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MERCO… SUR… de rien !

Temps de lecture : 3 min

Les médias ont parlé de ce traité le temps d’un week-end, puis sont passés au Tour de France. La presse agricole a davantage creusé le sujet et on en a compris l’essentiel : avantage agricole pour l’Amérique du Sud, industriel pour l’Europe et inversement. Bref, de noirs nuages sur un ciel déjà si bas, avec ce constat d’injustice : « Pourquoi les normes, toujours plus élevées chez nous au nom de la protection du consommateur, ne sont pas d’application quand il s’agit d’importations venant de pays incontrôlables par ailleurs ? »

J’entends l’argument : « Grâce au traité, le président brésilien Bolsonaro ne pourra détruire la forêt amazonienne comme il le veut, ni se retirer de l’accord de Paris sur le climat comme annoncé ! » Avec en sus : « Et puis, bof… il paraît que la viande et le sucre, c‘est mauvais pour la santé et pas très bon pour le bilan carbone de la planète. Alors… la belle affaire ».

Dans tous les cas, un traité de libre-échange, c’est fait pour libérer les normes, pas pour protéger. Cela fait belle lurette qu’on importe du soja OGM désherbé au glyphosate et cela ne pose pas de problème de conscience aux Européens. On agite un chiffon rouge dans les champs, pas dans les assiettes.

Bref, entre les intérêts économiques, l’hypocrisie politique et le dogmatisme écologique, c’est souvent l’agriculture qui trinque.

Et pourtant, après les grandes crises de 1890 (blé américain) et 1930 (chute de la consommation mondiale), la génération politique d’après-guerre était parvenue à ouvrir les marchés en protégeant notre agriculture sans la plomber de réglementations. Aujourd’hui, on fait tout le contraire.

Le paradoxe, tout à fait surréaliste, sur l’échelle des prétentions à garantir la qualité sans l’égalité, c’est de voir apparaître chez nous une nouvelle forme d’esclavage. On revoit en effet dans certains champs des hommes à rasette, voire des mains nues, par groupe de quinze ou vingt, sous un soleil ardent. Ils font du désherbage manuel à grande échelle. Il ne s’agit pas d’une image d’Epinal du Congo sous Léopold II, non, cela se passe en Wallonie, en 2019. On l’aura compris : il faut satisfaire un nouveau créneau de marché : celui des « bobos bios ».

Au lieu d’importer des produits, ce sont les travailleurs itinérants qu’on véhicule. Ils ont fait un long chemin, traversé l’ancien rideau de fer ou la Méditerranée pour en arriver là. Pas sûr que le coût du travail soit aligné sur les tarifs syndicaux. Alors, tout ça pour ça ?

Au fond, Mercosur d’un côté, surréalisme de l’autre, la planète n’a pas fini d’en voir… des aberrations. On parle toujours d’agriculture durable. Il faudrait peut-être rappeler que cela implique « de respecter les limites écologiques, économiques et sociales qui assurent la durabilité dans le temps ».

Pas sûr que ramener des viandes d’Amérique… mais aussi exporter nos surplus européens de poudre de lait et de bas morceaux de volaille vers l’Afrique aille dans le bon sens. La sécurité alimentaire, économique, écologique et sociale, c’est de produire sur place en Afrique comme ici, à des prix raisonnables avec des moyens raisonnables.

JMP

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