Quel avenir pour la betterave?

Depuis la disparition des quotas de production et des prix minimum du sucre (et donc aussi de la betterave) fin 2017, la rentabilité et par conséquent l’attractivité de la culture betteravière se sont effondrées.
Depuis la disparition des quotas de production et des prix minimum du sucre (et donc aussi de la betterave) fin 2017, la rentabilité et par conséquent l’attractivité de la culture betteravière se sont effondrées. - D.J.

La betterave est une madeleine de Proust qui ramène aux années fastes. Elle a longtemps été un pilier dans les fermes. Elle assurait le revenu, ouvrait les portes des banques et servait de prétexte aux rassemblements festifs. Quand le prix convient, on est tous copains ! Pourquoi s’attarder sur les quelques détails qui pourraient assombrir le tableau ?

Depuis l’abolition des quotas betteraviers, les couleurs ne sont pourtant plus si vives et les craquelures sont apparues. Sans filet de sécurité pour le sucre, plus de prix garanti pour la betterave. L’industrie ne veut plus prendre de risques. Les failles des accords passés ont été identifiées et chacun a repris sa place autour de la table des négociations, avec un seul objectif: sauver sa peau.

En 2017, le secteur betteravier a bu la tasse dans un océan de betteraves et de sucre et peine depuis à reprendre son souffle. Depuis 5 ans, il nage dans des eaux troubles affronte les années climatiques particulières, les prix peu réjouissants, les retraits de substances et les contraintes en matière de protection des plantes, toutes plus désespérantes les unes que les autres... Le tout parsemé d’augmentations des coûts de production!

Le portefeuille de l’agriculteur est exposé à tous vents pendant que d’autres décident de ce qui peut y entrer. Les politiciens semblent ignorer qu’il s’agit là de conséquences de leurs décisions et les industriels assurent leur rentabilité tout en parlant de « durabilité » et de « préservation de l’outil de transformation ».

Comme pour de nombreuses autres spéculations, on demande aux cultivateurs d’être patients, d’avoir confiance, de faire des efforts en attendant un avenir meilleur car « toute la filière subit cette pression et ces coûts », car « on est tous soumis aux fluctuations du marché ».

S’il est vrai qu’on ne peut plus être sûr de rien, on a néanmoins le droit de choisir, de choisir de diluer les risques ou de ne plus en prendre, de choisir les partenaires avec lesquels on travaille… Certains jeunes ne peuvent plus se payer le luxe d’attendre que la situation s’améliore. Récemment, les producteurs de pommes de terre ont été invités à calculer soigneusement leurs coûts de production et vérifier les clauses contractuelles avant de signer leurs contrats. Le conseil semble valable pour tous les secteurs. Calculer, s’informer, s’exprimer et s’écouter… et ne pas oublier que de la division naît le chaos.

D. Jaunard

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