Afin de mieux identifier l’origine de ce défaut, un projet de recherche ambitieux rassemblant des partenaires wallons, belges et européens a été initié par le Collège des Producteurs, en collaboration avec l’Université de Liège, le Centre wallon de recherches agronomiques, l’association wallonne des éleveurs Elevéo, des partenaires privés d’abattage et de salaison/charcuterie, l’Institut flamand de recherche pour l’Agriculture et l’Institut français du porc. Ce projet est une belle réussite d’un partenariat entre intervenants publics et privés.
Une première publication, un guide à venir
Une partie des résultats de l’étude vient d’être publiée (voir article ci-dessous), qui établissent clairement un lien entre le défaut et certains facteurs d’élevage, le sexe et la saison – effet des températures.
Les recommandations aux éleveurs et opérateurs de la filière porcine font l’objet d’un Guide « Défaut du jambon déstructuré » issu du projet, qui sera prochainement disponible et vulgarisé vers les maillons de la filière au travers de rencontres.
Le nœud du problème
Il s’agit notamment de mettre en œuvre toutes les mesures qui permettent d’optimaliser le pH final ou pHu (= pH ultime), mesuré 24 h après la mort de l’animal, l’un des principaux paramètres associé au défaut viande déstructurée.
Parmi ces mesures, la mise à jeun avant abattage est un facteur essentiel : elle limite le stress des animaux (amélioration du bien-être animal et de la qualité de la viande) lors du transport et de l’attente à l’abattoir, elle permet de réaliser un travail propre à l’abattoir (éviter les contaminations dont Salmonelles) et d’améliorer la qualité de la viande – moins de défauts PSE (Pale, Soft, Exsudative ou viande pâle, molle et exsudative), moins de viande déstructurée. Il est donc primordial que les éleveurs en comprennent tous les enjeux et soient accompagnés dans sa mise en place, de manière concertée avec l’aval de la filière.
La viande déstructurée, c’est quoi ?
Le défaut « viande déstructurée » fréquemment observé lors du désossage des jambons frais des porcs charcutiers, se caractérise au niveau de la viande fraîche, par une perte de la structure et une décoloration des muscles profonds de la cuisse. Au cours des 20 dernières années ce défaut a été étudié principalement en France, par l’IFIP.
Ce défaut constitue une préoccupation majeure pour les fabricants de jambon cuit en raison de son impact sur la qualité du produit final prétranché : on observe une cohésion moindre des tranches, la présence de trous, une structure altérée (pâteuse) et un aspect visuel inacceptable (gris/blanc), ce qui entraîne des pertes importantes dues au déclassement déjà au niveau de la viande fraîche (parage = enlèvement des zones touchées) mais également des tranches de jambons non vendables (déclassées consommateur).
Les origines du défaut des viandes déstructurées
Le défaut déstructuré s’est intensifié surtout pour les jambons supérieurs avec moins d’additifs (moins de sel, moins de phosphates). En effet ces additifs permettent d’améliorer la formation du limon lors de la fabrication du jambon (dont cuisson) et ainsi la cohésion des tranches (effet sur la solubilisation des protéines).
L’origine du défaut est multifactorielle et quelques facteurs de risque ont été identifiés par les chercheurs de l’Ifip :
– les conditions de pré-abattage, dont la mise à jeun ;
– les conditions climatiques ;
– le génotype ;
– le sexe ;
– la croissance rapide ;
– la teneur en viande maigre élevée.
La mise à jeun : un levier d’action clairement identifié et confirmé dans le projet
Bon à savoir…
La première publication des résultats du projet mené en Belgique confirme la présence du défaut déstructuré avec une ampleur élevée. Celle-ci peut s’expliquer à tout le moins partiellement par le pHu globalement faible observé durant cette étude. Le lien entre le défaut et certains facteurs élevage, sexe et saison apparaît très nettement.
Le défaut a pu être relié à une grande partie des caractéristiques de la carcasse et de la viande étudiées. L’association moindre avec les caractéristiques du jambon cuit pourrait s’expliquer en partie au moins, par la taille plus limitée de l’échantillon et par la faible variabilité du pHu. Il convient de noter que même si le pHu diminue avec la note de « déstructuration », cette association n’apparaît pas quand les données sont soumises à une analyse de régression logistique, en raison d’une forte colinéarité avec la luminosité de la viande.
… et des perspectives











