Constats et réflexions diverses

Le démarrage de l’atelier de poules pondeuses bio et la découverte de cet élevage inspirent à l’éleveur quelques réflexions sur l’automatisation. « Dans l’élevage avicole et porcin, l’automatisation est bien plus importante qu’en élevage bovin », constate Bertrand Lahaye. En volaille, tous les paramètres d’élevage et de consommation sont connus, ce qui n’est pas le cas pour les bovins qui pâturent. « Quand les vaches rentrent, on ne sait jamais exactement ce qu’elles ont ingéré. En outre, en volailles, on travaille en lots, avec des animaux qui ont tous le même âge et qui sont au même stade physiologique. Tous les animaux ont les mêmes besoins en même temps ce qui permet une automatisation poussée. Les vaches en revanche doivent être traitées individuellement car elles n’ont pas le même âge et ne sont pas au même stade de leur lactation. L’automatisation sera donc toujours plus limitée en bovins », estime l’éleveur. S’il apprécie l’automatisation du poulailler, Bertrand Lahaye ne compte pas pousser davantage l’automatisation dans la spéculation laitière, via l’achat d’un robot de traite par exemple.

Tout bio ?

« La conversion de l’exploitation laitière au bio n’est pas envisagée car nous n’avons pas assez de sécurité sur une trop grande part des prairies louées. Et nous ne pouvons pas acheter des terrains pour passer au bio au prix où ils sont vendus », explique l’éleveur. Les prix varient de 25 à 45.000 €/ha vu la demande élevée et l’hétérogénéité importante dans la région (sol pierreux, argileux, talus, grandeur des parcelles…). À ce sujet, l’éleveur estime que la modification du bail à ferme va dans le bon sens mais n’est pas encore suffisante. Avec le bail à ferme, les propriétaires ne sont plus maîtres de leur bien estime-t-il. Le bail à ferme est leur bête noire car la valeur de vente de leur terrain diminue s’il y a bail à ferme. Les propriétaires font donc tout pour l’éviter. Le passage par des sociétés intermédiaires n’est pas intéressant. Ces intermédiaires sont les seuls gagnants. Le prix de location augmente pour le fermier et le propriétaire ne reçoit pas tout l’argent payé par le locataire puisqu’il faut rémunérer la société intermédiaire.

Stabilité du prix du lait

« Le prix du lait est assez stable depuis la reprise de la ferme », constate notre hôte. Il y a eu une grosse zone de turbulence avec le corona l’an dernier, de mars à septembre, mais le prix s’est rétabli. Nous n’avons pas vécu les années glorieuses comme nos parents. On a la « chance » d’être la génération qui a connu les crises en 2009, 2013 et 2015 durant notre adolescence. On n’était donc pas directement concerné mais on a été habitué à travailler et à devoir faire face à des crises. Il apprécie donc la relative stabilité des prix de ces dernières années. Le prix du lait n’est pas haut mais je préfère la stabilité à des fluctuations importantes », précise l’éleveur. « Ce n’est pas crédible de dire que ça ne va pas durant 25 ans car on aurait déjà dû faire faillite plus tôt si c’était vraiment le cas. On ne doit donc pas se plaindre du prix du lait actuellement », estime-t-il. « Il faut pouvoir reconnaître quand la situation est favorable, même si nous n’avons pas de levier sur le prix de vente du lait et qu’on peut seulement jouer sur les coûts de production », conclut-il.

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