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Comment les firmes phytopharmaceutiques nous contrôlent, nous infantilisent ou nous prennent pour des c…

Ces jours de pluie, je réfléchis. Quel traitement fongicide pour les froments à la dernière feuille ? 2020 était la dernière année pour l’Opus/epoxiconazole, alors je choisis la nouveauté de BASF en 19 lettres, mefentrifluconazole. J’aime les solutions simples où je peux moi-même combiner une juste proportion entre triazole(s), strombilurine, carboxamide (SDHI) selon les variétés en place et les conditions météo. Oui, notre ferme pratique une agriculture raisonnée et raisonnable.

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J’ouvre la bible du céréalier Le Livre Blanc et commence des règles de trois. En 19 lettres, mefentrifluconazole : Lenvyor ou Revystar ? Et la première question tombe : pourquoi 2 noms distincts pour une même concentration vendue par la même firme ?

Fluxapyroxad, comme SDHI, ça me convient, ça existe en produit simple : Imtrex. Génial.

Azoxystrobine : là, j’ai le choix de multiples « Amistar » de tous les noms (16 noms différents en tout).

Je sors mon carnet « Zone tampon », pour voir les risques pour l’environnement. Oui oui c’est important pour moi les distances avec nos super-jets antidérive 50-75-90  %.

Lenvyor ou Revystar : ruisseau 6-6-6 m/bord de route 1-1-1 m ou 2-2-1 m. Et une seconde question : n’est-ce pas le même produit ?

Amistar et compagnies, ça passe : ruisseau 6-6-6 m/bord de route 2-2-1 m.

Imtrex : ruisseau 6-6-6 m/bord de route 1-1-1 m.

Et si j’écoutais mon conseiller indépendant, qui conseille un mélange à base de Metconazole ?

Librax : ruisseau 6-6-6 m/bord de route 5-2-1 m ou simplement du Caramba : ruisseau 6-6-6 m/bord de route 5-2-1 m.

Et voilà mon bonheur : je calcule mes mixtures, je prévois les doses variables selon la sensibilité variétale et les dates de semis et sans trop d’inquiétude pour une bonne application sans gêner les crapauds et les cyclistes. Je prends mon téléphone et appelle mon fournisseur, coopérative de son état. Là, ça se complique.

Caramba, Mirador : oui

Imtrex, Librax : impossible, on n’a pas.

Lenvyor : oui MAIS la firme ne vend les bidons que combinés à un autre produit Priaxor.

« T’inquiète, c’est un mélange de Fluxapyroxad et de Pyraclostrobine, c’est tout aussi bon ».Oui, oui mais dans les proportions fixées par la firme avec beaucoup trop de strobilurine pour mes variétés résistantes aux rouilles.

Et voilà la troisième question, c’est quoi cette arnaque ?

La coopérative ne semble pas avoir eu le choix, ce n’était rien ou ces doubles caisses 5 litres Lenvyor/5 litres Prioxor : elle a cédé.

Mais où est ma liberté de choisir comment prendre soin de mes cultures ?

Le comité d’agréation connaît-il ces pratiques ? Que fait le ministère des affaires économiques ? La vente liée n’est-elle pas interdite ? Et les divers programmes de réduction de l’utilisation des « pesticides », NAPAN et autre IPM sont-ils au courant de tout ce bazar ? Le bon usage des produits phytosanitaires n’est-il pas une priorité politique ? Un enjeu majeur de santé publique ? Que font nos élus ?

Dépitée, je ne peux que me soumettre… Je recommence mes règles de trois. Il me restera des fonds de bidons qui, j’espère, me seront utiles plus tard. Pour me changer les idées, je reprends la liste des zones tampons… Et là c’est le coup de bambou :

Priaxor : ruisseau 30-20-10 m/bord de route 30-20-10 m

C’est quoi ce foutoir ? On parle des mêmes molécules, à des concentrations similaires, des mêmes applications… Les cyclistes et les grenouilles feront-ils la différence entre les bidons ?

Je rage.

Et il n’y a pas que BASF… C’est déjà le grand bazar du printemps organisé depuis la suppression de l’Atlantis par BAYER entre les Sigma Flex, Sigma Maxx, Sigma PLus, Sigma Star, Sigma Super et Sigma Tralalaa. Ou encore ces merveilleux gobelets doseurs de Capri, Capri Duo, Capri Twin calibrés à 265 gr, comme si la demi-livre de 250 g n’existait plus.

Il n’est déjà pas facile de faire les bons choix techniques, de respecter les réglementations mais quand les firmes nous enfument pour nous égarer, c’est trop. Sans oublier que si nous faisons erreur, c’est nous qui le payerons cash.

AB de Thudinie

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