
Dans le cadre de cette nouvelle vision, l’Union européenne attend de la part de ses futurs partenaires commerciaux, le respect de certaines exigences en termes de durabilité notamment au niveau environnemental afin de stopper la déforestation et la dégradation des forêts à l’échelle mondiale.
Dans ses négociations actuelles, l’UE souhaite en l’occurrence imposer à la fois l’introduction d’un chapitre développement durable dans ses accords commerciaux et de faire du respect de l’accord climatique de Paris un élément essentiel de tous les futurs accords. Avec les pays concernés par l’accord du Mercosur – Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay –, la Commission attend notamment des engagements concrets du Brésil pour réduire l’impact environnemental de ses productions agricoles.
Par rapport à l’équivalence des normes de production, l’exécutif européen prévient qu’il sera intransigeant en acceptant uniquement des importations de denrées alimentaires produites selon les normes sanitaires et phytosanitaires européennes et dans le respect des règles de l’OMC (principe de non-discrimination et de proportionnalité afin d’éviter toute perturbation inutile des échanges commerciaux).
Négociations agricoles
Par ailleurs, la Commission européenne souligne que « pour rétablir la crédibilité de l’Organisation mondiale du commerce en tant que forum de négociation, il faudrait également que les membres s’attaquent aux négociations agricoles ». Et d’ajouter que « les engagements en matière de soutien interne dans le secteur agricole devraient être la priorité des négociations en raison de la multiplication des politiques et des mesures qui faussent les échanges. Pour l’avenir, l’UE est favorable à une réduction substantielle des soutiens internes distorsifs ».
À court terme, l’Institution explique que les négociations devraient se concentrer sur les questions qui ont gagné en importance durant la pandémie et pour lesquelles il existe une certaine marge de manœuvre. Et précise que « l’UE se concentrera sur les restrictions à l’exportation et les améliorations de la transparence en vue de la 12e Conférence ministérielle ».
Enfin, l’institution pointe la nécessité d’intégrer les aspects de durabilité environnementale dans les négociations agricoles ».
Des réformes axées sur le développement durable
Par ailleurs, l’UE visera aussi à rechercher l’adoption d’une première série de réformes de l’OMC axées sur le renforcement des initiatives prises par ladite Organisation au profit du développement durable et sur la mise en place de règles plus strictes afin d’éviter des distorsions de concurrence.
La Commission explique qu’elle présentera prochainement une initiative sur le commerce et le climat au sein de l’OMC qui portera à la fois sur la libéralisation de certains biens et services, la transparence (y compris sur les mesures d’ajustement aux frontières pour le carbone), le renforcement du cadre institutionnel traitant des questions de commerce et d’environnement ou encore sur l’économie circulaire y compris les plastiques.
Enfin, l’UE s’efforcera de rétablir un système de règlement des différends pleinement opérationnel, avec un organe d’appel réformé, précise le document.
L’arrivée de l’administration Biden à Washington et la récente nomination de la nigériane Ngozi Okonjo-Iweala à la tête de l’OMC permettront sûrement de contribuer à la mise en place d’une nouvelle dynamique sur le front des relations commerciales, espère-t-elle.
La Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala élue directrice générale
Par ailleurs, cette année 2021 s’ouvre par un changement significatif à la tête de l’organisation basée à Genève. Le 15 février, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala a en effet accédé au poste de directrice générale. Ancienne patronne de la Banque mondiale et ministre des Finances de son pays, elle est la première femme et la première personnalité africaine à la tête de l’institution genevoise.
À cette occasion, elle a indiqué qu’« une OMC forte est essentielle si nous voulons nous remettre pleinement et rapidement des ravages causés par la pandémie de Covid-19 ». Et d’ajouter qu’« il est possible collectivement de rendre celle-ci plus agile et mieux adaptée aux réalités d’aujourd’hui ».
En pleine crise sanitaire, celle qui prend les rênes d’une institution très affaiblie devra ainsi faire face à différents enjeux de taille, notamment le blocage de l’organe de règlement des différends par Washington qui refuse de nommer les juges de l’organe d’appel sur fonds de la rivalité commerciale entre les États-Unis et la Chine.
Les organisations et coopératives agricoles de l’UE saluent cette nomination. Elles notent que les progrès au niveau de l’OMC devraient continuer à constituer la pierre angulaire de la stratégie de négociation commerciale de l’UE en matière d’agriculture. À cette fin, nous devons promouvoir tous les aspects de la durabilité, y compris les mécanismes d’application, et étendre les avantages du commerce au niveau des exploitations agricoles ».
