, cette diversification permettait une rentrée régulière et était facile à développer. Nous sommes allés en visite chez Daniel Colienne et nous avons été séduits par les techniques d’élevage. Tout est pensé pour le bien-être des animaux mais aussi pour le confort et la prise en main facile de l’humain », explique Marie.

Marie et Nicolas commandent leur premier poulailler en juin 2019 et l’activité prend place dès le mois de septembre. Un second poulailler s’est joint au premier durant le confinement d’avril 2020.

Marie passe deux à trois fois par jour aux poulaillers, pour la collecte des œufs, la fermeture des pondoirs et la surveillance.
Marie passe deux à trois fois par jour aux poulaillers, pour la collecte des œufs, la fermeture des pondoirs et la surveillance. - D. Jaunard

Les poules prennent leurs quartiers face à la ferme

Un poulailler à une capacité maximale de 245 poules en élevage traditionnel et 225 poules en élevage biologique. « Nous sommes en conversion biologique pour les cultures car d’autres projets de diversification nous trottent dans la tête mais nos poules restent en traditionnel ». Elles arrivent à la ferme à 18 semaines et pondent à partir de 22 semaines : « On les garde 18 mois. Ensuite, on réalise un vide sanitaire de 10 jours. Le temps de remise en route, que les poules pondent et que les œufs soient du calibre souhaité, il s’écoule 1 mois entre deux bandes ».

Les Cocottes en ribote profitent de deux parcelles de 0,75ha composées de fléole des prés, de ray-grass, luzerne, trèfle blanc et trèfle violet : « On leur a plus précisément dédié la parcelle de 2 ha face à la ferme pour qu’elles fassent leur propre promotion mais on s’est rendu compte que l’espace était trop important. En été, on doit intervenir et broyer une partie de la prairie car, même si on bouge les poulaillers toutes les semaines, l’herbe est vite trop haute et moins appétente pour les poules. À l’avenir, on pense accueillir des moutons pour faire ce boulot et peut-être laisser une espace de travail à une maraîchère du coin », explique Nicolas.

Les poulaillers sont installés face à la ferme et font leur autopromotion.
Les poulaillers sont installés face à la ferme et font leur autopromotion. - D. Jaunard

Régulation automatique via des panneaux photovoltaïques

Les poulaillers sont autonomes grâce à des panneaux photovoltaïques. « Les panneaux permettent une régulation programmée mais automatique de la lumière ainsi que de l’ouverture et la fermeture des portes et des pondoirs. Ils alimentent également la clôture électrique ». Les éleveurs interviennent pour la récolte, l’approvisionnement en eau et en complément alimentaire, le nettoyage et le déplacement régulier, sans oublier une certaine surveillance : « Les portes du poulailler s’ouvrent vers 10h du matin et se ferment 30 minutes avant le coucher du soleil. Les pondoirs s’ouvrent automatiquement vers 4h du matin et nous les fermons manuellement en fin de journée afin d’éviter que les poules n’y dorment et les souillent ». La première collecte des œufs se fait vers 10 ou 11h en fonction de la saison : « A cette heure, toutes les poules ont en général pondu mais on repasse en fin de journée quand on ferme les pondoirs. Nous avons un taux de pont d’environ 85 %. Chaque poulailler nous donne près de 170 œufs chaque jour ».

Les œufs sont vendus à la ferme et dans divers commerces de la région.
Les œufs sont vendus à la ferme et dans divers commerces de la région. - D. Jaunard

Vente à la ferme et en extérieur : trouver le bon équilibre

Les œufs collectés sont mirés et pesés et classés en catégorie. Ils sont vendus à la ferme et dans différents points de vente de la région : « On a d’abord commencé à travailler avec la Boulangerie de Bousval, on approvisionne aussi une crémerie-fromagerie à Genappe, une épicerie collaborative et un supermarché. Notre second poulailler avait notamment pour objectif de soutenir cet approvisionnement mais, quand un seul poulailler est en activité lors du vide sanitaire, il n’est pas toujours évident de suivre. À l’inverse, on a fortement ressenti les effets de l’après-confinement et des départs en vacances de juillet et août. On s’est retrouvé avec un surplus d’œufs. Il est donc très important de trouver le bon équilibre ».

Les poules vont et viennent à leur guise, elles sont juste enfermées la nuit et bénéficient de tout le confort nécessaire.
Les poules vont et viennent à leur guise, elles sont juste enfermées la nuit et bénéficient de tout le confort nécessaire. - D. Jaunard

Des œufs mais aussi des pâtes !

Une mésaventure qui a néanmoins eu le mérite d’ouvrir de nouvelles perspectives aux Cocottes en ribote puisque leurs œufs servent désormais aussi à la fabrication de pâtes sèches : « Nous avons dû trouver une solution pour écouler tous ces œufs en trop et avons fait la connaissance d’une productrice de pâtes artisanales en communauté germanophone. Désormais, une partie des petits œufs sont utilisés à cette fin et les cocottes en ribote ont leurs propres pâtes. À l’avenir, on espère même pouvoir les produire chez nous avec, pourquoi pas, notre propre blé ».

Pour Marie et Nicolas, l’aventure ne s’arrêtera donc pas aux Cocottes. Ils ont pris goût à la diversification et souhaitent réellement valoriser leur ferme dans cette direction.

D. Jaunard

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