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Ces éléments-clés de nos systèmes d’élevage

Les systèmes prairiaux ont encore un grand rôle à jouer au niveau des élevages wallons, mais pas seulement... Le Centre de Michamps et le Centre wallon de recherches agronomiques ont donc uni leurs moyens, avec le soutien du Service public de Wallonie, pour revenir sur les qualités de ces systèmes dans le cadre du 20e anniversaire de l’asbl Fourrages Mieux, le 5 mai dernier.

Temps de lecture : 5 min

La journée d’études fut l’occasion de rappeler les performances permises par les prairies tant au niveau de la production de viande, en mobilisant le rameau viandeux de la Blanc Bleue Mixte, qu’au niveau de la production laitière avec des rendements pouvant atteindre 7.000 l de lait par vache et par an en ne mobilisant que 350 kg de concentrés sur l’année. Mais l’atteinte de ces niveaux de production nécessite de poser certains choix techniques.

Profiter un maximum de l’herbe

Et Virginie Decruyenaere, du Cra-w, de prendre pour exemple les performances d’un troupeau de race Blanc-bleue mixte valorisant les fourrages de l’exploitation ainsi que, au niveau du bétail de moins d’un an, durant l’hiver, les céréales auto-produites et un peu de concentré jeune bétail.

Dans ce contexte de forte autonomie, les veaux sous la mère ont exprimé des gains quotidiens moyens (GQM) de l’ordre de 1 kg avant de se rapprocher de 0,73 kg par jour entre 6 mois et 1 an et de 0,61 kg par jour au-delà d’un an. Le troupeau, conduit en respectant le cahier des charges de l’agriculture biologique, présente néanmoins un âge au premier vêlage de 33 mois. Si les inséminations pourraient être avancées vu un poids conséquent moyen de 580 kg à la première insémination, cette conduite permet aux veaux de profiter au maximum de la pousse de printemps.

Quant à la conduite des animaux mâles en taurillons et en bœufs, afin de maximiser la prairie, elle est toujours en cours. Une attention particulière devra être apportée à la comparaison des performances économiques de ces deux schémas de production car les premiers résultats conduisent à des taurillons présentant des poids carcasse de 544 kg à 27 mois contre 444 kg à 31 mois pour les bœufs. Si ces derniers présentent des rendements à l’abattage moins bons, plus proches de ceux des femelles, ils consomment beaucoup moins de concentrés – très onéreux en agriculture biologique – que les taurillons.

Différents systèmes

Lors de la table ronde, MM. Denis, Thiry et Hennes, éleveurs viandeux, pour le premier, et laitier pour les deux autres, ont présentés les innovations mobilisées en termes de valorisation de leurs ressources fourragères avec une attention particulière pour la conduite de leur pâturage et ce, afin de réduire leurs coûts de production et/ou d’optimiser la qualité de leur production.

Un système de pâturage tournant de jour avec un temps de résidence très court sur les parcelles a été aménagé par M. Thiry alors que M. Hennes développe un système de pâturage ras (< 5 cm) continu. Ce dernier permet d’offrir une herbe dosant toujours plus de 1.000 VEM aux animaux et de soutenir des niveaux de production de l’ordre de 6.000 l/vache/an sans complémentation.

Bien que ne permettant pas d’augmenter la biomasse produite par hectare, cette stratégie soutien un niveau de production annuel de 7.000 l de lait par hectare. Une bonne conduite de ce pâturage permet également de gérer la problématique du rumex. Cette approche nécessite néanmoins une bonne technicité et des surfaces en suffisance vu la réduction du chargement qu’elle implique.

M. Denis, éleveur Blanc-bleu, table quant à lui sur la prairie temporaire multi-espèces pour la fourniture de fourrage de qualité (utilisation de luzerne, chicorée, sainfoin). De tels couverts lui permettent une utilisation moindre en minéraux. Il souhaite, à l’avenir, exploiter encore plus avant les potentialités offertes par l’herbe afin de finir ses vaches de réforme.

Rays-grass, la rétrospective

Sébastien Crémer, du Centre de Michamps, s’est intéressé à la rétrospective des performances des ray-grass anglais tardifs testés à Michamps pour le compte de Fourrages-Mieux entre 1996 et 2016.

Et de souligner une réduction des rendements en matière sèche des variétés testées au court du temps. Les rendements moyens sont passés de près de 11 t de MS/ha/an en 1997 à moins de 8 t de MS/ha/an les deux dernières années.

Comment expliquer une telle évolution ? Les conditions climatiques, avec de faibles productions printanières en années froides et sèches, comparés à des délais avant récolte élevés les années humides peuvent expliquer une partie de ces variations mais ne se suffisent pas à elles seules. Ces observations soulignent l’intérêt d’associer des variétés/espèces présentant différents niveaux de précocités pour accroître la résilience des systèmes fourragers dans un contexte climatique incertain. Cette diversité pouvant être imaginée entre des espèces associées au sein d’une parcelle ou au sein des différentes parcelles d’une exploitation.

Des mélanges prairiaux à constituer

S’ensuivirent différents ateliers présentant les questions et points à considérer lors de la constitution de mélanges prairiaux en intégrant environnement pédoclimatique, système et intensité de la conduite d’élevage, services au territoire ; la lutte contre les rongeurs en prairie; la gestion de la problématique des parasites gastro-intestinaux pour les herbivores, en soulignant l’intérêt d’un pâturage tournant et du maintien d’un chargement modéré.

Dans ce cadre, un outil permettant aux exploitants d’évaluer les risques, les niveaux de pression exercés par les parasites potentiellement associés à leurs pratiques a été présenté. Il était également question d’acquisition d’un système permettant d’appliquer les pratiques de l’agriculture de précision dans la conduite des prairies. De nombreux défis doivent toutefois encore être levés pour une valorisation de ces techniques, développées pour les grandes cultures en prairie. Celle-ci est caractérisée par une plus grande hétérogénéité et subit de nombreux cycles d’exploitation.

D’autres fonctions essentielles

Enfin, un atelier présentant autres services rendus par les prairies. De quoi mettre en lien les modalités de gestion des prairies et le rôle que ces dernières jouent au niveau des cycles du carbone et de l’azote. Deux cycles qui exercent directement un influence sur le changement climatique et la qualité de nos eaux.

Outre les nombreux échanges entre les participants, ces présentations ont permis de souligner les défis à relever à long terme pour optimiser la valorisation de cet agro-écosystème qui fait la richesse de la Province du Luxembourg ou il occupe plus de 85% de la SAU.

D’après D. Stilmant,

V. Decruyenaere, R. Lambert, S. Crémer et D. Knoden

Cra-w, Centre de Michamps

et Fourrages Mieux

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