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Marre de se justifier sans cesse

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«  La semaine dernière, alors que j’apportais des engrais liquides sur une prairie récemment fauchée, voilà qu’un monsieur en visite chez des amis propriétaires d’une belle propriété jouxtant ladite parcelle me fait de grands gestes de loin. Je descends du tracteur et me dirige vers lui, bien décidé à expliquer calmement l’objet de mon travail. Faisant fi de toute formule de salutations, les reproches fusent à la vitesse de l’éclair : « qu’est-ce que vous faites encore avec vos pesticides », lance mon interlocuteur, revêtu tel un chevalier blanc, de toute sa légitimité à défendre ainsi la cause environnementale. À mon tour de lui répondre, en maîtrisant au mieux le bouillonnement intérieur qui animait mes tripes : « Monsieur, ce qui devient aujourd’hui très pénible dans l’exercice de mon métier, c’est de devoir de plus en plus souvent répondre de mes actes dès que j’interviens aux champs avec un pulvérisateur. Et de me lancer bravement en terrain hostile dans une explication sur la différence entre les engrais et les pesticides et leurs rôles respectifs. L’objection qui suivit me laissa sans voix. « Pourquoi donc avez-vous fauché votre herbe si c’est pour ensuite en favoriser la repousse ? » Ce monsieur ignorait superbement que le produit de la fauche était source de nourriture pour des animaux ! » Et celui-ci enfin de me reprocher de participer à la dramatique disparition de la biodiversité. Une biodiversité qui, par ailleurs, faisait cruellement défaut dans la vaste et uniforme pelouse qui ornait ladite propriété. »

Vécue tout récemment par un agriculteur du Brabant wallon, cette anecdote illustre le gouffre qui sépare une frange de nos concitoyens avec la réalité de notre agriculture et le savoir-faire de nos agriculteurs. Et ce n’est pas la suspicion récurrente jetée sur les usage(r)s des pesticides, et son cortège d’amalgames et raccourcis simplistes, qui contribue à éclairer le débat. À chacun de prendre ses responsabilités, à commencer par les responsables politiques !

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