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Sécheresse et sérénité, le duo que tout oppose

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En Wallonie, en Belgique, en Europe… Depuis plusieurs semaines, voire mois… Il fait sec, très sec, trop sec !

Si certains – et ils ne doivent pas être nombreux – en doutaient encore, il suffit de regarder le nuage de poussière que dégage le passage d’un déchaumeur, tel un brouillard dense s’abattant instantanément sur les parcelles agricoles. Pour s’en convaincre davantage encore, l’état de bien des prairies vient confirmer la situation. Certes, leur couleur rousse donne à la Wallonie un air de savane, mais ce n’est pas une vue agréable qui nourrira le bétail.

Cet été très sec, chaud et ensoleillé n’est pas sans conséquence sur l’agriculture. Loin s’en faut ! Ainsi, nombreux sont les éleveurs à avoir entamé leur stock hivernal pour affourager leur troupeau. Dans les étables, il faut également redoubler d’ingéniosité pour éviter que les animaux ne souffrent trop des températures extrêmes. Quant au bétail resté en prairie, sa production (qu’elle soit laitière ou viandeuse) devrait reculer vu la pauvreté nutritionnelle de l’herbe ingérée. La situation est telle que les prix des aliments grimpent… Face à cette situation, la vente de bétail est très sérieusement envisagée par certains éleveurs.

Voici quatre à six semaines, les moissons ont livré de très bons résultats, tant en quantité qu’en qualité. Actuellement, les cultures dont la récolte débutera en automne souffrent. Côté maïs, les ensilages devraient, une nouvelle fois, débuter précocement. Quant au rendement, c’est le point d’interrogation. De nettes différences devraient transparaître entre les semis d’avril et de mai.

Si la sécheresse limite grandement le développement des maladies fongiques en pommes de terre et betteraves, ces cultures ont également besoin d’eau. D’une part, afin de poursuivre leur développement physiologique, d’autre part, en vue de préparer les arrachages futurs qui, si les quantités de pluies tombées sont trop faibles, s’annoncent difficiles.

Dans de telles conditions, comment pratiquer sereinement son métier ? Le ministre wallon de l’Agriculture, Willy Borsus, a déclaré, en marge de la foire de Libramont, que la sécheresse actuelle pourrait être reconnue comme calamité agricole, ouvrant la voie au payement d’une indemnité. Ce n’est toutefois pas cela qui rassurera les agriculteurs quant à leur avenir, tant les épisodes actuels se répètent et gagnent en intensité. Les scientifiques et citoyens le répètent haut et fort depuis suffisamment longtemps : des actions en faveur du climat doivent être prises sans tarder si l’on souhaite éviter de revivre pareille situation chaque été.

Face à l’inaction politique, gageons que les pluies annoncées, si elles ne se présentent pas sous forme d’orage, puissent permettre aux sols de reconstituer leur réserve en eau et augurer d’une arrière-saison plus sereine.

J. Vandegoor

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