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Froments: fumure azotée, surveillance et protection contre les maladies

La septoriose est présente dans la grande majorité des parcelles de froment suivies. L’évolution de la rouille jaune est à surveiller de près. Quant à la fumure, l’heure est à l’apport de dernière feuille.

Temps de lecture : 6 min

Les froments semés en octobre sont au stade dernière feuille pointante (37) voire dernière feuille étalée pour les variétés les plus avancées (39). Pour cette date de semis, la dernière fraction d’azote devra être apportée dans les prochains jours.

Fumure de dernière feuille

Pour les semis un peu plus tardifs réalisés en novembre et en décembre, les froments sont au stade 2e nœud (32) voire au stade dernière feuille pointante pour les variétés précoces.

Les suivis d’azote effectués ces derniers jours dans les essais et les parcelles de référence montrent que les plantes n’ont pas pu prélever l’azote mis à leur disposition par la minéralisation dans le sol et par l’apport d’engrais déjà effectué. Les très faibles précipitations des dernières semaines et les températures anormalement basses n’ont pas toujours permis une pleine croissance des cultures.

Il y a donc encore de l’azote dans le profil du sol mais celui-ci est parfois indisponible pour les plantes suite au manque d’eau. Il convient donc de ne pas exagérer les apports même lorsque la vigueur de la culture paraît insuffisante.

La dose de référence (Livre blanc) s’élève à 75 kg N/ha. Le bon état sanitaire des cultures (hormis la rouille jaune dans certaines parcelles) devrait, pour autant que le déficit hydrique se résorbe, permettre une bonne récupération des réserves présentes dans le sol et une bonne utilisation de l’apport de dernière feuille,

L’azote liquide doit être appliqué avant la pluie et avant le déploiement complet de la dernière feuille (39) afin d’éviter toute brûlure. Le meilleur compromis pour ce type d’application est le stade dernière feuille pointante (37) si possible avec des jets à grosses gouttes ou des jets filets.

L’application sous forme solide peut se faire également à partir de la dernière feuille pointante et il vaut mieux la réaliser avant une pluie pour que celui-ci soit rapidement solubilisé et disponible pour les plantes.

Pression en maladies...

Des observations ont été réalisées le 8 mai sur les variétés Albert, Anapolis, Avatar, Edgar, Henrik, Lyrik, Matrix, Mentor, Reflection, RGT Reform, Sacramento, Tobak, Triomph dans un réseau d’une quarantaine de parcelles réparties à travers le Hainaut, le Brabant wallon et les provinces de Liège et de Namur.

La septoriose est présente sur les étages foliaires inférieurs de la quasi-totalité des essais du réseau. La fréquence des infections et les surfaces infectées sont néanmoins relativement faibles mais on constate une grande variation selon les parcelles et les variétés. Malgré l’absence de symptômes sur les étages foliaires supérieurs, des infections peuvent être en incubation sur certaines variétés.

Les températures plus élevées du début de semaine, combinées aux fortes précipitations annoncées pour la fin de la semaine devraient permettre à la maladie de se développer et de progresser dans les étages foliaires supérieurs, là où elle est observée. Les parcelles à risque (symptômes sur les F2 et F3 et les variétés sensibles) doivent être surveillées attentivement.

L’oïdium est signalé dans 21 parcelles du réseau. De 3 à 5 % des F3 sont touchées dans les parcelles situées en province du Hainaut. Sur les variétés Edgar et Sacramento à Pailhe ainsi que Tobak et Sacramento à Ligney en province de Liège, l’oïdium atteint les F2 avec une fréquence de 5 % et une surface infectée de l’ordre de 1 %.

De la rouille jaune est signalée sur les F3 de la variété Reflection dans toutes les localités à des fréquences variables : 5 % des plantes sont touchées à Mortroux et Ellignies-Saint-Anne, 15 % à Lonzée et Ath, 25 % à Eben Emaël, 40 % à Glimes, Ligney et Pailhe. Enfin à Thy-le Château et à Lonzée, la totalité des plantes des variétés sensibles sont infectées.

Jusqu’à la semaine dernière, la maladie était peu virulente et la gravité des symptômes était relativement faible. La situation change, les températures plus élevéres sont propices au développement d’une deuxième race de rouille jaune, probablement la même que celle qui a sévi l’année dernière. Celle-ci est bien plus virulente que celle observée jusqu’à présent et les variétés qui lui sont sensibles montrent une évolution très rapide des symptômes (Benchmark, Atomic, Manitou, Addict, Expert, Lyrik, RGT Texaco).

… et les conseils

Pour les parcelles traitées au stade 32, il est recommandé d’attendre et de réévaluer la situation maximum 4 semaines après le traitement ; il est important de surceiller l’évolution des maladies après le traitement (surtout la rouille jaune) afin de positionner au mieux le traitement relais.

Quant aux parcelles qui n’ont pas encore fait l’objet d’une protection, la situation doit être évaluée individuellement selon la pression en rouille jaune et en septoriose :

– variétés sensibles à la rouille jaune et présence de symptômes de rouille active (pustules sporulantes) : un traitement doit être envisagé rapidement car l’évolution de cette maladie devrait être très rapide ces prochains jours ;

– variétés sensibles à la septoriose et présence de forts symptômes sur F4 (incidence sur F4>20 %) : un traitement complet doit être envisagé idéalement avant les pluies ;

– si la pression est modérée ou que la variété est considérée comme résistante à la septoriose, il est préférable d’attendre le stade 39.

Ce traitement pourra dans certaines situations encore être postposé à l’épiaison, sur les parcelles de variétés résistantes où la pression en maladies est presque nulle. Il faut toutefois être très vigilant dans cette situation et surveiller sa parcelle.

Pour les parcelles semées plus tardivement et ayant seulement atteint le stade 32, la pression en rouille jaune et en septoriose conditionne la pertinence du premier traitement. Si les pressions de ces deux maladies sont faibles, le traitement peut être postposé au stade 39. Au contraire, les variétés sensibles présentant de nombreux symptômes peuvent être traitées dès le stade 32.

Quels fongicides ?

La maîtrise de la septoriose repose principalement sur les triazoles et les SDHI. Ces derniers sont cependant plus efficaces que les triazoles seules.

Ces deux types de substances actives sont très souvent associés dans un même produit pour en augmenter l’efficacité et réduire le risque de développement de résistance. Lorsqu’un premier traitement au stade 2e nœud (32) est nécessaire, l’utilisation des SDHI n’est pas conseillée mais sera réservée pour le second traitement. Au stade 2e nœud, l’adjonction d’un multi-sites, comme le chlorothalonil, aux triazoles permet des solutions intéressantes. Cet ajout permettrait également de diminuer la présence des souches résistantes dans le champ et leur multiplication ultérieure.

Les strobilurines ne sont plus efficaces contre la septoriose mais apportent souvent un soutien aux triazoles et/ou SDHI lors de la présence de rouille brune.

La plupart des triazoles (epoxiconazole, tebuconazole, prothioconazole, cyproconazole) utilisées au moins à demi-dose sont efficaces contre la rouille jaune. L’association d’une strobilurine à une triazole permet d’accroître l’efficacité mais aussi la rémanence du traitement. Les SDHI sont à conserver pour les traitements effectués sur la dernière feuille afin de profiter de leur très bonne efficacité contre la septoriose.

L’alternance des substances actives utilisées à chaque traitement est primordiale. Ainsi, la triazole utilisée dans un traitement précoce contre la rouille jaune ne devra idéalement plus être pulvérisée sur la culture en cours de saison.

A. Legrève, M. Delitte,

O. De Vuyst

,

coordination scientifique « maladies »,

B. Bodson, R. Meza, B.

Dumont et C. Vandenberghe

,

coordination scientifique

« phytotechnie »,

X. Bertel

, coordinateur du Cadco

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