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Un regain d’intérêt

pour les chicorées frisées

et scaroles d’automne

Cultivés depuis longtemps en Wallonie, ces deux types de chicorées apportent des légumes appréciés pour leur fraîcheur et leur légère amertume. Leur emploi en quatrième gamme depuis trois décennies en a relancé l’intérêt auprès du public et donc la sélection variétale.

Temps de lecture : 8 min

Ces cultures de fin d’été viennent après une autre récolte. Les conditions météo de ces derniers mois ont amené une compaction des terrains. La décompaction est de mise avant une nouvelle implantation.

Les types variétaux

– les frisées

Les variétés de chicorées frisées sont reprises dans la classification botanique sous la variété Cichorium endivia var. crispa. Nous pouvons en cultiver plusieurs types culturaux.

– type ’Très fine maraîchère’

Ce type est aussi nommé dans certains catalogues ’Gloire de l’Exposition’. Les côtes sont très fines, le feuillage est profondément et finement découpé. Le cœur est dense, les feuilles ne sont pas ou très peu frisées. Nous cultivons à l’automne les types récents qui résistent assez bien à la montée à graines. La ’Fine de Louvier’ présente un cœur très dense et une rosette moins large. Nous la cultivons pour le marché du frais et pour la 4e gamme. Elle peut être plantée fin août ou début septembre sous tunnel maraîcher.

– type ’Wallonne’

La pomme est aplatie et ouverte, volumineuse. Les feuilles sont larges, découpées à marges dentées et frisées. Les côtes sont de largeur moyenne (1,2 cm). Ce type est bien adapté aux cultures d’automne et d’hiver, jusqu’aux premières gelées. On la cultive aussi pour la 4e gamme. Nous pouvons la planter fin août ou début septembre en plein air et mi-septembre sous abris.

– type ’Frisée de Meaux’

Les feuilles sont longues, découpées et frisées, le limbe est entier à son extrémité. La côte est large, teintée de rose à sa base. Rustique, elle résiste bien à la chaleur et la sécheresse et convient pour les cultures d’automne. Le type ’Grosse Pancalière’ est plus précoce, plus dressé, ses côtes sont roses. Plusieurs variétés sont proposées pour une plantation en plein air ou sous abris d’ici mi-septembre.

– les scaroles

Les variétés de scaroles sont reprises dans la classification botanique sous la variété Cichorium endivia var. Latifolia. Nous pouvons en cultiver plusieurs types culturaux qui dérivent des variétés classiques.

– type ’A cœur plein’

Cette scarole forme une rosette volumineuse de feuilles larges aux marges découpées, aux côtes larges et épaisses. Les feuilles intermédiaires sont bouclées et recourbées vers le centre de la pomme. Elle est productive et rustique. On la cultive en hiver, sous tunnel maraîcher. Nous trouvons des variétés vertes et des blondes. Ces dernières ont un cœur un peu moins dense, plus large, et un feuillage plus pâle. Elle convient bien pour le marché du frais et la 4ème gamme.

– type ’Grosse bouclée’

Cette scarole forme une rosette volumineuse et des feuilles larges bouclées se recourbant vers le cœur. Le cœur plein et serré blanchit facilement. Elle est adaptée à la culture de plein champ à l’automne ainsi que sous tunnel en hiver. Les variétés modernes résistent assez bien à la montée à graines. Elle convient bien pour la 4e gamme.

– type ’Batavia améliorée’

Dérivé du type ’Grosse bouclée’, cette scarole convient pour les cultures d’automne.

– type ’Géante maraîchère’

Comme son nom le suggère, cette scarole est très volumineuse. Il faut adapter les distances de plantation à 0,50 m de distance. Convient bien pour les cultures d’automne, supporte les premières gelées nocturnes.

– type ’En cornet’

Les feuilles aussi larges que longues à marge finement dentée extérieures se referment vers le cœur se disposent en vrille pour former une pomme presque conique. On trouve des semences de ’Cornette’ ou ’Cornet d’Anjou’ et des semences de ‘Béglaise’ ou ’Cornet de Bordeaux’. On peut les cultiver en automne, ces types résistent assez bien aux premières gelées.

– les variétés intermédiaires

Les variétés intermédiaires scaroles-frisées sont des obtentions récentes. Elles résistent bien à la montée à graines et aux nécroses marginales. Les feuilles sont de la taille de celles des scaroles, mais avec une découpe plus fine. ’Frida’ est un de ces types.

La culture d’automne et d’hiver

Les conditions de température et de luminosité lors de l’élevage des plants et celles attendues en fin de saison ne sont pas propices à induire rapidement la montée à graines. Par contre, le manque d’aération lors de l’élevage peut favoriser des maladies dont le botrytis et un manque de lumière peut favoriser l’étiolement des plantules.

La préparation du sol avant plantation

L’objectif est de disposer d’un sol décompacté en profondeur pour favoriser l’enracinement et finement travaillé, rassis et nivelé sans cuvettes en surface pour favoriser la reprise et prévenir les contaminations par des pathogènes du sol. Les ados en sols humides, les planches de 1,2 à 1,4 m en sols secs conviennent bien pour répondre à ces souhaits techniques.

Les rotations

Une rotation de trois ans au moins est conseillée, notamment pour limiter les risques de maladies liées au sol comme Sclerotinia et Rhizoctonia.

Plantation

La motte est enterrée aux deux tiers de sa hauteur. Un arrosage immédiat améliore le contact entre la motte et le sol.

La densité de plantation est de 5 à 8 plants/m² en plein air et 8 à 12 plants /m² sous tunnel maraîcher. Les densités de plantation sont plus faibles en été pour s’adapter aux plus grands volumes des pommes. Elles varient selon la variété.

Paillage du sol

Le paillage plastique du sol est coûteux et problématique à éliminer, mais il permet de réduire les risques de pourriture du collet, de rhizoctone et d’améliorer la propreté du légume. Il permet également une maîtrise de l’enherbement.

Les paillages en carton donnent de bons résultats tout en épargnant la difficulté liée au ramassage des films plastiques.

Les voiles de forçage protègent aussi les plantes de l’évaporation si le temps redevenait ensoleillé et protègent le sol des risques de battance. Ils peuvent rester quelques semaines en place.

L’irrigation et le bassinage

Les apports d’eau sont très importants pour les frisées et les scaroles. Nous utilisons généralement les asperseurs. Leur usage régulier dans le temps doit permettre d’éviter le tip burn et les pertes de rendement, tout en concourant à limiter la montaison.

Les premiers arrosages sont destinés à assurer la reprise après la plantation. Ils sont ensuite moins fréquents durant les semaines d’enracinement, jusqu’au stade 10 feuilles. Ils redeviennent ensuite fréquents jusqu’à la récolte. L’emploi de deux tensiomètres placés à 15 et 30 cm de profondeur permet de piloter les irrigations. Nous pouvons arroser dès le dépassement de 15 cb (centibar) à 15 cm de profondeur durant la phase de reprise après plantation. Ensuite, nous pouvons nous baser sur un déclenchement à 30 cb à 30cm cm de profondeur.

Le bassinage consiste à maintenir la plante humide en permanence durant les heures les plus chaudes de la journée. Ils visent la prévention de la nécrose de la couronne intermédiaire, physiologiquement en lien avec un manque de mobilité du calcium dans la plante. Les asperseurs sont mis en fonctionnement brièvement mais de manière répétée durant la journée pour apporter 0,2 à 0,4 mm par action. Le bassinage démarre à la moitié de la période de culture et se poursuit jusqu’à la récolte. Exceptionnellement, par journée très chaude le rythme peut augmenter jusqu’à une dizaine d’interventions par jour. Dans ce cas, nous démarrons la première action vers 9h30 du matin et agissons jusque 17h. On évite d’arroser ensuite pour que les plantes se ressuient pour la nuit. Les brumisateurs ou arroseurs sont les mêmes que ceux qui servent à l’irrigation classique.

Le blanchiment

L’objectif du blanchiment est d’obtenir au moins un tiers de blanc en frisées pour le marché du frais, davantage pour la 4e gamme. L’opération consiste à priver le cœur de la chicorée de luminosité. Les feuilles et parties de feuilles concernées jaunissent et blanchissent en quelques jours : 6 jours en fin d’année. Cette opération comporte d’importants risques de pourritures par manque d’aération. Il convient d’opérer de préférence sur des plantes sèches.

Certaines variétés blanchissent facilement et une densité de plantation un peu élevée suffit à faire se refermer la pomme. Le pot de terre est la technique traditionnelle de nos régions, avec l’inconvénient de la charge des manipulations et du bris des poteries ; les variétés nouvelles nous en dispensent souvent. Il est souvent remplacé par le lien élastique placé et enlevé à la main. Les bâches plastiques de couverture donnent des résultats variables dépendant de l’humidité naturelle du site.

La récolte

Les récolteuses mécaniques ne sont utilisables que dans les très grandes entreprises spécialisées.

La récolte manuelle est la plus fréquente chez nous. Elle demande une heure au moins par 10 m² de culture, parage, rangement des pots et encaissage compris. C’est un ordre de grandeur dépendant de l’organisation du chantier. Ce rendement est moins bon en automne lorsque les plantes sont humides. Selon l’époque de l’année, le poids souhaité par chicorée est différent. En début de saison, le poids de 350g peut convenir pour emplir 10 unités dans une caisse EPS médium. Le poids souhaité passe ensuite de 450 à 850 ou 1.000 g destiné à être présenté à raison de 8 ou 6 pièces en caisses EPS hautes.

Rapidement après la récolte, les chicorées sont rincées à l’eau très fraîche et entreposées dans les caisses à 1ºC.

Maladies et ravageurs

– Sclerotinia et Botrytis

Sclerotinia est le plus souvent en cause, notamment S. minor. Ces champignons s’attaquent au collet, la plante flétrit et meurt.

Botrytis progressent via les feuilles sénescentes et atteint les nervures principales des autres feuilles.

La lutte préventive avec les antagonistes donne de bons résultats. Les fongicides sont d’autres solutions (voir fytoweb.be).

– Bactérioses

Plusieurs bactéries peuvent s’étendre sur les pommes de chicorées. Le plus souvent, elles sont des infections secondaires après une autre attaque de maladie voire de ravageurs.

– Oïdium

Erysiphe cichoracearum se propage au départ de foyers dans la parcelle ou depuis des plantes sauvages de la famille des Astéracées.

F.

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