L’édition du Sillon Belge du 19 décembre 2014 a déjà abordé la question du choix de cultiver sur ados ou à plat. Nous revenons cette fois sur les méthodes de travail des planches permanentes pour maintenir ou améliorer leur fertilité, avec les avancées permises par le guidage aidé et les expériences pratiquées par les maraîchers eux-mêmes.
Les méthodes modernes de pilotage
La précision permise actuellement par les aides au pilotage des tracteurs permet sans aucun doute de nouvelles perspectives de gestion des travaux des champs. Mais à l’échelle de beaucoup de fermes maraîchères wallonnes, cela reste inaccessible économiquement.
Pourtant, l’intérêt est déjà grand actuellement. D’une part le maraîchage peut être une diversification d’une ferme classique déjà équipée de barres de guidage. D’autre part, les travaux mécanisés sont souvent confiés à des entreprises agricoles qui peuvent être équipées également.
Les allées larges
Les allées larges entre les planches facilitent toutes les interventions effectuées par le personnel. Une correction de l’enherbement, les observations, les cueillettes et récoltes en sont facilitées. Les traces de roues étant pratiquement toujours présentes aux mêmes endroits en planches permanentes, les parties du champ consacrées aux cultures proprement dites sont respectées quant aux tassements mécaniques. La décompaction y est donc facilitée.
Notons que les parcelles au profil topographique vallonné présentent des problèmes d’évacuation d’eau dans les traces de roues des engins chaque fois que l’eau de pluie ou d’irrigation s’y accumule.
Planches permanentes : avantages et inconvénients
L’entrée beaucoup plus rapide au printemps est le premier avantage pratique des cultures sur planches permanentes. Il faut aussi moins d’énergie pour ameublir les surfaces cultivées proprement dites. Le rendement global sur l’ensemble de la parcelle est amélioré grâce à de meilleures structures de sol. La fertilité est améliorée.
Attention, il faut absolument interdire tout travail en conditions d’humidité du sol excessive.
Il n’y a pas de différence quant aux maladies et ravageurs par rapport à une culture en plein.
Il y a un gain de temps dans la gestion parcellaire parce que dès qu’une planche se libère, il est aisé de la préparer pour la culture suivante.
Le Pole Légumes Région Nord, en France, a travaillé sur le sujet en sols assez lourds et à drainage modéré. Après 5 années d’études, il est apparu que l’enherbement est plus difficile à maîtriser sur planches permanentes, les résidus de cultures sont plus difficilement incorporés au sol, la structure tend à se dégrader dans les horizons inférieurs (compaction). Par contre, l’état de surface est favorable à la reprise des sols au printemps, l’activité biologique est améliorée, la biomasse est augmentée.
Décompaction du sol et enfouissement des matières organiques
Plusieurs types d’engins sont aujourd’hui disponibles sur le marché des machines maraîchères, sans compter les constructions artisanales locales. Le tracteur enjambe la planche et roule toujours sur les mêmes traces. L’objectif est de disposer d’un sol meuble de bonne structure sur toute la largeur de la planche.
La butteuse à disques est profilée pour travailler le sol et réaliser un pseudo-labour très superficiel. Elle permet l’incorporation de matières organiques fraîches et de composts et ce, dans les dix ou quinze premiers centimètres du sol, ce qui est idéal.
Le cultivateur à dents rigides permet un ameublissement profond, sans retournement du sol. Deux disques latéraux remettent la terre fine éboulée dans la planche cultivée. Les socs étroits conviennent bien pour extirper les rhizomes. Les socs larges démontent facilement les cultures d’engrais verts. Des roues de terrage permettent de travailler avec un tracteur à puissance de relevage modérée.
Les outils à fortes dents rigides peuvent décompacter le sol de la planche sans nécessiter de labour, la culture en planches est adaptée au travail de décompactage par des outils à dents, c’est-à-dire sans retournement du sol. La profondeur de travail sera modifiée à chaque passage pour éviter la formation d’une semelle de pseudo-labour.
Le cultivateur à dents vibrantes convient bien pour affiner, préparer les semis et faux-semis. Le rouleau arrière stabilise la profondeur de l’engin.
Les machines à mouvements commandés et axe horizontal (roto-fraise) ou axes verticaux (herses rotatives) permettent l’affinement des mottes et un travail d’aspect impeccable. Mais nous devons veiller à nous assurer de ne travailler qu’en sol ressuyé et observant le profil en profondeur, à l’aide d’une bêche à main, avant de se lancer dans l’opération.
Ces machines se complètent pour s’adapter aux différentes circonstances du travail du sol.
Les butteuses à asperges sont des outils disponibles sur le marché et adaptables pour d’autres cultures. Elles sont équipées pour butter et pour débutter.
Les entre-planches
La terre des entre-planches est compactée par le passage des engins. Il peut être nécessaire de la décompacter pour améliorer le drainage, mais il est préférable d’éviter de la remettre telle quelle sur la zone semée ou plantée.
La hauteur des planches peut aller de quelques centimètres, c’est-à-dire la profondeur des empreintes des roues dans les passages, jusqu’à une quarantaine de centimètres dans les sols à drainage modéré.
F.
