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Un métier comme un autre?

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Alors que le nombre d’exploitants agricoles continue de s’éroder, le métier d’agriculteur évolue aussi bien dans ses manières de s’organiser que dans ses façons d’exercer ses activités, pour se rapprocher de plus en plus de celui de « chefs de très petites entreprises d’autres secteurs économiques », constate le Centre d’étude et de prospective du ministère français de l'Agriculture dans un ouvrage à paraître au mois de mai.

Des modèles agricoles d’une diversité croissante, un recul de l’agriculture familiale, une concentration de la main-d’œuvre, un développement de la sous-traitance et de la diversification dans les exploitations….Tels sont certains des constats apportés par un vaste exercice d’analyse économique sur les évolutions de l’emploi agricole ces 25 dernières années mené par le Centre d’étude et de prospective du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation de septembre 2017 à décembre 2018.

Comme dans notre pays, cette analyse confirme le recul continu du nombre des exploitants agricoles (moins 25 % en 15 ans), tandis que le travail salarié, notamment temporaire, a légèrement progressé (+2,2% entre 2000 et 2016). La fraction des agriculteurs de plus de 60 ans a progressé de 10 à 17% durant cette même période et un agriculteur sur trois n’est pas remplacé à son départ, notamment dans le secteur laitier. Les salariés agricoles sont identifiés comme « plus jeunes, moins qualifiés, plus précaires et moins bien rémunérés que dans les autres secteurs », pointe également l’étude.

Plus que l’agriculteur lui-même, c’est la place de sa famille dans l’exploitation qui semble évoluer de façon notable. « L’exploitation familiale laisse place à une diversité de structures dans laquelle la famille est de moins en moins présente », affirment les auteurs, qui dénombrent plusieurs formes d’exploitation allant de l’exploitant isolé à la sous-traitance ou le développement de « nouvelles formes d’organisations agricoles » comme les holdings agricoles ou le regroupement d’exploitants. Cette dernière aurait cru de 79% en 15 ans. « L’agriculteur s’organise pour travailler sans la famille, en s’appuyant sur du travail salarié ou en externalisant des activités », poursuit l’étude.

De ce constat, découleraient trois grandes tendances: une concentration croissante de la main-d’œuvre dans les unités les plus importantes économiquement, le développement de la délégation intégrale d’exploitation ensuite, avec des entreprises de travaux agricoles de plus en plus tournées vers cette activité, et enfin, la montée en puissance de formes de diversification des revenus, que ce soit à travers la diversification (circuits courts) ou la pluriactivité croissante des ménages agricoles, notamment dans les grandes ou moyennes expploitations.

Longtemps vu comme une activité patrimoniale, liée à une forte charge affective pour ceux qui l’exercent, le métier d’agriculteur serait ainsi en voie de « normalisation » par rapport au reste de la société. Aujourd’hui, il pourrait y avoir une vie avant, mais également après l’agriculture.

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