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L’hygiène pré-traite

et l’immunité des animaux sous la loupe

Le Plan de prévention des mammites en 5 points existe dans l’industrie laitière depuis plus de 40 ans. Avec l’évolution de la technologie et des pratiques de trait, il était temps de le faire évoluer et de lui ajouter des points d’attention. Le blog mastitisvaccination, un site destiné aux vétérinaires, a interviewé Thomas C. Hemling, un expert dans la prévention de la mammite bovine. Retour sur les tendances des plans de prévention de la mammite.

Temps de lecture : 5 min

Thomas Hemling travaille dans l’industrie laitière depuis près d’une trentaine d’années. Il s’est surtout concentré sur la prévention de la mammite bovine par le biais de désinfectants pour trayons avant et après la traite et des obturateurs de trayons pour vaches taries. Il a entre autres participé à la formation et à l’éducation des professionnels du secteur laitier, animant des cours de courte durée sur le plan de contrôle de la mammite en sept points.

Le bilan du plan en 5 points

Introduit il y a environ 40 ans, le plan en 5 points était un outil important d’éducation pour les conseillers et les producteurs laitiers sur les étapes clés permettant de réduire les taux de mammite et de cellules somatiques dans le lait.

Il a été mis en œuvre à un moment où les taux cellulaires dans les tanks avoisinaient les 500.000 unités et les taux d’infection par mammite étaient de 150 % (1,5 infection/vache/an).

Ledit plan a été employé à l’échelle mondiale et a fourni un message cohérent de la part de tous les conseillers. Grâce à sa mise en œuvre, les niveaux cellulaires ont été réduits à moins de 200.000 et les taux d’infection oscillent désormais entre 35 et 40 %, dans la plupart des marchés laitiers développés. Il a donc bien servi l’industrie car il était facile à communiquer et transmettait un message uniforme à l’ensemble du secteur.

Est-il temps de l’améliorer ?

Aujourd’hui, il est nécessaire de réduire la dépendance aux antibiotiques. Derrière les changements, l’idée est de conserver les éléments clés de la réussite ; d’adapter les composants existants aux besoins actuels ; d’intégrer de nouvelles technologies et pratiques. D’autant que les précédentes recommandations comprenaient une forte dépendance à l’égard des antibiotiques pour vaches en lactation et taries.

Pour la mammite qui survient pendant la lactation, les instructions sont simples : il faut traiter tous les cas. Toutefois, la plupart des antibiotiques ne sont efficaces qu’avec des bactéries gram positives, et, aujourd’hui, plus de 50 % des infections sont dues à des bactéries gram négatives.

Certaines personnes estiment d’ailleurs que les traitements antibiotiques sont inefficaces pour 70 à 80 % des mammites chez les vaches en lactation.

Ainsi, le plan en 7 points demande d’abord d’identifier le type de bactéries en cause, et de décider du traitement. L’agriculteur bénéficierait à la fois d’une réduction de l’utilisation des antibiotiques et d’une diminution de la quantité de lait retenue dans le tank à lait.

Le Plan en 5 points recommande également une thérapie globale pour les vaches taries qui permet de guérir les infections existantes et de se protéger de nouvelles infections.

L’utilisation prophylactique des antibiotiques n’est pas viable compte tenu des préoccupations actuelles concernant la résistance aux antibiotiques.

En outre, des obturateurs de trayons offrent une bonne protection durant la période de tarissement. Le plan en sept points recommande la thérapie sélective des vaches taries et l’utilisation d’obturateurs de trayons.

2 nouveaux points : hygiène pré-traite et immunité ?

Aujourd’hui, en raison du succès du plan en vigueur, la principale cause d’infection dans la plupart des troupeaux reste les agents pathogènes environnementaux. L’hygiène pré-traite est donc un point de contrôle important.

Le nettoyage et la désinfection des trayons avant la traite sont un autre point d’attention. L’hygiène pré-traite met à la fois l’accent sur le nettoyage et la désinfection des manchons, mais aussi sur la procédure appropriée qui permet une bonne descente du lait et l’optimalisation de la production laitière.

En outre, la technologie et les connaissances sur la façon de soutenir ou d’améliorer le système immunitaire de la vache ont également été développées.

Faut-il le segmenter davantage en un plan en 8 ou 9 points ?

L’amélioration de l’immunité est décrite de façon générale pour inclure tous les aspects, y compris les aspects nutritionnels, les vaccins, la complémentation alimentaire avec du sélénium ou de la vitamine E, ou d’autres technologies renforçant l’immunité.

Ceux-ci sont importants individuellement et pourraient être décrits individuellement, mais nous avons opté pour un compromis : un plan simple qui est facile à communiquer. Les composantes existantes du plan en cinq points comportent de multiples aspects.

L’entretien de la machine à traire comporte divers éléments et peut varier selon qu’il s’agisse d’une salle de traite, d’un robot, d’un système rotatif…

Les producteurs pourront bien sûr revoir les détails de chacun des 7 points avec leurs conseillers, leurs vétérinaires et comprendre les points à améliorer sur leur ferme.

Quelle est la situation des vaccins contre la mammite sur le marché américain ?

Les vaccins contre la mammite sont largement utilisés par les producteurs laitiers aux États-Unis. Pour la mammite bovine, le vaccin contre E. coli s’est avéré efficace et est utilisé dans la majorité des troupeaux.

Le pourcentage de vaches vaccinées contre E. coli doit être très élevé, peut-être plus de 90 %. Il ne prévient pas les nouvelles infections, mais réduit considérablement la gravité de l’infection.

Aujourd’hui, Streptococcus uberis est le principal agent pathogène de la mammite dans de nombreuses fermes. Staphylococcus aureus est bien contrôlé mais demeure un problème parce qu’il peut devenir chronique et incurable.

Mycoplasma bovis est également préoccupante parce qu’il n’y a pas de traitement. Les vaccins offrent de grandes possibilités. Le besoin de vaccins supplémentaires augmentera d’ailleurs à mesure que les restrictions sur l’utilisation des antibiotiques seront mises en œuvre.

Qui bénéficiera le plus du plan en 7 points ?

Le plan reste un guide pour la mise en œuvre des bonnes procédures visant à réduire la mammite bovine dans un troupeau.

Mis correctement en œuvre, le plan permet à l’exploitant de réduire les coûts de la mammite, de maximiser sa production et sa rentabilité. Vétérinaires et conseillers bénéficient en outre d’un plan de communication simple.

Si tous les conseillers de la ferme donnent le même message, l’éleveur sera davantage susceptible d’en tirer profit.

Enfin, la société peut bénéficier également d’un cheptel en meilleure santé, d’un lait de meilleure qualité et d’une utilisation moindre d’antibiotiques.

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