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La couverture des coûts en clé de voûte !

Dans le domaine agricole, les objectifs ambitieux d’une durabilité réalisable ont un coût. Un coût que la société devra prendre en charge si elle veut y parvenir véritablement.

Temps de lecture : 4 min

À l’heure actuelle, les coûts de production des aliments restent à la charge des agriculteurs. Les exploitations sont dans une situation très tendue. « Les études actuelles montrent que plus d’un quart des coûts de production ne sont pas couverts, pour le lait conventionnel comme pour le bio », indique Sieta van Keimpema, la présidente néerlandaise de l’association européenne des producteurs de lait European Milk Board (EMB), décrivant ainsi le cœur du problème. Exprimé clairement en chiffres, pour la production laitière conventionnelle en 2018, cela signifie un salaire horaire moyen de 4,02 euros pour le chef d’exploitation et la main d’œuvre familiale. En 2019, les prix étaient si bas que les agriculteur.rices.s ne pouvaient tirer aucun revenu de la production laitière. Elmar Hannen, membre du comité directeur de l’EMB et producteur de lait en Rhénanie-du-Nord-Westphalie ajoute : « Nos revenus ne sont pas seulement réduits par un prix très bas, mais aussi par la hausse galopante des coûts entraînée par les normes plus strictes et le changement climatique lui-même. » Mme van Keimpema en déduit donc : « Le premier pas vers plus de durabilité est que les coûts de production des producteurs soient intégralement couverts. »

Assurer cette couverture des coûts

Pour obtenir des prix au producteur rémunérateurs, il est possible de délimiter un cadre plus équitable dans le contexte la réforme actuelle de la politique agricole commune pac). Le parlement européen a déjà fait une bonne proposition en ce sens. Concernant les négociations en trilogue en cours entre le Conseil de l’UE, la Commission et le Parlement européens, M. Hannen réclame ainsi en premier lieu, surtout des États membres : « Rejoignez la position porteuse d’avenir du Parlement européen sur l’Organisation commune des marchés. Permettez l’adoption d’instruments efficaces de gestion de crise, comme la réduction volontaire de la production ». Cette réduction temporaire des volumes de lait en période de crise aide à éviter les crises profondes et une surproduction nocive. Récemment, des défenseurs des animaux ont eux aussi souligné qu’il faut s’attaquer d’abord aux carences fondamentales existantes comme un prix trop bas avant que les producteur.rice.s ne soient en mesure de prendre des mesures supplémentaires en faveur de la durabilité. À l’heure actuelle, en effet, ni leur travail, ni les contributions qu’ils apportent déjà à l’environnement, au bien-être animal et au climat ne sont suffisamment compensés financièrement.

La durabilité du Pacte vert en question ?

Pour approcher cette vision de durabilité, tous les secteurs devront prendre des mesures bien plus ambitieuses. Des directives en ce sens, qui visent à accroître les ambitions, existent déjà dans des concepts politiques comme le Pacte vert européen et sa stratégie « De la ferme à la table ». Ces concepts doivent toutefois expliciter comment les investissements nécessaires seront financés. En outre, une analyse préalable de leurs impacts dans l’UE et à l’international s’avère incontournable. Aussi, ces stratégies de durabilité doivent être élaborées en impliquant ceux qui, en fin de compte, feront le travail. « Si les coûts des exigences supplémentaires sont couverts, nous sommes évidemment disposés à faire encore plus en termes de durabilité. Il s’agit là d’une des préoccupations intrinsèques de notre métier », ajoute Kjartan Poulsen, le vice-président danois de l’EMB. Il recommande de miser sur des incitations financières positives pour faire progresser la cause de la durabilité. Il poursuit : « nous, producteur.rice.s, constatons quotidiennement que pour obtenir un prix équitable, il faut renforcer la position des agriculteurs sur le marché. » Au niveau géostratégique, il recommande aussi de miser sur une production régionale et de haute qualité, sans portes d’entrée par le biais d’accords de libre-échange. Pour cela, il faut des instruments comme le Programme de responsabilisation face au marché (PRM), capable de réagir efficacement à des événements géostratégiques imprévisibles et donc d’éviter des dégâts durables.

Le respect de ces conditions permettra aux agriculteurs de contribuer à la réalisation de cette vision d’une durabilité viable et souhaitable. Cela permettra aussi d’assurer la reprise des exploitations par les générations futures ; une condition essentielle pour que cette durabilité environnementale et climatique puisse perdurer dans le long terme.

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