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Produire ses pommes de terre: rien ne sert de courir, il faut partir à point!

Cet adage extrait d’une fable de Jean de La Fontaine peut aussi inspirer le jardinier au moment d’installer ses cultures au printemps. C’est le cas de la pomme de terre.

Temps de lecture : 8 min

De nombreux jardiniers tentent de planter leurs premières pommes de terre hâtives le 19 mars, le jour de la saint-Joseph. Si c’est très probablement une bonne période pour planter des pommes de terre hâtives date dans les régions de Paris ou de Versailles, ce n’est pas nécessairement le cas chez nous. C’est vrai que cela réussit parfois. Mais reconnaissons que cela rate souvent aussi.

Pour bien réussir une plantation de pomme de terre, il faut pouvoir travailler le sol pour planter le plant à – 5 cm environ dans un sillon ameubli. Les jardins avec des sols bien drainant nous offrent cette possibilité certaines années. Pour d’autres se ressuyant plus tardivement, il faut attendre.

Pour planter, il faut au moins 3 conditions :

– attendre le printemps météorologique, c’est une question de probabilité plus réduite de subir du gel ;

– attendre que le sol ait au moins 10ºC à 5 cm de profondeur ;

– Le sol doit être ressuyé au moment du travail pour préparer le sillon de plantation. En prenant une poignée de terre à cette profondeur et que nous serrons dans notre main, elle doit s’effriter, s’émietter. Si elle forme un bloc plastique sur lequel s’imprime la forme des doigts, le sol n’est pas suffisamment ressuyé et il faut attendre.

D’ici le bon temps, nous pouvons penser à racheter des plants. Ne pas se presser non plus. À la réception, nous pourrons les placer dans des clayettes dans un local à forte lumière diffuse, à une température modérée. À une température de 6 ou 8 ºC, le réveil des germes est lent, plusieurs d’entre eux se réveillent en même temps. À une température plus élevée, une douzaine ou d’une quinzaine de degrés par exemple, les germes sont moins nombreux à démarrer leur croissance mais ils poussent plus vite. L’idéal est d’avoir des germes au stade « point blanc » ou de courts germes trapus. Les plants vont germer doucement et seront fin prêts pour être plantés vers la fin avril ou même un peu plus tard. Les plantations déjà réalisées plus précocement seront protégées avec un bon buttage et ensuite un film de plastique perforé ou un voile horticole.

 

Une rotation de 4 ans

Il est recommandé de respecter une rotation de quatre années. En plantant plus fréquemment des pommes de terre au même endroit, nous augmentons plusieurs risques. Nous parlons de « fatigue du sol ». Elle englobe plusieurs aspects :

 l’épuisement des éléments minéraux les plus exportés par la récolte des tubercules ;

– l’augmentation du risque d’apparition de nématodes dans le sol ;

– la survie des maladies liées au sol diminue avec le temps. En raccourcissant le délai entre deux cultures semblables, nous augmentons les risques du maintien des germes infectieux vivants dans le sol.

Ces risques augmentent si la structure du sol est dégradée, si la vie du sol est appauvrie.

Les premières récoltes de pommes de terre, fin juin ou début juillet, permettent de libérer de la place pour des cultures d’automne : chou-fleur, laitues, chicorées frisées ou scaroles, etc.

Certains jardiniers plantent des poireaux après les premières récoltes de pomme de terre. C’est possible, mais le plus souvent, la date de plantation de cette culture est alors trop tardive et les poireaux restent à faible développement.

Quand la terre ne s'effrite pas aisément en la serrant dans la main, il faut attendre, la terre n'est pas encore suffisamment ressuyée. Le test se fait avec de la terre prélevée à la profondeur que le jardinier souhaite travailler.
Quand la terre ne s'effrite pas aisément en la serrant dans la main, il faut attendre, la terre n'est pas encore suffisamment ressuyée. Le test se fait avec de la terre prélevée à la profondeur que le jardinier souhaite travailler.

Une fertilisation disponible pour le début de croissance de la plante

Il faut que le sol et sa fertilisation soient propices au maintien des caractères variétaux. Un sol bien pourvu en potassium est idéal. L’analyse de sol pourra orienter nos choix. Comme ordre de grandeur, une teneur de 18 à 20 mg de K par 100 g de sol est une bonne teneur pour un sol limoneux.

La fertilisation doit être disponible pour la plante dès le début de sa croissance, et sans excès. Les apports se font juste avant l’implantation au printemps. De plus, la fumure, organique ou minérale, sera ainsi incorporée au sol et donc proche de la zone explorée par les racines. Comme ordre de grandeur, nous pouvons apporter 10 kg d’un engrais de type 9-7-14 ou 10-8-17 ou équivalent ou encore 300 kg de compost bien décomposé.

 

Choisir sa variété de pomme de terre ?

Plusieurs critères nous permettent d’orienter notre choix.

La précocité de chaque variété est la synthèse de deux caractères : l’aptitude à former des tubercules alors que la longueur du jour n’est pas encore maximum et un développement rapide. En pratique, nous comptons qu’il faut 3 mois pour permettre une récolte de tubercules savoureux. Les variétés mi-hâtives ont besoin de 3 mois et demi, les mi-tardives de 4 mois ou plus. Pour consommer rapidement après la récolte, il n’est pas nécessaire de faire se mûrir la peau des tubercules. Au contraire, les productions destinées à être conservées, il est préférable d’attendre les signes de mûrissement du feuillage (jaunissement, brunissement) puis de défaner en coupant les tiges au ras du sol avec un sécateur ou une serpette. En laissant les tubercules encore en terre au moins deux semaines avant de récolter, leur peau s’affermit et la conservation de la récolte sera meilleure.

Les jardineries classent aussi les variétés qu’elles proposent selon des critères de destination culinaire. Il est alors question de pommes de terre à chair ferme, à chair tendre ou à chair farineuse. C’est une question de goût et de choix de chacun. Les variétés à chair ferme seront cuites à la vapeur et resteront bien fermes sur le plat. Les variétés à chair tendre présenteront de légers délitements superficiels sur le plat, après cuisson. Les pommes de terre farineuses conviennent bien pour les ratas, la purée, les frites. Les jardineries sélectionnent les variétés les mieux adaptées au terroir local parmi les centaines de variétés disponibles. Le site www.leplantwallondepommesdeterre. be/ nous présente une liste de variétés dont les plants sont produits en Wallonie.

Les pommes de terre primeur sont souvent cuites en robe des champs.  L'aspect visuel de la peau intervient dans l'appréciation d'un lot.
Les pommes de terre primeur sont souvent cuites en robe des champs. L'aspect visuel de la peau intervient dans l'appréciation d'un lot.

Une structure de sol impeccable

Le sol doit être décompacté sur au moins 18 cm de profondeur et affiné. C’est principalement pour cette raison qu’il ne faut pas se presser pour planter nos pommes de terre.

La structure doit être impeccable sur une grande profondeur de sol, il faut attendre que le sol soit bien ressuyé.

de 3 à 4 plants/m², selon les calibres

Nous plantons à la densité proche de 4 plants/m², par exemple à 0,70 cm entre les lignes et 35 cm entre les plants dans la ligne. Nous plantons à une profondeur de 5 cm. Nous buttons pour disposer de 17 cm environ de terre au-dessus du plant. Traditionnellement, le jardinier butte ses pommes de terre en plusieurs fois ; il en profite pour désherber et amener progressivement de la terre au pied des rangées de plantes. Mais lors de printemps secs, le sol a tendance à sécher après chaque opération. En buttant en une seule fois, nous économisons l’eau du sol au profit de la culture. Et lors des cinq dernières années, nous connûmes quatre printemps secs.

Attendons avant de planter pour que la levée se fasse après le 10 mai (les jours des saints de glace), à moins d’avoir un jardin protégé des vents froids ou de protéger la culture par des voiles de plastique.

Selon les lots disponibles, nous pouvons acheter du plant de calibre 28/35 mm, 28/40 mm ou 35/45 mm. La densité de plantation sera de 4 plants/m² pour les deux premiers calibres, de 3 plants/m² pour les plus gros calibres. Pour une bonne aération du feuillage, plantons à 75 cm entre les rangs et à 33 cm entre plants (44 cm pour les plus gros calibres de plants).

La profondeur de plantation peut être un peu plus grande en sols séchant rapidement et plus superficiellement en sols humides. Basons-nous sur un sillon de 5 à 7 cm de profondeur.

 

Défaner au jaunissement

Les variétés hâtives sont récoltées après 90 jours de culture, les mi-hâtives après 110 jours et les mi-tardives après 120 jours. En pratique, nous défanons lorsque les fanes commencent à jaunir, puis nous laissons les tubercules destinés à la conservation encore en terre 2 semaines de plus.

La protection contre le mildiou est une préoccupation. Les traitements dépendent de la variété et des conditions météo. Les services d’avertissements lancent des messages d’alerte:

https ://agriculture.wallonie.be/

avertissements-aux-cultures1.

Le goût en relation avec la concentration en matière sèche

Les variétés mises en évidence par la recherche sont intéressantes de manière générale. Dans chaque essai, toutes les variétés sont mises dans des conditions rigoureusement identiques. Les comparaisons de goût ont alors tout leur sens. Mais le goût est aussi en relation avec la concentration en matière sèche dans le tubercule. À teneurs basses, les tubercules expriment moins fortement leur goût mais restent très fermes à la cuisson. Pour des pommes de terre destinées à la cuisson vapeur, la teneur en matière sèche devrait au moins atteindre 18,5 %.

La teneur en matière sèche tend à augmenter régulièrement, du moins à ces stades jeunes de la culture. N’hésitons à pas à goûter un échantillon avent de récolter un lot.

La préférence entre les variétés à chair ferme et à chair tendre dépend des goûts de chacun et du type d'emploi culinaire. La tenue à la cuisson à la vapeur est un des critères technologiques important quant à la présentation des pommes de terre sur le plat. La variété et sa teneur en matière sèche interviennent sur ce facteur. Sur la photo, certains tubercules tiennent moins bien à la cuisson que les autres.
La préférence entre les variétés à chair ferme et à chair tendre dépend des goûts de chacun et du type d'emploi culinaire. La tenue à la cuisson à la vapeur est un des critères technologiques important quant à la présentation des pommes de terre sur le plat. La variété et sa teneur en matière sèche interviennent sur ce facteur. Sur la photo, certains tubercules tiennent moins bien à la cuisson que les autres.

Les conserver

Les tubercules récoltés sont mis à l’abri de la lumière à 15ºC durant 2 semaines avant d’être mis en conservation à 8ºC environ.

Si la température est supérieure à 18ºC au moment de la récolte, les tubercules ne se conservent que difficilement. Le moindre choc amène des blessures et des contaminations par des bactéries présentes dans le sol.

F.

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