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Une joute plus qualitative que quantitative

Lors du 123e concours de Trait Belge, ce sont quelque 126 sujets qui ont foulé la grande piste du Palais se en quête d’une place d’honneur. C’est une vingtaine d’animaux en moins qu’au précédent National. La cause? Des tensions grandissantes au sein des asbl qui minent les éleveurs et une mesure empêchant les animaux de moins de 6 et 7 ans d’accéder aux championnats. Une décision indigeste pour les grandes écuries qui ont tout simplement préférer boycotter l’événement. Pourtant l’objectif visé est une sélection d’animaux plus costauds et durables, lisez avec de membres secs et propres.

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Si le taux de participation est en baisse que dire de celui de la Wallonie qui était tout simplement sous-représentée. Sur les 70 éleveurs présents, à peine une dizaine d’entre eux provenaient du sud du pays. Toutefois, d’autres défections, et pas des moindres, se sont faites clairement resentir chez nos voisins flamands.

Pour des animaux plus propres

Jan De Boitselier, président de la société royale du cheval de trait belge se veut toutefois rassurant: «Si l’on pêche en quantité, on ne peut que se réjouir de la qualité présentée, surtout chez les juments. Au vu de la conjoncture, les éleveurs préfèrent ne venir qu’avec leurs meilleurs sujets. Les autres jugés moins bons sont laissés à l’écurie. Les séries s’amenuisent donc d’année en année. On entre alors dans un cercle vicieux, car on ne veut plus présenter un étalon qui pourrait faire un dernier prix. On ne participe plus que pour gagner et c’est un peu dommage.»

Et de revenir sur la mesure tant décriée: «Nous considérons qu’il est important d’avoir un équidé avec de bonnes allures, de la classe et des membres sains. Raison pour laquelle nous avons décidé d’un âge minimum pour la participation des animaux aux championnats, à savoir six ans pour les étalons et sept pour les juments. On ne veut plus pousser les jeunes sujets dès leur plus jeune âge.»

«On a d’ailleurs vu aujourd’hui un bel étalon de 11 ans, avec des membres secs, comme Fiston du Seigneur. De tels animaux restent importants pour le futur de la race qui peut connaître des problèmes de consanguinité.»

Il poursuit: « Nous devons garder toutes les souches. Certaines sont sous-utilisées alors que d’autre le sont que par trop! Nous avons bien quelques étalons hors origine de bonne qualité, mais ils sont trop peu utilisés. Nous aimerions convaincre les éleveurs de changer leur fusil d’épaule.»

Le marché définit la demande

«D’autant que nous apercevons une tendance nette des nouveaux amateurs de chevaux pour des couleurs franches. La championne, Sibelle van het Rijkelhof, une fille d’une jument de 20 ans, a d’ailleurs la robe noire. C’est un signe d’un changement! » Car de mémoire des plus anciens fervents de la race, il n’y a jamais eu de championne avec une telle robe après guerre.»

«Avec la sélection, on avance vers des animaux plus chics, moins lourds avec des membres plus secs... Nous devons produire ce que le marché demande.»

L’union fait la force

En sortie de championnat, l’un des cinq juges flamands s’est dit interloqué par les championnats! «Nous avons assisté à un drôle de concours! Les grandes écuries ont brillé par leur absence. Je comprend leur réaction face au nouveau règlement. Un champion a généralement beaucoup de travail et à partir de 7 ans, la qualité de sa semence tend à diminuer. Ce n’est donc pas un bon signal pour les éleveurs! Pour moi, 5 ans aurait été un bon compromis.»

Et d’en venir aux qualité des équidés: « Nous perdons peu à peu les modèles d’antan, la sélection s’oriente vers des chevaux grands mais propres au niveau des pattes. Au championnat des juments, nous n’avons d’ailleurs pas accepté de récompenser des animaux ayant des remarques vétérinaires au niveau des pattes. Et pourtant, on l’a fait pour les étalons! Je ne l’accepte pas. Lorsque l’on juge un cheval, on regarde l’animal et non sa provenance... Quel message veut-on faire passer aux éleveurs qui prêtent justement attention à la propreté des membres?»

Et quand on évoque le futur du Trait, il le voit repartir de son berceau: le Hainaut. Historiquement, la province a un grand passé en matière de gros trait et je suis certain qu’au vu de la jeunesse active dans le milieu, ce terroir sera à nouveau une source pour l’élevage belge. L’histoire ne fait que se répéter. C’est d’ailleurs très dommageable que des tensions entre associations d’élevages puissent tant affecter l’élevage, d’autant que celles-ci ont des répercussions également en Flandre.»

Et de plaider pour un retour à la normale: «Je suis un Belge et un optimiste convaincu! La seule victime de ces querelles, c’est le Cheval. Mais je garde espoir! J’espère voir la jeunesse s’en détacher pour pouvoir faire table rase du passé et allerdans la même direction, au bénéfice du Trait.»

Photos: Alfons Maes

P-Y L.

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