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Willy Borsus plaide pour des mesures complémentaires… offensives

En cette période de crise pour les éleveurs viandeux, le ministre fédéral de l’Agriculture, Willy Borsus, est allé à la rencontre d’éleveurs et marchands de bêtes ce vendredi 10 mars au marché couvert de Ciney. L’occasion pour lui d’écouter le secteur et d’envisager des mesures complémentaires pour soutenir la filière de viande belge.

Temps de lecture : 5 min

Le prix des animaux qui baissent au mois de mars, c’est peu courant et c’est pourtant le cas cette année. Et pour Benoît Cassart, secrétaire national de la Fédération national du commerce de bétail et de la viande (FNCBV), trois éléments expliquent ce phénomène.

Un marché interconnecté

Le premier ? La maladie de la langue bleue qui a touché les éleveurs français en 2016. « Les broutards qui devaient partir en Turquie sont restés bloqués sur le marché européen, exerçant par la même occasion une pression sur celui-ci.

Ensuite, la baisse de la consommation de viande chez nous n’est pas en faveur des éleveurs.

Enfin, il ne faut pas oublier les mesures qui ont été prises dans la précipitation au niveau des Pays-Bas. Pour des raisons environnementales, le cheptel hollandais doit diminuer de 160.000 UGB pour 2018. En pratique, il a été notifié aux éleveurs concernés par la mesure qu’à partir du 1er janvier prochain, une amende mensuelle de 248 euros par animaux serait perçue s’ils devaient dépasser leur quota d’animaux. S’en est suivie une augmentation de l’offre dans les abattoirs, bouleversant ainsi nos échanges avec nos voisins.

La solution ? Sortir de l’Europe…

M. Cassart plaide donc pour une exportation de la viande hors Europe. « Sur le marché européen, il y a un déséquilibre entre l’offre et la demande… On peut donc faire tout ce qu’on veut, du moment que les animaux font la file dans les abattoirs, la position de négociation des producteurs ne peux être bonne ! »

Si Marie-Laurence Semaille, du service d’études de la Fwa, acquiesce, elle évoque également la nécessité d’un meilleur positionnement de nos produits dans les pays voisins. « Nous pensons des discussions européennes nécessaires afin d’avoir, momentanément, une mesure de régulation telle qu’on l’a eue au niveau du secteur laitier. »

Et de poursuivre : « Le marché s’est tellement dégradé… Et pour ne rien arranger, les perspectives à l’exportation sont des dynamiques qui prennent du temps ! Nous sommes non seulement face à un problème structurel mais devons également composer avec les retombées de la conjoncture laitière. Des mesures exceptionnelles sont donc à prendre en termes de régulation. Stockage privé, mesures d’abattage pour des carcasses plus légères… Toutes les pistes sont ouvertes mais il est crucial d’avoir des mesures rapides et conjoncturelles ! »

Pourtant des moyens de soutien au niveau européen existent ! Si l’Irlande en bénéficie, il semble qu’on ne soit pas suffisamment dynamique, que ce soit à l’exportation, qu’à la promotion au niveau national, pour en profiter. « Nous devons être plus proactifs. On sent un manque de synergie entre l’Awex et le Vlam… Nous devons aller dans une même direction, chercher les économies d’échelles et d’efficacité là où on peut en trouver… », conclut Mme Semaille.

Ne pas commettre les mêmes erreurs

Willy Borsus les rejoint totalement. Il estime lui aussi que le secteur se trouve pratiquement dans la même configuration que celle du début de la crise du lait ou de celle du porc. « Ne reproduisons pas, que cela soit au niveau européen ou national, les mêmes erreurs qui ont été commises dans la gestion préventive », a-t-il d’abord tenu à affirmer.

Un signe symbolique

« Nous devons prendre une mesure qui va donner un signe symbolique au marché » Il pense notamment aux mesures temporaires de diminutions de volume pour le lait qui ont fonctionné.

Une proposition devrait donc être mise sur la table de l’Europe afin d’avoir une mesure de gestion de la crise qui touche le secteur bovin. Car si toutes les autres mesures prises en termes de promotion, de valorisation sont positives, elles ne sont pas suffisantes au vu du monde à l’offensive sur les marchés internationaux.

Une ligne de conduite nationale concertée

Outre cette première mesure, il évoque la valorisation au niveau national de nos produits auprès des consommateurs. « Nous devons tenter de nous accorder au niveau belge sur une action durable dans le temps. Car il faut du temps pour que les messages aient de l’impact. »

« Nombre de pays galvanisent le « consommer national ». C’est dangereux pour nous qui sommes tournés vers l’exportation. » Et de prendre l’exemple de l’étiquetage obligatoire pour le lait en France qui a conduit à -15 % des exportations belges en France.

« Nous avons besoin d’avoir une ligne de conduite durable et concertée pour la valorisation de nos produits. L’objectif ? Réconcilier les consommateurs avec nos propres produits. Il faut remettre l’assiette au milieu du village ! Les messages cinglants qui semblent a priori bons pour nous sont destructeurs pour l’ensemble d’une filière qui représente près de 70.000 emplois directs si on ne considère que l’agriculture et 70.000 autre si on tient compte du secteur agroalimentaire. »

Le secteur semble donc avoir intérêt à dialoguer et s’organiser de manière à coller à la réalité économique des flux de l’agroalimentaire. « Ne peut-on pas aller vers une plus-value collective ? D’autant que nous sommes dans une circonstance dans laquelle la population a une perception positive de l’agriculture en général ! »

Ouvrir les marchés

Le ministre Borsus évoque ensuite l’exportation, tant au niveau européen que mondial. « L’Awex et Foedex sont à l’offensive. Chaque mission économique contient un volet agricole en vue d’ouvrir un certain nombre de marchés. »

Et de plaider pour davantage d’élargissements au niveau de Foedex, de l’accompagnement sanitaire de l’Afsca à l’international, mais pas seulement… « « Je veux qu’on aille plus loin ! Je n’ai aucun problème à avoir des attachés sanitaires permanents dans certains pays, notamment en Asie, là où il y a de gros volumes à exporter. Si on ne va pas à l’offensive, nos voisins se chargeront très bien de prendre les espaces que nous pourrions éventuellement conquérir. »

Cultiver le dialogue

Dernier élément cité, les actions particulières avec la grande distribution et l’horeca… « Je trouve qu’on est encore dans une relation de dialogue que l’on doit continuer à cultiver. C’est une relation de travail que l’on doit soutenir avec vigilance ».

Et de conclure : « Je ne veux pas être pessimiste, je suis venu avec un message offensif. Mais si on ne fait rien et que le secteur subit encore quelques mois de crises , il court à la catastrophe. »

P-Y L.

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